La destruction de certaines, la menace pour toutes
La Brique a trifouillé les bas-fonds de la société patriarcale. Elle publie aujourd’hui sur le net son enquête : « Silence on viole ».
La Brique a trifouillé les bas-fonds de la société patriarcale. Elle publie aujourd’hui sur le net son enquête : « Silence on viole ».
Poches pleines et tuyaux percés
Donc : on est encore là. Lecteurs, lectrices, potes, asso et mamies, on vous remercie. Cette 31ème Brique est sortie. On n’a pas attendu que les derniers euros nécessaires arrivent pour vous faire part de nos impatiences. À commencer par cette perspective en guise d’édito.
La Brique publie aujourd’hui un appel à souscription, forcée de constater que les dernières soirées de soutien ne lui ont pas permis de rentrer dans ses frais. Concrètement, notre vilain petit canard a besoin de 3000 euros pour poursuivre ses activités.
La Brique, c’est de la bonne. Tous les deux mois, pour deux euros, vous avez 65 grammes de critique sociale bien servie, emballée dans seize pages noir et blanc, garanties sans OGM ni Bisphénol A. Livrée à domicile, directement du producteur au consommateur. Alors ce serait dommage de s’en priver. Aujourd’hui, le canard a (vraiment – vraiment) besoin de thunes pour continuer à dealer ses enquêtes cultivées localement par une dizaine d’artisans-journalistes. Concrètement, 3000 euros ça représente l’impression de deux numéros.
La Brique, trentième !
Coups de sang, coups de tonnerre, coups de blues ; La Brique s’aime, se déchire, déçoit, réjouit... Dans les ressorts de ses positions politiques, de ses affinités, de ses (non-)agissements. Il y a eu tous ces derniers mois des coups de grisou dans les mines de notre canard.
Mais pour qui bosse la gauche ?On l’avait quittée en pleine campagne d’auto-promo sur son bilan municipal, on la retrouve, à la radio, dans les journaux, à la télé, en lice pour le Saint-Graal élyséen. Au petit jeu de la bataille d’opinions, Martine Aubry avance ses billes. Méthode garantie en laboratoire.
Pour quoi nous prend-on ?
Vous n’avez pas pu rater la campagne d’auto-promotion presque soviétique de la mairie de Lille et de son bilan mi-mandat. 125 000 magazines en quadrichromie et papier recyclé, un site internet, des shows municipaux dans chaque quartier, et des centaines de placards publicitaires sont venus combler notre temps de cerveau disponible à l’aide de ce message : « Nous l’avions dit, nous l’avons fait. Continuons ! » Face à ce martèlement, plutôt que de relever point par point chaque éventuel petit mensonge, demandons-nous de quoi cette machinerie marketing est le nom.
La chasse aux canards
Les derniers temps la presse indépendante se retrouve en justice. À Marseille, CQFD est attaqué par une boîte matrimoniale (1). À Amiens, c’est Fakir qui est menacé par le groupe Casino (2). À Chambéry, le parquet s’acharne contre La Voix des Allobroges (3).
A qui le tour ?
Ça n’en finit pas, et c’est tant mieux. Jour après jour, le Maghreb et le Moyen-Orient s’enflamment davantage. À coups de pieds au cul, les Tunisiens ont viré Ben Ali. Plusieurs semaines d’occupation de la rue, de manifestations de masse et d’affrontements violents ont été nécessaires. Après trois semaines de siège de la capitale, le peuple Égyptien vire Moubarak.
Douce apocalypse
En cette fin d’année 2010, La Brique a plongé dans les caniveaux et dépotoirs de la grande industrie. Celle de l’énergie, indispensable pour se chauffer, vivre la nuit, se connecter à des réseaux sociaux, s’oublier des heures au téléphone et user de tous ces gadgets qui parviennent péniblement à nous faire oublier que nous n’en avons pas besoin. Celle de l’électricité devant justifier le pillage de pays qui n’ont même pas l’éclairage et qui déverse des flots d’immondices toxiques pour satisfaire des « besoins » imposés en millions de « mégawatts ».
La Brique n’est pas...
Entre deux circulaires sur les roms, les expulsions de sans pap’, le massacre de nos conquêtes sociales, la répression des lycéens, il était temps qu’elle arrive cette Brique ! C’est vrai qu’on a « un peu » trainé mais rassurez – ou désolez-vous, on débarque en pleine forme. Et on espère encore tout péter cette année, malgré nos déboires de trésorerie. Déboires ne voulant pas dire qu’on s’acharne à picoler chaque abonnement.
À l’arrache, comme chaque fois. Le bouclage du numéro se fait dans un bordel qu’on s’efforce de maintenir « joyeux ». Textes et images éparpillés, à terminer, à retoucher, à débattre. Le foutoir habituel... Où est le numéro de Max ? Et la une, on a perdu le dessin !? C’est quoi ce café décaféiné ? Où en est Alice sur son crobar ? Et la mère à Manu, elle peut relire les textes ? Qui fait les pâtes ? Et merde, on a zappé l’édito ! Voici qu’on se met à écrire ces quelques lignes...
Une fois n’est pas coutume, La Brique parle de « logement » sans « dézinguer » tous azimuts. Pas facile de s’y retrouver dans tous les types d’habitats coopératifs. C’est un peu comme la bière sans alcool, au début ça paraît tout beau, mais l’ivresse n’est pas toujours au rendez-vous.
Premier mai 1851. Londres célèbre l’inauguration de la première exposition universelle. L’Angleterre est alors la puissance industrielle et commerciale par excellence, et cette exposition l’occasion de le révéler au reste du monde. C’est « le jour le plus grand de notre histoire », écrit la reine Victoria à son oncle. Dans la ville, 6000 flics et l’armée sont prêts à intervenir. Au cas où l’« underworld » s’immiscerait dans la fête.
Brûler les agendas
Sans doute aurez-vous remarqué comme une « couille » dans le calendrier de La Brique. Comme son absence – pesante, il est vrai – pendant le mois de février. Eh bien sachez – nous pouvons l’avouer à présent – que nous avons ouvertement « séché ». On assume, de la même façon que nous avons assumé par le passé l’école buissonnière, les retards à répétition au boulot et, en définitive, les congés ILLIMITÉS.
Un camarade nous a raconté l’histoire récente d’un instituteur qui s’est battu pour régulariser un sans-papiers. Un élève de CM2. Avec d’autres, il a fait des pieds et des mains pour arracher son autorisation à vivre en France. Quand les flics sont venus dans son école pour embarquer le gamin, il leur a dit qu’il n’était pas là. Il l’a caché chez lui. Au bout de quelques mois, le petit et sa famille ont eu les papiers. Une histoire, parmi des milliers d’autres. Qui prouve, s’il le fallait encore, qu’à un moment il faut savoir prendre des risques, aller contre la loi, se mettre en danger, bousculer, s’énerver, faire l’exact opposé de ce que l’on attend de nous.
La Ville de Lille...
La Brique y consacre souvent de nombreuses pages. C’est pas par mauvaise volonté... Mais la liste de griefs à adresser à ses pères fouettards, par trop prioritaire, est aussi interminable qu’une crise financière. Qu’on décline les formes de sa nature bourgeoise, policière et bureaucratique ; que nos plumes pointent les « élites », ces ploucs, qui s’y complaisent... Dur de se retenir. On s’acharne, c’est vrai, mais non sans quelques raisons qu’on ne peut raisonnablement, et très « civiquement » pas garder pour nous. C’est cadeau : on vous les offre, sur un plateau. Bonne digestion.
Prêts ? Action !
Un édito ? Mais dans quel but ? Pour quoi faire ? C’est fini, y a plus rien à éditer. La clé sous la porte, La Brique à la flotte. Plouf. Trois ans, c’était bien. C’était sympa. Quand on a commencé cette aventure, avec toi en ligne de mire, cher lecteur, chère lectrice, on était loin de se douter que... Biiip. Non. Stop.
Calais est un territoire privilégié pour les forces de l’ordre qui peuvent se lâcher sur les migrant-es. On le savait, mais on ne s’attendait quand même pas à ça : durant le camp no border, le déploiement policier a été complètement démesuré. Imaginez donc : 2500 flics, la police montée, un hélico, des flics postés en « snipers » (avec caméras) pendant le défilé, canons à eau... pour un camping de 500 personnes et une manif.
Martine Aubry a bien raison de fêter les vingt ans de la chute du mur avec lille3000. En 1992, elle faisait la danse du scalp le soir d’une victoire étriquée au référendum de Maastricht. Deux articles de ce Traité contiennent l’essence des politiques communautaires avec laquelle on a cramé l’Europe de l’Ouest pour bâtir l’Europe forteresse d’aujourd’hui.
« La démocratie pour Aubry, c’est ce qui vient d’en haut et qu’on doit accepter ». Cette remarque qu’un commerçant lillois a osé faire à La Brique, illustre bien ce qui ressort des entretiens que nous menons depuis deux ans.
Avec une « démocratie participative » de façade et des déclarations émouvantes, il est possible de faire gober n’importe quelles décisions politiques. Des décisions qui se veulent « populaires » devant les caméras, mais qui émanent quasi systématiquement des intérêts d’une poignée de puissants. Patron-nes et élu-es. Dans notre métropole, l’économie, la culture et l’information sont aux mains d’une oligarchie [1]. Depuis longtemps, certes. Mais un monopole ne dort jamais.
« L’Europe XXL est une façon de dire que nous devons nous ouvrir vers les autres. »* M. Aubry
Vendredi 6 mars, des embouteillages bloquent l’entrée de Lille par la Porte de Valenciennes : la police expulse les Roms qui squattent depuis plusieurs mois. À peine sont-ils chassés que des plots en béton sont posés afin d’empêcher toute réinstallation. C’est qu’il ne faudrait pas dégoûter le chaland pour la grande cérémonie culturelle qui s’ouvre une semaine plus tard ?! La deuxième édition de Lille 3000 nous impose cette année une Europe XXL, avec pour slogan « En route vers l’Est ! » Les organisateurs (mairie et mécénat privé) manient l’ironie aussi bien que le carnet de chèques (budget de 9 millions d’euros).