Edito N°29 - Les vieux aux encombrants ?

numero29

Mais pour qui bosse la gauche ?On l’avait quittée en pleine campagne d’auto-promo sur son bilan municipal, on la retrouve, à la radio, dans les journaux, à la télé, en lice pour le Saint-Graal élyséen. Au petit jeu de la bataille d’opinions, Martine Aubry avance ses billes. Méthode garantie en laboratoire.

 

N ous sommes le week end de la braderie. Alors que sur les transistors la candidate aux primaires socialistes répond aux questions révérencieuses de Stéphane Bern, trois jeunes gens déboulent au stand de La Brique. « Bonjour, on va vous demander de ranger les boissons et de signer ce procès-verbal ». On ne comprend pas très bien. « Vous êtes qui exactement ? » « Des agents de police, et vous venez de contrevenir au règlement municipal en vendant de l’alcool sur votre stand. Si vous n’obtempérez pas, nous allons procéder à la destruction de la marchandise. Vous étiez au courant ? »

On avait entendu des choses… Comme quoi la vente d’alcool serait interdite à partir de 15h le samedi. Les arrêtés anti-alcool, on commence à y être habitués. Comme du reste aux policiers en civil, à la police montée, à l’hélicoptère de la gendarmerie bourdonnant au-dessus de nos têtes au moindre prétexte. Pas de doute, le laboratoire, c’est nous.

À Marseille, tentant de damer le pion à l’infâme Guéant, Aubry déclarait cet été : « La police a besoin d’être revalorisée […] la droite a baissé les bras à Marseille comme ailleurs ». On flippe sec. Surtout quand elle propose de rétablir les 10 700 postes de flics disparus à la faveur de la RGPP [1]. Mais qui se sent réellement en sécurité au contact de la police ? Autrement dit, pour qui travaille réellement Martine Aubry ? Sûrement pas ceux et celles que les flics discriminent à longueur de temps, transformant la moindre remarque en « outrage  », la moindre protestation en « rébellion », encore moins ceux et celles qui subissent quotidiennement les contrôles au faciès, les provocations et l’occupation policière rue Jules Guesde ou dans les quartiers « périphériques » de la métropole. À l’heure où le site internet « Copwatching Nord île de France » [2] défraie la chronique en soulignant les accointances de certains flics avec les groupuscules d’extrême droite et leurs « bavures  » quotidiennes, c’est 400 cowboys de plus qu’Aubry veut lâcher sur la ville.

Ce qu’il y a peut-être de plus triste, c’est qu’à gauche, quand on parle de « sécurité », il ne s’agit plus de faire en sorte que chacun d’entre nous soit à l’abri des contrats précaires, des banquiers, des huissiers ou des propriétaires affables. En somme, d’œuvrer à plus de justice sociale. Il ne s’agit pas non plus de combattre les violences racistes et sexistes qui s’expriment dans les rangs de la police et au Parti Socialiste. Comme à droite et à l’extrême droite, il s’agit de sécurité « tout court ». Comprendre : de flicaille, de patrouilles et de peines de prisons. Droite, gauche, même combat, au service de l’Ordre…

Notes

[1Révision générale des politiques publiques.

Rechercher

logo jemabonne

En brèves

  • Quand l’extrême droite rêve de faire école

    Dans « Quand l’extrême droite rêve de faire école, une bataille culturelle et sociale » publié en novembre 2023, Grégory Chambat, enseignant dans un collège des Yvelines et engagé chez SUD éducation, rappelle les desseins fascisants et autoritaires de l’extrême droite pour l’école. Une vision...

    Lire la suite...

  • Mort de Samba : le prétexte de la folie ?

    D’après des proches, Samba était arrivé en France un an plus tôt, suite à de « brillantes études » au Sénégal, il avait trouvé un emploi de testeur QA1 pour une entreprise d’informatique. Suite à sa mort le 13 mars 2024, une source policière a déclaré que le jeune informaticien avait perdu son...

    Lire la suite...

  • « Nos droits fondamentaux sont bafoués ! »

    Vendredi 12 avril 2024, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant le siège de la MEL à l’appel de l’association Da So Vas. Portée par un collectif de femmes, l’association réclame qu’on respecte les droits et la dignité des « gens du voyage ». C’est dans ce sens que plusieurs...

    Lire la suite...

  • Copinage (peu) éhonté ! Éric Louis « Mes trente (peu) glorieuses ».

    « Salut les copains-pines de la Brique. Encore un livre ! Et oué, entre deux journées d'usine je m'emmerde. J'espère que cet envoi gracieux me vaudra une putain de pub ! Je sais, je suis un crevard. -Éric- » C'est donc par ces mots de crevard qu'Éric Louis nous a gentiment dédicacé son nouveau livre...

    Lire la suite...

  • Another brique in the wall

    Roger Waters, chanteur, bassiste et co-fondateur du groupe Pink Floyd, performait au stade Pierre Mauroy pour un concert XXL aux airs de meeting politique, le 12 mai 2023. Entre deux classiques, le rockeur de 79 ans ne s’est pas ménagé pour balancer des pains à tour de bras, comme il l’a fait...

    Lire la suite...