Edito N° 30 - Carlton, une affaire de classe

numero30La Brique, trentième !

Coups de sang, coups de tonnerre, coups de blues ; La Brique s’aime, se déchire, déçoit, réjouit... Dans les ressorts de ses positions politiques, de ses affinités, de ses (non-)agissements. Il y a eu tous ces derniers mois des coups de grisou dans les mines de notre canard.

 

Notre innocence s’est envolée pour laisser place à une gravité, « quelque chose de noir ». Encore plus noir que la « sinistrose » qu’on nous reproche parfois, à tremper nos plumes dans une critique acide, sans pub, sans pitié.

La Brique s’est toujours dit qu’elle voulait faire de l’enquête et de l’info : relayer ce qui se passe, démonter la mécanique du monde qui nous entoure, donner la parole à ceux et celles qu’on n’entend pas, ne pas parler uniquement de ce qui nous concerne, être un écho de différentes luttes... Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et nous ne sommes pas toujours à la hauteur de notre ligne éditoriale ; des fois même, on en est loin. Alors très logiquement on a pris des claques, des coups de pieds au cul. Nous sommes aujourd’hui pétri-es de questions qu’on n’aurait pas pu soulever sans de nombreuses personnes de nos entourages, sans des erreurs parfois irrattrapables ; à se croire exempt-es de certains comportements dominants, bourgeois, qu’on dénonce par ailleurs.

Si nous ne pourrons pas briser tous les cercles qui nous enferment, pris-es par la folie de cette société, nous pourrons toujours tenter de faire face, ensemble, aux questions douloureuses. Dans la violence de son époque, La Brique a choisi son camp, ses armes. Elle tient sa barricade entre un pouvoir élitiste (d’hommes et de Blancs) asservi à l’économie, au carriérisme, et une presse caniveau. C’est en luttant chaque jour contre l’ennemi en nous, et hors de nous que nous pouvons espérer rompre les mécanismes d’oppression et de domination qui touchent chacun-e (in)différemment.

Ça doit être la crise de la trentième. Un agrégat parfois gauche et violent d’idées et de personnalités... Alors est-ce que ça ne sentirait pas un peu le coup de vieux tout ça ? C’est bien possible. Et on espère que ces questions vous touchent aussi. Pour autant ne vous en faites pas trop pour nous : on n’a pas perdu nos canines, ni notre verve. On n’oublie pas les coups et conséquences du 14 janvier dernier [1]. On n’oublie pas Frédérick Lecluyse, qu’on ne remerciera pas d’avoir privé le tribunal d’un procès contre toutes les formes de racisme. On n’oublie pas le carnet d’adresses de Dodo la Saumure : flics, patrons, juges, avocats, journalistes, élus ; cette odeur de cigare, d’alcool et de prostitution, qui souffle jusque sur le conseil municipal lillois. On n’oublie pas les pouvoirs et les institutions qu’on ne veut pas réformer mais envoyer en l’air.

Le collectif de La Brique.

Notes

[1« Communiqué de La Brique à propos de la soirée de La Brique au CCL », La Brique n°25, « Pas de justice, pas de paix », La Brique n°28.

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