Mort de Samba : le prétexte de la folie ?

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D’après des proches, Samba était arrivé en France un an plus tôt, suite à de « brillantes études » au Sénégal, il avait trouvé un emploi de testeur QA1 pour une entreprise d’informatique. Suite à sa mort le 13 mars 2024, une source policière a déclaré que le jeune informaticien avait perdu son travail quelques jours auparavant, et que ça l’aurait déstabilisé psychologiquement. En tout cas, cette version est reprise dès le lendemain par des médias locaux (France 3 Régions, VDN, NordLittoral..) sans que l’information ne semble avoir été réellement vérifiée auprès de son employeur.

D’ailleurs, la famille de Samba réfute cette théorie, précisant qu’il n’a jamais eu de problème psychologique auparavant, ni aucun signe de dépression. Un membre de sa famille, relayé par plusieurs sites internet au Sénégal, déclare même qu’ils l’avaient eu au téléphone la veille et qu’il avait envoyé des cadeaux à son père récemment, une tradition du Sénégal pendant le Ramadan. Pour lui, cela ne correspond pas au comportement d’une personne tourmentée.

Cette nuit-là, les flics auraient été appelés pour du bruit dans l’appartement qu’il partageait avec 3 autres personnes, il se serait mis à hurler et à menacer ses colocataires avec un couteau. La police intervient et la BAC arrive en renfort. Les policiers ont déclaré qu’ils avaient utilisé un taser puis un LBD (flashball) pour le neutraliser, sans résultat. Samba se serait alors « déplacé » vers les flics et ceux-ci ont tiré 5 coups de feu dont 3 qui l’ont touché. Comment expliquer que 5 ou 6 policiers ne soient pas capable d’interpeler une personne, même équipée d’un couteau, sans la mettre à mort ?

En croisant les différents articles publiés dans la presse, il est très difficile de se représenter les faits, tant les récits paraissent confus. Tout est fait pour présenter Samba comme extrêmement menaçant. Ainsi, ses colocs se seraient réfugiés dans leur chambre au moment de la crise et l’un d’eux aurait descendu les 6 étages en passant par les balcons (?!). Où étaient-ils dans ce cas au moment de l’intervention de la police ? Pareil pour l’arme qu’aurait brandi Samba, tantôt c’est un couteau « de boucher », une autre fois, un journaliste affirme qu’il aurait eu 2 couteaux dans les mains au moment de « se jeter » sur les policiers.

Enfin, une photo de l’appartement après le drame à été publiée sur le site de France 3 Hauts-de-France, censée montrer la violence des faits qui se sont déroulés. On constate effectivement qu’une porte à l’intérieur de l’appartement a été défoncée, mais rien ne prouve que ce ne sont pas les policiers qui en sont responsables. Et Julien Soir du syndicat policier Alliance de préciser que « ce monsieur avait visiblement perdu son travail. » Sérieusement ? Les policiers ont donc des super-pouvoirs qui leur permettent de voir en un clin d’oeil si une personne a perdu son travail ? De même que, sans avoir fait les études nécessaires, ils sont capables de déterminer si une personne fait « une crise psychotique » !

Une enquête a néanmoins été ouverte et un avocat représente la famille de Samba auprès du parquet de Lille. Cela pourrait permettre de connaître le contenu des vidéos prises par les caméras piétons des agents de police et peut-être de comprendre plus précisément les circonstances qui ont mené à la mort de Samba.

La Brique

 

1. informaticien qui contrôle les bugs

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