Edito N°21 - Un "socialiste" ca trompe énormément

numero21Brûler les agendas

Sans doute aurez-vous remarqué comme une « couille » dans le calendrier de La Brique. Comme son absence – pesante, il est vrai – pendant le mois de février. Eh bien sachez – nous pouvons l’avouer à présent – que nous avons ouvertement « séché ». On assume, de la même façon que nous avons assumé par le passé l’école buissonnière, les retards à répétition au boulot et, en définitive, les congés ILLIMITÉS.

Car vous savez, nous – les révolutionnaires frénétiques, quoi –, s’il y a une contrainte qu’on ferait bien sauter, c’est assurément celle du « calendrier ». De même que le planning, les horaires, les cinq semaines de congés payés à répartir soigneusement sur douze mois, les rendez-vous à noter dans un « agenda », eh bien tout cela nous emmerde profondément. Malgré les apparences.

Mais par contre, n’abusons pas, nous comprenons fort bien que concevoir un « calendrier » peut être parfois très stimulant. C’est vrai, certains le prennent du bon côté. Et ne s’en cachent pas. L’autre jour, c’était au tour des barons voleurs – qu’on appelle par ailleurs « partenaires sociaux » – de se réunir autour du président de la République, lors d’une garden party pour fixer un « agenda social 2010 ». « La réception était exquise », confiera un représentant de l’aristocratie ouvrière. « Le palais de l’Élysée est toujours si chaleureux », dira un grand propriétaire. A n’en point douter, le « sommet social » du 15 février dernier a fait sensation dans le monde.

Le « dialogue social »

Lors du débat – euh non, on ne débat pas entre gens de bonne famille, on « dialogue »… Lors du « dialogue social » donc, François, pour la CFDT, s’adressa à Nicolas :Retour ligne automatique
« Monsieur Le Président de La République Française, nous, les partenaires sociaux, nous voudrions organiser une grande journée de grève interprofessionnelle, comme chaque année, et, euh… comment dire, euh… voilà, nous aurions voulu savoir si nous pouvions faire cela fin février…

– Ça, sûrement pas, l’interrompit Bernard, pour la CGT. Fin février, c’est les JO, François. Pas de grève pendant les JO, tu le sais. La CGT propose fin mars…

– Fin février ou fin mars, s’irrita René pour la FO, c’est kif-kif bourricot, les gars. La FO en a assez des grèves et des manifestations. Alors cette année, ça sera sans nous.

– Calmez-vous, calmez-vous, les enfants, reprit le président, allons. Je pense que nous allons pouvoir libérer un créneau pour votre défilé, mais attention, une journée pas plus, hein… hum, attendez, laissez-moi voir … oui, là, le 23 mars, c’est parfait. Ça irait pour toi, Laurence [Parisot ndlr] ? [Celle-ci acquiesce en sourcillant]… Bon très bien, le 23, ça va à tout le monde ?

– Oh oui, Monsieur, répondit Bernard. C’est très gentil de votre part, Monsieur. »

Voici, en substance, comment se décide le sort de millions de personnes, sans élever la moindre révolte. Quand on vous dit qu’un calendrier ça nous emmerde, c’est bien parce qu’il est un instrument de pouvoir. Décisif. A cause de lui, au soir du 23 mars, il faudra attendre l’année suivante pour être autorisé à marcher dans les rues, unis et solidaires.

A moins que ?

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