Calais est un territoire privilégié pour les forces de l’ordre qui peuvent se lâcher sur les migrant-es. On le savait, mais on ne s’attendait quand même pas à ça : durant le camp no border, le déploiement policier a été complètement démesuré. Imaginez donc : 2500 flics, la police montée, un hélico, des flics postés en « snipers » (avec caméras) pendant le défilé, canons à eau... pour un camping de 500 personnes et une manif.
Au-delà du coût financier (on parle d’une dizaine de millions d’euros), l’État a envoyé un message on ne peut plus clair à la population : l’ennemi intérieur, ou extérieur, ne passera pas. Bien aidé dans leur propagande par les médias locaux, les autorités se sont payées un entraînement grandeur nature à la guerre urbaine, la « cité des bourgeois » étant en état de siège. En bonus, un repérage en bonne et due forme de tous les lieux squattés par les migrants.
Que penser, dans une « démocratie », d’une ville où la liberté de circulation est restreinte (accès limité au centre, contrôle au faciès) ? Que penser de ces fonctionnaires zélés qui viennent retirer des affiches no border sur les vitrines de certains commerces ? Que penser, enfin, des infiltrations, par la police, de groupes militants comme le Centre Culturel Libertaire ? Rien de très nouveau sous le soleil, diront certain-es.
Ça fait un ptit moment, depuis qu’on édite ce canard, qu’on vous met en garde contre les dérives sécuritaires. Et ce n’est pas Jean-Claude Lenoir, vice-président de l’association d’aide aux réfugiés Salam, qui nous contredira. Déjà « en sursis », celui-ci est passé en procès le 23 juin pour « outrage à CRS ». Verdict le 21 juillet. Ce n’est pas non plus « Zetkin », activiste qui informe depuis des années sur les exactions policières à Calais (via Indymedia Lille) et dont le procès a été reporté au 6 octobre, qui ne corroborera pas à cette version (voir ici). Ni la vingtaine de gardé-es à vue suite au blocage du CRA de Lesquin. Ni les cinq personnes qui passeront en procès en novembre 2009 suite à des interpellations pendant le no border.
Calais n’a pas l’apanage de la foudre d’Etat. La question qui se pose n’est pas tant celle de la criminilisation des militant-es (cf. Strasbourg) ou des classes populaires (cf Villiers-le-Bel) mais bien celle de l’étouffement de toute idée contestataire au nom d’une démocratie qui se voudrait pacifiée.
Face à tout ça, savoir comment lutter et résister devient essentiel. On peut opposer la force à la force, comme les black blocks. On peut assurer sa propre information, comme l’a pu faire le camp no border avec son journal Nomade. On peut aussi résister en mettant un peu de poésie. On peut se positionner du côté sensible des choses face aux gestions froides des technocraties modernes. À vous de dessiner les pistes que nous nous ferons un plaisir de relayer.
Le collectif de rédaction