Europe - Circulez, y a tout à voir !
Martine Aubry a bien raison de fêter les vingt ans de la chute du mur avec lille3000. En 1992, elle faisait la danse du scalp le soir d’une victoire étriquée au référendum de Maastricht. Deux articles de ce Traité contiennent l’essence des politiques communautaires avec laquelle on a cramé l’Europe de l’Ouest pour bâtir l’Europe forteresse d’aujourd’hui.
Art. 3 « Un marché intérieur caractérisé par l’abolition, entre les États membres, des obstacles à la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux »
D’un coup d’un seul, les frontières n’étaient plus et devenaient invisibles (sic). Pour assurer la libre circulation des riches européen-nes et des marchandises, il a fallu des transports. Beaucoup de transports. L’Europe moderne est mobile, rapide et fluide comme votre ligne ADSL. À coups de « multimodalité », les pouvoirs publics se servent des transports pour structurer et façonner le nouvel ordre territorial. Et comme il faut rentabiliser ce qu’on aurait appelé jadis des transports publics, il est fait appel de plus en plus au secteur marchand. Qui rentabilise contrôle votre porte-monnaie et vos déplacements.
Art. 8 « Il est institué une citoyenneté européenne »
Si certaines frontières économiques peuvent se masquer (à coups de mesures protectionnistes et de normes sanitaires par exemple), d’autres, plus politiques, ne cessent de se renforcer. Dernier exemple en date le 19 mai, quand Eric Besson, Ministre du Drapeau et des Rafles, s’accorde avec son homologue belge Annemie Turtelboom pour renforcer les politiques de répression des étranger-es en situation irrégulière. Dans un communiqué laconique, ils annoncent un « renforcement de la coordination entre les polices » et de « la coopération opérationnelle ». On vous laisse imaginer la suite, dans les geôles de rétention.
Désormais, l’attention policière se portera davantage vers les transports et plus particulièrement sur les axes autoroutiers de la Manche et de la Mer du Nord et dans les TGV (Lille-Bruxelles et Paris-Bruxelles), notamment dans le Thalys et surtout l’Eurostar où il te faut ton passeport, en venant de Bruxelles, pour sortir du quai et entrer « dans » « Lille Europe ».
Créer un citoyen européen donnait ainsi naissance… au non-citoyen, figure moderne de l’étranger barbare. Quel progrès, en 2500 ans, depuis la démocratie athénienne et sa citoyenneté restrictive ! Afin de créer un sentiment identitaire, les eurocrates ont divisé nos sociétés entre « sans » et « avec » (droits, papiers…). Cette identité se construit sur le dos des « boucs émissaires » non-européens, donc des pays pauvres du reste du monde. On avait dit qu’on ferait deux lignes sur les élections européennes, l’abstention, le foutage de gueule qui a fait suite au fameux référendum. Voilà, c’est fait.
Le collectif de rédaction