On a vu ce patronat de la grande distribution ou du textile, des mines ou de l’automobile nous réduire à l’état de « ressources humaines », « variables d’ajustement » de leurs profits. On a laissé ces techniciens du désastre nous rationaliser et nous évaluer, domestiquer la nature, bousiller nos paysages et notre santé. On a vu ces flics et ces militaires nous réduire au silence. On a laissé leurs porte-voix noyer toutes ces oppressions dans un flot continu de bonnes nouvelles et de faits divers décérébrants. Et on a regardé cette gauche du Nord et d’ailleurs tuer dans l’œuf nos rêves d’émancipation.
Il y a deux ans maintenant, nous jetions notre première Brique en direction de toutes ces têtes de gondole. Sans étude de « marché », et malgré l’abondance d’éditos annonçant la mort prochaine de la presse écrite, nous nous lancions à l’aveuglette dans ce journal, qui, depuis, grâce à vous, survit et s’envole.
Aujourd’hui notre histoire s’accélère. La Brique devient mensuelle. On pourrait dire : que du bonheur ! Mais... ce n’est pas aussi simple.
Inquiet-es ? Nous le sommes peut-être. Davantage d’efforts pour nos stagiaires exploités, de rigueur pour nos intérimaires dociles et de congés pour notre rédac’ chef seront nécessaires. Quoi ?! Vaste blague ! Notre fréquence change mais nos principes restent les mêmes : collectifset horizontaux ! Bénévole, insoumis et noyé dans la marre médiatique de La Voix du Nord, notre équipe n’aura pas la tâche aisée. Le – génialissime – poster que nous avons concocté en dernière page pour l’occasion illustre très bien la situation.
Nous ne lâcherons rien, car le bouillonnement social actuel mérite mieux que les accusations de terrorisme, les gaz lacrymos, les fichages, le GIPN ou le mépris des gens de pouvoir. Et les articles formatés de la presse bourgeoise.
Face à ce mur, des interstices restent là, à attendre qu’on s’y engouffre avec délice et détermination. Des brèches sont à ouvrir sans cesse. Dans notre rue, notre boîte, notre fac ou notre cuisine, du politique se cache. Ne le désertons pas, investissons le ensemble... On se revoit dans un mois !
Le collectif de rédaction