Poches pleines et tuyaux percés
Donc : on est encore là. Lecteurs, lectrices, potes, asso et mamies, on vous remercie. Cette 31ème Brique est sortie. On n’a pas attendu que les derniers euros nécessaires arrivent pour vous faire part de nos impatiences. À commencer par cette perspective en guise d’édito.
Il est des boîtes où il est de plus en plus dur de s’organiser, syndicalement ou non, pour faire plier la direction. On l’a vu pendant les retraites. On le voit à chaque « mouvement social », chaque « journée d’actions ». La faute à la précarité, à la menace du chômage, à l’endettement, à l’atomisation et à l’individualisme, au management et à l’automatisation, peut-être... Et c’est toute une classe, dans l’industrie des services par exemple, qui est obligée de se résoudre à l’inaction.
Ailleurs (ou non), des projets « top secret » ravageurs et avilissants naissent d’esprits étriqués et comptables, planqués dans les bureaux à tiroirs de l’administration, de labos de recherche, de cabinets d’urbanisme ou de boîtes qui s’échauffent à usiner le « monde de demain ».
Pour ne pas les laisser faire et garder la tête haute en attendant la prochaine grève illimitée ou la séquestration revancharde de votre chef, vous pouvez toujours : devenir des pros de l’absentéisme, piquer des timbres poste ou du matériel informatique au bureau, rallonger vos temps de pause, faire semblant de bosser ou y aller vraiment doucement, faire grève quelques heures sans raison ni revendication, dégrader du matériel, etc. C’est toujours ça de pris.
Parmi ces petites résistances individuelles qui, restons confiants, peuvent accoucher de belles batailles, il existe le « témoignage-anonyme » que vient appuyer la fameuse « fuite-opportune-de-documents-confidentiels ». Vous n’avez aucun respect pour votre hiérarchie et ce qu’elle vous fait vendre, conceptualiser ou produire ? Alors, nous non plus. Depuis qu’existe l’exploitation, la divulgation de cachotteries malfaisantes et la délation de malfaiteurs sont autant de moyens de résistance et de pression pour toutes celles et tous ceux, esseulés au bureau, qui ne peuvent pas s’exposer aux représailles patronales. Usez-en. Usons-en tous [1].
Du fait de notre amateurisme revendiqué – puisqu’on aime faire ce journal – le secret des sources journalistiques ne nous est pas garanti. Surtout depuis que la LOPPSI 2 a légalisé les possibilités technologiques d’espionnage. Mais notre bonne vieille boîte aux lettres accueillera vos doléances vengeresses avec plaisir. Nous garantissons sérieux, obstination et vigilance. Rien que ça. Un journal, ça se fait avec des sous, des rédacteurs, des lecteurs, des informateurs et de la bonne humeur. À bon entendeur... Vive les tuyaux percés !
[1] Pas facile à dire, hein ?