À l’ombre des luminaires de l’Opéra, à l’abri des sirènes événementielles, des collectifs cherchent à concilier subventions publiques et autonomie artistique. En cherchant à se défaire de la bureaucratie managériale... avant le lancement d’une véritable coopérative d’artistes ?
Lille3000 : Des partenaires si particuliers
Avec 6,5 millions d’euros d’apport pour Lille Fantastic, c’est peu dire que les entreprises privées ont partie liée avec les événements de lille3000. Officiellement, rien là qu’un soutien généreux au dynamisme culturel de la métropole. Mais pour peu qu’on y regarde de plus près, on en apprend des vertes...
Quelque chose cloche dans le blabla lille3000 : d’un côté, c’est entendu, la contribution privée à la programmation de l’association – pas moins de 40% du budget total – est parfaitement désintéressée. « Les partenaires viennent pour la culture », avance Didier Fusillier, son directeur artistique. D’un autre côté pourtant, il faudrait « ne pas voir les entreprises uniquement comme des gens qui font un chèque » [1]. Alors pour une fois, prenons le discours de Fusillier au sérieux. Et faisons une hypothèse : les entreprises ne se contentent pas de faire des chèques. Elles en attendent quelques menus retours...
Lille3000 : Les masques et la thune
En 2003, Lille n’était encore qu’une ville grise aux maisons délabrées. Les gens avaient froid et se réchauffaient auprès d’un feu de bois en mangeant des patates. Les mères chantonnaient « dors min tchio quinquin ». Puis, en 2004, les dieux de la culture Didier Fusillier et Martine Aubry se sont penchés sur son berceau pour la sauver. Martine Aubry déclarait récemment « Lille 2004 nous a fait gagner dix ans » (Le Parisien, 11/12/12). Dix années plus tard, il est temps de faire un bilan.
Le parti socialiste lillois, association de traîne-cravates
Au départ, on voulait projeter sur une toile tous les réseaux socialistes de la métropole. Et puis, on s'est aperçu que c'est pas d'une double-page dont on risquait d'avoir besoin, mais d'un panneau publicitaire de 25 mètres sur 30. On a donc revu nos ambitions en partant de la liste PS pour la municipale, et de celle des dix secrétaires de section de la ville de Lille. On en a isolé quelques - uns des furoncles qui font l'épiderme du pouvoir socialiste local. Et que l'on peut présenter en deux points : le PS est un parti bourgeois, et cadenassé.
Lille Métropole : Les faux-semblants des élections communautaires
T’es déjà au courant... enfin peut-être ? Lors des prochaines municipales, tu pourras officiellement élire les conseillers communautaires à Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU). C’est un premier pas salutaire, attendu et nécessaire vers plus de transparence démocratique. Mais nan, on déconne !
L’idée d’élire les conseillers communautaires au Suffrage universel direct (SUD) est à l’agenda politique depuis plus de trente ans. À mesure que les compétences (économie, aménagement du territoire, transports) des communautés urbaines se renforcent – à plus forte raison depuis qu’elles prélèvent l’impôt [1] – ce déficit serait devenu de plus en plus insoutenable. À écouter les juristes, il ne manquerait finalement que le SUD à ces instances pour en faire de véritables collectivités locales.
Sortir de la culture d’excellence
Lille : Gare Sans Saveur
Gratuit, pratique et ouvert aux familles : l’équipement « Saint-Sauveur » fait la fierté des socialistes, le bonheur des jeunes parents et la matière des journalistes de L’Huma comme du Figaro. La Brique pouvait-elle sortir un numéro « culture » sans en parler ?
Grèves et occupations !
Débrayages à La Redoute, site de la Martinoire à Wattrelos, les 28 mai et 18 juin. Les 1 400 ouvrier-es demandent des garanties de salaires et d’emploi à François-Henri Pinault (groupe PPR devenu le groupe Kering) qui a décidé de revendre l’enseigne pour s’orienter exclusivement vers le luxe, plus solvable à son goût. Mais la mobilisation reste timide, comme le note un syndicaliste : « On sent tous que ça va mal, mais il n’y a pas encore de coup de colère. On ne fera pas d’actions d’envergure tant qu’on ne sera pas plusieurs centaines de salariés. » (Voix du Nord, 18/06/2013). Et d’ajouter : « En face, PPR se prépare. On doit se préparer de la même façon ! »
Vénézuela : À la recherche du « processus » révolutionnaire
Quatorze années après la prise de pouvoir de feu Hugo Chávez, une large partie de la gauche internationale persiste à louer le caractère socialiste du régime « bolivarien ». On a voulu aller un peu plus loin que ce consensus ambiant, en se rendant sur place pour y recueillir analyses et témoignages.
« On peut parler d’un million de contradictions. Mais vos questions partent d’un point de vue idéologique. Ça me fait sourire cette vision de gauche bobo ». En ce début de janvier ensoleillé, autour d’un petit café crème au Gran café de Caracas, sur Sabana Grande, Thierry Deronne nous mène la vie dure. Ce responsable d’une télévision publique locale est là depuis dix-sept ans après un passage au Nicaragua sandiniste. Nous sommes là depuis un mois à peine.
Les « Fraisnor » en lutte : du gaz contre le chloroforme
« Cette indifférence va nous contraindre d’imaginer des actions plus radicales. Pour info, les bouteilles de gaz sont prêtes ! » C’est sur cet avertissement qu’une trentaine d’ouvrier-es de Fraisnor interpellent les pouvoirs publics à Arras, le 26 juin dernier. Depuis février, ces salarié-es sont engagés dans une lutte pour garder leur emploi et ne pas sombrer dans la misère. En face, les pouvoirs publics ont tout fait pour noyer la contestation et fermer l’usine.
La richesse en quelques chiffres
La région Nord est l’une des plus pauvres de France. Est-ce un hasard si c’est aussi l’une de celles qui ont produit le plus de grandes fortunes ?
Immonde et mondain, l’annuaire des familles
L’annuaire des familles, publié régulièrement depuis 1912, s’apparente à la version locale du Bottin Mondain ou du Who’s Who.
Luc Doublet, porte-drapeau du capital
Soyons clairs : dans les rayons du supermarché mondial, « Lille Région » est à vendre. Et si le Nord-Pas-de-Calais est une marque, alors Luc Doublet est son VRP distingué.
Les patrons de la métropole lilloise
Dans la région, les patrons plastronnent certes dans les conseils d’administration des grosses boîtes ou les réunions du MEDEF. Pas sûr pour autant que ce soit ce qui leur importe le plus. Car depuis les années 1980, les chefs d’entreprise convoitent un autre jouet : la métropole. Retour historique sur ce nouveau projet patronal.
Safari chez les riches
Partie de chasse
L’entrepreneur grand bourgeois n’est pas le genre de gibier qui se traque aisément. Non pas que l’espèce soit en voie d’extinction, ou même qu’elle se soit raréfiée. Disons plutôt qu’il s’agit d’une espèce protégée et – voilà qui rend la chose plus compliquée – qui sait elle-même se protéger. Alors, lorsque La Brique s’est demandé comment s’y prendre pour débusquer les enjeux de la domination patronale actuelle, elle a cherché à s’appliquer quelques éléments de méthode.
Un fantasque hic
L’histoire se répète, et se ressemble. Fusillier, grand-chef de Lille3000, récidive. Impossible d’échapper à ses égouts artistiques. : 71 communes contaminées, des dizaines de constructions dans les rues, les parcs, les mairies, les musées... Des expos "farvelues", spectaculaires, grandiloquentes... Une centaine de lieux culturels réquisitionnés, une quarantaine d’associations mises au pas. À grand renfort d’une presse aux ordres, les hostilités peuvent commencer.
Accord National Interpro. Dialogue social, débâcle syndicale
Le 9 avril, les députés socialistes et radicaux ont voté le projet de loi dit « de sécurisation de l’emploi ». Face à cette charge violente contre le droit du travail, la mobilisation peine à démarrer. On a tenté d’en savoir plus sur le texte et sur les stratégies des syndicats qui s’y opposent, en allant frapper aux portes de leurs permanences lilloises.
Journalisme en fusion
Le 16 janvier, les rédactions de Nord Éclair et de La Voix du Nord ont fusionné. Une rédaction, trois cent soixante journalistes, trois quotidiens, quatre hebdomadaires, un mensuel, une télé, des sites communautaires. Le groupe Voix du Nord (VDN), c’est du journalisme total. Tirant les ficelles, l’empire Rossel est à la manœuvre...
Bayer soigne les âmes de ses « fils d’Eichmann »
Schématisons. Un groupe pharmaco-chimique comme Bayer se divise en deux branches : l’une fabrique des épidémies, l’autre les soigne. Et parmi elles, la mauvaise conscience de ses salariés. Nous avons mis la main sur une plaquette présentant une formation interne au Groupe à destination de ces « collaborateurs » qui se regarderaient avec peine dans une glace. La domestication des cerveaux progresse.
SeaFarce : un air de Concordia
En plaçant SeaFrance en liquidation judiciaire le 9 janvier dernier, le tribunal de commerce de Paris envoyait par le fond une compagnie détenue à 100 % par la SNCF. Parallèlement, la machine de guerre médiatique traîne dans la boue la section locale de la CFDT. Retour sur une lente opération de privatisation débutée en 2008.
La Piscine de Roubaix : l’art de réécrire l’Histoire (3/3)
Six millions d’euros avec une participation conséquente de l’État français sont investis dans l’agrandissement du musée de Roubaix, pour accueillir l’atelier du sculpteur Henri Bouchard. Une collection sans intérêt qui va estampiller ce lieu : musée de la Brocante et de la nostalgie collaborationniste. Comment expliquer cela ? La Brique a décrit dans un premier article la proximité de la bourgeoisie locale avec la direction du musée et ses conséquences esthétiques. Dans un deuxième, elle a montré les liens entre l’histoire patronale du Nord et le régime de Vichy. Maintenant nous allons voir comment l’instrumentalisation du discours esthétique permet d’effacer l’histoire pour mieux la réécrire.
La Piscine de Roubaix, un musée divin (2/3)
Dans son dernier numéro, La Brique rappelait la place qui sera faite au sculpteur Henri Bouchard, au Musée de la Piscine à Roubaix en 2013. Un « artiste » pro-nazi et membre du groupe Collaboration durant l’occupation, notoirement raciste. Une sorte d’éruption esthétique purulente due à une infection idéologique très ancienne. Elle s’explique par les liens qui unissent un patronat du Nord de droit divin et l’histoire du régime de Vichy.