La région Nord est l’une des plus pauvres de France. Est-ce un hasard si c’est aussi l’une de celles qui ont produit le plus de grandes fortunes ?
En tête des 50 patrimoines familiaux les plus colossaux [1], on retrouve l’éternelle famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Leroy-Merlin, Boulanger, Kiabi, Pimkie, Jules, Flunch) avec pas moins de 24 milliards d’euros. Bernard Arnault (Louis-Vuitton, Berluti, Moët & Chandon...), natif de Roubaix, cumule à lui-seul 18 milliards. La famille Bouriez (Louis Delhaize, Cora, Match...), installée en Belgique, détient plus de 2 milliards d’euros, et se place devant la famille Roquette (Roquette Frères), basée à Lestrem et pas malheureuse non plus avec ses 1,5 milliard bien tassés. Michel Leclercq (Décathlon) optimise ses 883 millions via une holding basée au Luxembourg. La famille Bonduelle perpétue la réussite de ses aïeux, avec 310 millions, etc.
Mais à l’ombre de ces patrimoines hallucinants, c’est tout une classe sociale qui prospère dans ses quartiers cossus. À Bondues, l’impôt moyen sur le revenu est de 6 567 euros, quand la moyenne nationale est de 862 euros [2]. Le revenu médian [3] y est d’environ 30 000 euros, soit près de deux fois plus que sur l’ensemble du territoire métropolitain. Bondues, c’est aussi 9% de logements sociaux, quand la loi impose – en théorie – un seuil minimal de 20%. Si la ville de Croix est socialement moins homogène (le quartier pauvre de Saint-Pierre jouxte celui, saturé de fric, de Beaumont), les plus riches y sont encore plus riches. Croix n’est rien moins que la deuxième ville de France pour le montant moyen du patrimoine déclaré par les redevables de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, avec près de quatre millions d’euros. Elle est la quatrième ville de France pour le montant moyen de l’ISF. Villeneuve-d’Ascq, Lambersart et Marcq-en-Barœul trônent elles aussi dans le top 20 national.
[1] Informations tirées du magazine patronal Capital, n°262, juillet 2013. Elles sont complétées par les analyses amicalement transmises par l’économiste Benoît Boussemart, sans doute le meilleur spécialiste des grandes fortunes de France.
[2] Données statistiques extraites du Programme Local de l’Habitat 2012-2018 (adu-lille-metropole.org) et de la Direction générale des finances publiques (reproduites sur journaldunet.com).
[3] Le revenu médian, calculé sur une base annuelle, sépare les personnes en deux groupes : la moitié déclare un revenu inférieur à ce revenu, l’autre moitié un revenu supérieur.