Fête de la merde à Calais

Depuis le début des années 2000, la métropole lilloise est en guerre contre les Roms. Si quelques « villages d’insertion » ont été montés, pour toutes les autres personnes, c’est la rue. « Winston Churchill », « Porte d’Arras », « Gallon d’eau » : le 28 octobre marque l’expulsion du dernier de ces grands campements, le « P4 » de Villeneuve d’Ascq. L’occasion de revenir, par-delà les clichés, sur les conditions d’habitat des Roms.
À Dakar, Abidjan, Bamako ou Lomé, pour acheter leurs kilos de patates douces les habitant-es doivent payer en franc
CFA. Cette monnaie utilisée dans quinze pays souverains, anciennes colonies françaises, est imprimée par la Banque de France... en Auvergne. Cinquante ans après les indépendances africaines, elle continue d’être une mine d’or inépuisable pour la France.
Depuis le 20 février, des manifs importantes ont lieu dans tout le Maroc. Alternant répression sanglante et promesses piteuses de révision constitutionnelle, le roi commence – grande première – à être vivement critiqué. On en parle avec Meriem, Marocaine qui habite à Lille, et Nour-Eddine, Marocain également, et militant du Comité de Suivi du Mouvement du 20 Février à Lille.
Lorsque nos déchets n’atterrissent pas dans les poubelles du monde que sont - peu ou prou - l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine, ils sont l’objet de tractations financières dont, bien souvent, les enjeux nous dépassent. Grâce au paravent idéologique du « tout durable » et de la « croissance verte », la « valorisation » des déchets jouit d’une réputation sans tâche. Avec, ici comme ailleurs, sa part d’hérésie écologique et son lot d’accommodements avec l’émancipation sociale.
Allumer le chauffage électrique, c’est mettre en branle tout une super-structure technique et militaire. D’une complexité tellement folle qu’on ne saurait en évoquer ici toutes les facettes. Alors prenons la première d’entre elles dans le cycle de production électronucléaire : l’extraction d’uranium dans le Nord-Niger.
L’or nègre, c’est l’histoire, vraiment hallucinante, de l’exploitation sans scrupules du sol africain. L’histoire des mensonges et manipulations de compagnies occidentales qui s’engraissent sur le dos de l’Afrique. Iamgold, société canadienne, et Anglogold, société sud-africaine, sont majoritaires au sein de la société d’exploitation des mines d’or de Sadiola – SEMOS –, sans oublier la Banque Mondiale qui finance le projet à hauteur de 6 %.
Du 23 au 29 juin, un camp No Border (« Pas de frontières ») sera organisé dans la région de Calais. L’occasion de mettre en lumière ce qui se passe dans l’ultime frontière de l’espace Schengen [1] et de renforcer la solidarité internationale face aux politiques migratoires européennes.
En matière de traitement des crises sociales, on a raison de se fier aux bonnes vieilles méthodes. Et en matière de raids de voisinage, la France semble avoir trouvé « le bon sens près de chez soi ». Les années 20 avaient Mussolini et 700 000 chemises noires (au début « milices volontaires pour la sécurité nationale »), et depuis le 20 février 2009, les « Volontaires pour la Sécurité » (oui, sic) ont vu le jour dans les quartiers des grandes viles. De super vigilants voisins recrutés sous le contrôle de la police.
Dans la région, la réponse de la rue à l’agression militaire israélienne à Gaza a été immédiate. De nombreuses manifestations ont eu lieu, rassemblant des milliers de personnes. Beaucoup de détermination, beaucoup de femmes et de jeunes des quartiers, révoltés par l’impunité de ces bombardements. La situation des Palestinien-nes est depuis longtemps intolérable. Cette nouvelle offensive contre un peuple opprimé a provoqué la colère.
3 novembre 2008. Un « sommet » à Vichy. 27 ministres européens, en pleine élection d’Obama, pour harmoniser les politiques sur « l’intégration » des immigré-es. La repentance consumée, Hortefeux pavane. Il fait coup double : renforcer les politiques de fermeture des frontières et faire hoqueter l’histoire et la mémoire dans une danse macabre inquiétante.
Le parti socialiste est au régime banane. Celui des peaux en tout genre et à tous les étages. On l’a vu au congrès de Reims, ce grand marigot à crocodiles, jeunes ou vieux, ce concert de claquement de mâchoires, d’où a surgi in extremis une Martine Aubry plus ambitieuse que jamais, désormais grande patronne du PS.
Depuis l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’Union Européenne le 1er janvier 2007, de nombreux Roms viennent tenter leur chance dans les vieux pays d’Europe , dont la France. Entre espoirs déçus et désillusions, ces personnes sont vite confrontées à un Etat leur niant toute dignité humaine.
Venus pour la plupart de Europe de l’Est, les roms sont souvent considérés par les sédentaires comme des gens du voyage. Mais ces personnes n’ont jamais été nomades. Si aujourd’hui elles vivent en caravane à la périphérie des villes françaises, ce n’est pas par choix ; leur situation précaire les y obligent. Pour mettre un peu de clarté dans toutes ces dénominations : « roms, manouches, gitans », voici un p’tit historique1 : celle d’un peuple expulsé d’Inde pour être esclavagisé.
L’Europe construit sa politique d’immigration sur une condamnation plus inhumaine de l’immigration illégale… S’inscrivant dans une mécanique impitoyable que la France traverse déjà, depuis 3 ans un projet de directive est à l’étude. Il prévoit notamment un allongement de la durée d’enfermement en centre de rétention administratif (1). Ou comment l’enfermement s’affirme comme « un mode de régulation des flux migratoires ». (2)
Les Roms, en majorité roumain-e-s, sont environ 1000 personnes dans le Nord dont pas loin de 800 dans la Métropole Lilloise (1). Une cinquantaine a accepté l’aide au retour volontaire (2). La préfète du Nord déléguée à l’égalité des chances (sic), Mme Klein, nous a affirmée que récemment, « il n’y a eu aucune expulsion » et que « seules des OQTF ont été délivrées ». Pourtant, le 21 décembre, une femme Rom est expulsée du territoire et reconduite à 750 km de chez elle, sans sa famille !
La création par Nicolas Sarkozy du ministère « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement » marque à la fois l’aboutissement d’une politique qui tend depuis longtemps à institutionnaliser la xénophobie, et par là le début d’une époque de pression sur les étrangers jamais atteinte auparavant. Cependant, des migrants clandestins continuent à affluer vers le nord de la France. État des lieux à Norrent-Fontes, village du Pas-de-Calais.
A Norrent-Fontes (situé à environ 75 km au sud-est de Calais) s’est établi depuis plus d’un an un camp de migrants clandestins. Pour la plupart originaires de Somalie, d’Érythrée, d’Éthiopie ou du Soudan, ils aspirent tous à trouver en Angleterre travail et logement. Quelques abris de fortune sont installés au bout d’un champ auquel on accède par un chemin boueux. Insalubrité, promiscuité sont leur lot quotidien. Une poignée de bénévoles tentent avec les moyens du bord d’améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie.
L’exemple des Tsiganes est l’illustration parfaite de l’UE que l’on veut nous imposer : une union où la raison économique autorise à fermer les yeux devant les violations des droits de l’homme.
Un peu moins de 20 ans après la révolution roumaine et la chute de Ceaucescu, l’entrée de la Roumanie dans l’UE le 1er janvier dernier est pour les Roumains la promesse d’un avenir plus serein et plus prospère. Quel qu’en soit le prix… Depuis plusieurs années déjà, en plein centre de Bucarest, trône une immense horloge qui décompte patiemment les jours restant avant l’entrée de la Roumanie dans l’espace européen. Le décompte des jours avant une vie meilleure...
Portrait d’une famille rrom partie de Roumanie pour l’eldorado lillois. En guise d’accueil : un bidonville à Saint André
Veronica, Roberto et leurs trois enfants sont arrivés en France au mois de février. Dès l’annonce de l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, ils ont misé l’avenir de leur famille sur l’opportunité de pouvoir s’installer en Europe de l’ouest. Leur maison venait d’être gravement endommagée par les inondations qui ont sévi dans leur région de Timisoara. Des années de labeur qui risquaient d’être réduites à néant…
Par Sayed Kashua, traduit de l’hébreu par Katherine Werchowski. Collection 10/18, « Domaine étranger », dirigé par Jean-Claude Zyberstein.