Se mobiliser, manifester, faire grève, c'est faire face au monopole de la violence. Celle des flics, des CRS, des BACeux, celle de l'Etat. Même si vous n'en êtes pas à votre première manifestation, garder en tête quelques conseils peut s'avèver précieux.
Pour passer une bonne manif'
Une manif, c'est toujours mieux quand ça ne se termine pas en cellule. Quelques conseils pour éviter de gâcher la fête :
- Faites en sorte d'être avec un.e camarade (ou plusieurs), qui sait qui vous êtes, qui connaît vos problèmes de santé, qui reste avec vous durant la manif' ;
- N'oubliez pas de prendre de l'eau, de la bouffe sucrée ;
- Si vous portez des lentilles, prenez du matèriel pour les ranger. En cas de lacrymo dans les yeux, il faut absolument pouvoir les retirer. Vous pouvez aussi prendre des lunettes de piscine pour vous protèger les yeux, des lunettes de vue et du serum physiologique ;
- Si vous avez des problèmes de santé, que vous avez besoin d'un traitement, prenez une photocopie de votre ordonnance pour éviter que les flics ne vous en privent en cas de garde à vue ;
- Si vous avez pris de la ventoline ou un autre bronchodilatateur, évitez les flics au maximum, la lacrymo peut pénètrer plus facilement l'appareil respiratoire ;
- Si vous avez reçu du gel au poivre, évitez de mettre de l'eau sur le visage, cela ravive la brûlure. Solution : acheter du Maalox en pharmacie et le diluer. C'est pas cher et ça fait du bien ;
- Si un.e camarade est en difficulté.e, que vous ne savez pas quoi faire, regardez autour de vous, criez « MEDIC » ou appellez les secours avec le consentement de la personne concern »e (le 15 ou le 112) ;
- Il est autorisé de filmer les flics sur la voie publique. Par contre, floutez les visages des manifestant.es avant de les faire circuler ;
- Les motifs d'interpellation ne manquent pas. Pour des insultes, le port de masque, le jet de tout projectile, la détention d'arme par destination (boules de pétanques, pierres, baton, en gros, tout et n'importe quoi), vous pouvez vous retrouver rapidement avec les poignets liés. Dans ce cas, toute tentative de résistance, ou insulte, pourra être retenue contre vous.
En cas de garde à vue
Il faut surtout en dire le moins possible pour permettre à votre avocat.e de construire une défense solide, éviter des poursuites ou d'incriminer les camarades.
L'un de vos droits les plus fondamentaux est celui de garder le silence. Mieux vaut dire « je n'ai rien à déclarer » plutôt que « je n'en sais rien » (ce qui revient à déclarer quelque chose). Vous ne ferez l'objet d'aucune poursuite pour ça. Mais les flics font tout pour vous amener à vous exprimer, quitte à en passer par la ruse, la connivence ou la pression. Vous devez donner vos nom, prénoms et adresse. C'est la loi, mais aucune peine n'est prévue si vous refusez de le faire.
L'avocat et le contrôle médical
Dès votre arrivée au commissariat, les flics sont tenus de respecter la procèdure.
Les motifs de la Gardav' doivent vous être signifiés dans les deux heures suivant votre interpellation. Vous devez être informé.e de la qualification de l'infraction, le lieu et la date.
S'il s'agit d'une simple vérification d'identité, la durée maximale est de 4 h.
Jusqu'à trois heures après le début de la gard'av, les flics doivent : informer le.la proc', vous dire vos droits, faire prèvenir un.e proche, un.e avocat.e et votre employeur.euse. De même, vous avez droit à un contrôle médical, qui permet d'attester si vous êtes en état d'être en garde'av et si vous avez reçu des coups et/ou blessures. Cela peut aussi servir à la sortie, dans le cas où les flics auraient fait usage de la force entre-temps.
Vous pouvez demander à voir un.e avocat.e en particulier, ce que les flics ne peuvent refuser. Il suffit de donner son nom ou celui d'un contact qui fera la démarche. Évitez les avocat.es commis.e d'office, pas toujours compétent.es en la matière.
Voici une liste d'avocat.es de confiance du Barreau de Lille :
Anne-Caroline CHICHE / Charles LEFEBVRE / Florian REGLEY / Muriel RUEF
Retenez bien ces noms ! Ne vous souciez pas des frais d'avocat. Si vous êtes fauché.e, des aides existent.
Conditions et audition
Un délai de carence de deux heures, dans l'attente de l'avocat.e, retarde le commencement de la première audition. Ne vous laissez pas faire, exigez le respect de ce délai.
Avant votre audition, vous aurez droit à 30 minutes d'entretien avec votre avocat.e. Durant l'audition, il faut rester extrêmement attentif.ve à ce qui sera écrit sur le procès-verbal (il est ainsi préférable de garder le silence). Pensez à relire le document avant de le signer (ou non) pour vérifier que ce qui est dit est exactement ce que vous souhaitiez dire, et non une interprètation du flic, une extrapolation, ou une volonté de vous faire dire autre chose. Vous serez amené.e à signer plusieurs documents, vérifiez ce dont il s'agit, vous pouvez aussi refuser (risquant alors des poursuites pour indisposition de la machine judiciaire).
Concernant l'ADN, les empreintes et les photographies, même si refuser est un délit (un an de prison et 15 000 euros d'amende), les poursuites ne sont pas systématiques, et les condamnations sont souvent légères (quelques centaines d'euros).
Être en cellule va vous amener à vivre dans des conditions précaires. Vous avez droit à boire, à manger, à vous rendre au toilette et à bénéficier d'un matelas et d'une couverture.
Merci au Collectif de résistance à la sélection pour les infos'. Pour aller plus loin, n'hésitez pas à vous rapprocher également du collectif LE CRIME, qui se mobilise « Contre la Répression des Individus et des Mouvements d'Emancipation ». Autre guide, celui de Paris-Luttes !
Pour imprimer et diffuser la Briquette : version intégrale / guide de survie des mobilisé.es en manif'