Président depuis 2002 de l'institut lillois d'éducation permanente (ILEP), Gilles Pargneaux est mis en cause dans la gestion douteuse de l'organisme de formation. Gestion qui mène à sa liquidation et au licenciement de 52 personnes. À La Brique, on connaît bien l’inénarrable soudard du Parti socialiste, c’est que l’animal est connu par les militant.es et élu.es PS de la région pour ses frasques.
Pargneaux, dit Bigoudis dans l’univers impitoyable du PS, a tout de l’apparatchik. « Passionné par le débat politique alors qu’il était encore jeune lycéen », ainsi qu’il le relate sur son blog, il milite dès ses 17 ans au parti de la rose. Il assure néanmoins ses arrières : en attendant que la politique paie, il entreprend des études en droit social et en droit privé, et devient avocat. Pourtant ce n’est pas au barreau de Lille qu’il fait carrière mais dans le monde politique. À bientôt 60 ans, Gilles Pargneaux, éléphant socialiste nordiste, a passé une trentaine d’années à des postes électifs, le temps de se faire de nombreuses inimitiés. Reynald1, un élu socialiste, résume la doctrine Pargneaux : « Aucun fond politique, il s’adapte au gré du vent ».
La politique est opportune
Début 1980, son diplôme en poche, il devient l’attaché parlementaire du socialiste Bernard Derosier, par ailleurs maire d’Hellemmes. Il est ensuite nommé conseiller de Martine Aubry – déjà – de 1997 à 1998, alors qu’elle est ministre du travail. Parallèlement, il occupe son premier mandat en 1989 en devenant maire adjoint à la ville d’Hellemmes et de Lille puis premier adjoint à l’environnement sous le mandat de Pierre Mauroy en 1995.
En 2001, Bernard Derosier lui laisse son mandat de maire. Il le lâche en 2012, non-cumul oblige, au profit de son mandat d’eurodéputé « beaucoup plus lucratif » nous explique Reynald. « Il lèche puis lâche », commente Laurence, une militante, qui poursuit : « Pargneaux a mangé à tous les râteliers, mauroyiste parce qu’il n’a pas le choix, ségoléniste de la première heure, il lâche la Ségo dès que le vent tourne pour retrouver Aubry à qui il doit beaucoup » notamment son poste de président de la fédération PS du Nord de 2005 à 2015. En conséquence de quoi il est « l’homme des basses œuvres de Martine Aubry à la fédération. Elle lui délègue le sale boulot pour garder les mains propres et il s’en acquitte sans scrupules », raconte Julien, un militant lillois. C’est que Bigoudis est « jovial en surface, mais sans état d’âme ; il manipule, distribue des prébendes, ment effrontément. Il est détesté dans la fédé après avoir été détestable et voyou avec tellement de militants », termine-t-il, désabusé. Il est d’ailleurs accusé par certain.es élu.es « d’avoir truqué les chiffres lors de votes internes ». Quand il arrive à la tête de la fédération nordiste en 2005, le parti possède tout (région, département, ville, métropole), aujourd’hui les socialistes n’ont plus que Lille pour pleurer. « On l’accuse d’être responsable du déficit de la fédé », nous dit Julien, à coups de « grosse voiture avec chauffeur et de frais de bouche à répétition, par une politique de gros salaires pour les permanents du parti alors qu’il a une énorme enveloppe de représentation en tant que député européen ».
La fin de son règne ?
En 2015, après un déchirement interne entre courants aubryste et hollandiste, il perd la fédération au profit de Martine Filleul. Ex-adjointe de Martine Aubry à la mairie de Lille, elle est la lieutenante de Patrick Kanner, l’ancien président du conseil général du Nord, actuel ministre des sports du gouvernement Cazeneuve et qui lorgne sur la mairie de Lille en 2020. Cette défaite du très aubryste Pargneaux fait perdre à la maire de Lille un avantage capital pour les élections municipales de 2020 pour lesquelles elle souhaite imposer son bras droit spécialement venu de l’Essonne, François Lamy. Elle précarise également le mandat européen de Pargneaux. En effet, eurodéputé depuis 2009, il doit son mandat à son statut de « patron de fédé [qui] a le soutien d’Aubry. Et c’est son drame » explique Reynald.
Avec la perte de la fédération PS en 2015, Bigoudis est sur un siège éjectable.
« Que va-t-il devenir ? », se demande l’élu qui précise que Pargneaux est « méprisé à Paris, où il prend très rarement la parole dans les instances ». En prenant le poste très stratégique de président du groupe PS à la métropole européenne lilloise, il « distribue trois postes d’assistants à ses affidés roubaisiens, sa grande spécialité », dont un poste à Mehdi Massrour, actuel secrétaire PS de la section. Avec en sus quatre assistants européens eux aussi très présents à Roubaix, ne préparerait-il pas son implantation en vue des municipales de 2020 ?
Mais la question reste entière, Pargneaux sera-t-il prêt à trahir Martine Aubry, celle à qui il doit tout ?
Le personnage laisse penser qu’il en est tout à fait capable.
Panda Bear
1. Les prénoms ont été changés