Après une rentrée sous le signe de la deuxième vague de l’épidémie, du couvre feu et du reconfinement, les crevard.e.s de Lille et de la région continuent de nous impressionner par leurs affaires, magouilles et autres calembredaines. Les échéances prochaines des élections régionales en mars 2021 (ou leur report) et de la présidentielle de 2022 ont tendance à faire se sentir pousser des ailes aux plus petit.es des politicien.es.
Un coup de Griset : Alain le taxi
Le remaniement ministériel en juillet a vu entrer quelques personnalités locales, c’est pas par régionalisme qu’on en parle promis. Alain Griset, chauffeur de taxi et chef de l’U2P (Union des entreprises de proximité, sorte de Medef des artisan.es) a été nommé ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises. C’est lui notamment qui est en charge des aides aux petites entreprises (notamment les bars et restaurants par exemple) fermés en raison du Covid-19. Avant d’être à la tête d’un syndicat patronal, ce natif de Faches est président entre 2000 et 2016 de la chambre et des métiers de l’artisanat du Nord.
Ministre des PME (Petits et Moyens Egos)
Quels sont les faits d’armes du taxi le plus important de France ? En juin 2020, il déclare à propos de la Convention Citoyenne sur le climat pourtant pas franchement révolutionnaire qu’elle est sur « une tonalité globale qui ne correspond pas trop à une vision du monde de l'entreprise, échouant à concilier écologie et développement économique et de l'emploi. Certes, on ne peut plus parler de croissance à tout prix, mais ce que j'ai vu des mesures penche bien trop du côté de la décroissance. » Un homme qui vit avec son temps. Griset a emporté dans ses bagages l’ex-maire centriste de Faches-Thumesnil Nicolas Lebas présent sur la liste de Violette Spillebout comme conseiller « Territoires et élus ». Une bonne planque. En septembre, il a lancé une croisade contre les graffitis antispécistes sur plusieurs boutiques parisiennes1. Chacun ses combats. Il est également inquiété par la justice en ce mois de novembre parce qu’il a omis de « de déclarer une partie substantielle de son patrimoine ou de ses intérêts » auprès de la HATVP (Haute Autorité de la Transparence de la vie Publique2). Il a en gros oublié de déclarer 171 000 euros dont une partie venait de son ancien syndicat.
Ça commence à devenir une constante les oublis de patrimoine en Macronie.
Darmanin, l’ombre de Tourcoing
On n'a pas oublié de causer de l’affreux Darmanin, on vous rassure. Darmanin prend du grade en passant à l’Intérieur et balance ordureries sur ordureries fascisantes pour occuper la scène médiatique d’extrême-droite (dont on se demande si ce n'est pas pléonasme) et faire oublier la plainte pour viol à son égard. Au niveau local, des rumeurs évoquent sa volonté de se présenter aux régionales après « son succès » à Tourcoing où il aura été quand même maire deux mois en 2020. L’idée de présenter l’ancien conseiller régional contre son « ami » Xavier Bertrand pour gagner des voix à droite serait dans les tiroirs de certains cerveaux de la Macronie. Droite partout, justice nulle part.
Crise sanitaire, Aubry défend son bar :
Martine Aubry, après avoir passé plusieurs années à détruire méthodiquement la vie nocturne et faire fermer plusieurs bars-concerts avec ses amis préfets, se met d’un coup à la défendre médiatiquement. Le 26 septembre, à propos de la fermeture des bars à 22h en raison de la crise sanitaire à Lille, elle déclare que c’est « une ineptie ». Elle obtient le 1er octobre finalement un délai d’une dizaine de jours auprès de Castex pour éviter leur fermeture définitive. Elle annonce ainsi dans une conférence de presse accompagné d’un Castelain muet que les bars ne fermeront pas pendant dix jours dans la métropole. Bah alors monsieur Castelain, on assume pas ses compétences de président de la MEL devant les journalistes et on laisse parler la médiatique Aubry ? En tout cas, depuis l’instauration du couvre-feu et ensuite du confinement, on les entend peu tous les deux.
Confinement partout, TGV nulle part !
Avec l’instauration du couvre-feu en octobre, une nouvelle union sacrée entre la droite et la gauche se forme à Lille contre la suppression de plusieurs TGV Lille-Paris ! Bertrand, Aubry et Castelain sont vent debout contre la suppression temporaire de 5 TGV par jour voulue par la SNCF. Luttons camarades pour permettre aux cadres de Paris de venir travailler à Lille et inversement, sus à l’ennemi quasi public de la SNCF, machine froide et bureaucratique ! Cependant, avec l’instauration du nouveau confinement, la SNCF depuis le 4 novembre a réduit l’offre de 70 % de tous les TGV et pas seulement de Lille Paris ! La crise sanitaire n’aide pas beaucoup le gratin des politicien.es du coin à obtenir des victoires !
Une leçon d’islamophobie un Petit peu superflue
Que fait Valérie Petit après son échec aux municipales avec la droite ? Elle a rejoint le groupe de droite pro-Macron (pléonasme bis) à l’Assemblée Agir Ensemble parce qu’elle déteste Spillebout et qu’elle soutient toujours Macron (on traduit la langue de bois). Sur Twitter, le 24 octobre, elle défend l’immonde Blanquer déclarant que « l’islamo-gauchisme » fait des ravages à l’université et rend les universitaires complices du terrorisme. La députée s’attelle à justifier cette déclaration car, universitaire ( à l’EDHEC oui, l’école de commerce de Croix) elle a travaillé sur les notions d'« islamo-gauchisme » : « Chercheur, spécialiste des questions de diversité et de discriminations, je fais partie de ces intellectuelles qui ont produit des idées depuis 20 ans dans le champ de recherche qui est au cœur de que l'on nomme "islamo-gauchisme" ». Apparemment enseigner les ressources humaines en entreprise et le management implique de s’y connaître en discriminations et d’utiliser une notion d’extrême-droite sans aucun fondement théorique… Pour défendre Blanquer, elle invoque la notion d’indépendance des chercheurs, en prétextant une mainmise du modèle américain sur la production universitaire promouvant le communautarisme. Elle appelle de ses vœux le ministère de l’Enseignement Supérieur à lutter contre cette tendance. Vouloir défendre l’indépendance de l’université en empêchant des productions universitaires, c’est donc ça le « en même temps » macroniste?
Xavier Bertrand : une politique droite dans ses bottes.
C’est bientôt la fin du mandat de Xavier Bertrand élu à la tête de la région Hauts-de-France en 2015 face à Le Pen. Mais si le conseil régional des Hauts de France, vous voyez, la grande tour moche à côté du Grand Palais ! Quel bilan pour ces 5 ans de présidence à la région ? Une baisse des subventions aux associations écolos, un chèque pour les chasseurs « pour l’environnement » . Pour l’emploi, il se vante de la création d’un pseudo-Pôle emploi via un numéro vert sans aucun accompagnement personnalisé, Proch’emploi, qui a surtout amené à des formations et des recrutements en contrats précaires. Au niveau politique, un conseil régional à droite et à l’extrême droite dû à la déroute socialiste de De Saintignon en 2015. Au niveau social, les syndicats des agent.es de la région en 2019 critiquaient sévèrement la politique de Bertrand : précarisation, suppression de postes dans les lycées, mauvaises conditions etc. Au niveau des transports, une privatisation de 20 % des lignes TER de la SNCF malgré l’opposition des syndicats de cheminots avec plusieurs rassemblements en face du siège de région. En bref, une politique de droite. Et Bertrand veut s’opposer à Macron pour les élections régionales et présidentielles sur les thèmes de la sécurité et du régalien. Quelle originalité.
Le Report en Marche ?
A l’instant où nous écrivons ces lignes, on ne sait pas encore si les élections régionales seront maintenues du fait de la pandémie. Castex, aidé par le rapport de l’ancien copain de Chirac, Jean-Louis Debré, plaide pour un report en juin auprès des parlementaires. Les ténors de droite à la tête de plusieurs régions que sont Bertrand, Wauquiez et Pécresse font un peu la gueule : le scrutin et les votes en leur faveur seront un prélude à leur succès à la présidentielles pour eux. Les socialistes veulent également limiter la casse et ne pas perdre trop de régions grâce à d’événtuelles unions de la gauche. Si report en juin il ya, les électeur.rices seront-il.les vacciné.es contre le virus abstentionniste ?
Une union un peu gauche
Plusieurs personnalités de gauche de la région tentent tant bien que mal d’unir les gauches pour éviter une victoire de Bertrand et du RN aux régionales. Le sénateur PS Kanner, le patron du PCF Fabien Roussel, l’eurodéputée du nord EELV Karima Delli et le maire écolo Damien Carême et d’autres appellent à une union de la gauche pour combattre Xavier Bertrand et le RN à la fois dans une tribune dans Libé3 . De son côté, le député LFI Ugo Bernalicis a lancé une sa candidature et appelle les citoyen.es et les partis de gauche à s’unir derrière lui « comme un point d’équilibre » entre le PCF et les Verts . Cela ne plaît pas beaucoup à Kanner qui souhaite conduire la liste d’union sous les couleurs du PS avec le soutien tacite d’Aubry. Il en est de même pour les deux élu.es EELV Delli et Carême. Bernalicis considère que s’allier avec un ancien ministre de Hollande n’est pas vraiment positif pour la gauche et on ne pourrait pas lui donner tort. Eparpillée, la gauche dans la région et dans le pays continue ainsi sa guerre des chefs pour qui râflera le plus de miettes aux différentes élections.
RNgionales ?
Le RN compte bien se présenter aux élections régionales mais cette fois-ci cela se fera sans Marine Le Pen. Aucun.e candidat.e n’est encore déterminé.e par le bureau exécutif du RN mais le député et conseiller régional Sébastien Chenu semble favori. Si, Chenu, celui qui se fait virer des manifs par des syndicalistes et porte plainte contre eux ensuite. Celui-là même qui est un ancien de l’UMP rallié au FN et qui s’est planté dans sa tentative de conquête de Denain lors du dernier scrutin municipal. Qu’a fait le RN au conseil régional ? On développera pas leurs dégueulis habituels mais il se trouve que le conseil régional est un très bon endroit pour que les identitaires et les fachos de la Citadelle se trouvent du travail. Le documentaire d’AL-Jazeera Generation Hate avait révélé en 2018 que plusieurs identitaires étaient des collaborateurs privilégiés du conseiller régional RN Phillippe Eymery. Un bon recasage des copains !
Lecerf à la retraite
A l’occasion des élections départementales qui se tiendraient en même tant que les régionales, le président du conseil départemental si apprécié pour ses économies et ses méthodes brutales contre les Rsistes, les employé.es du département et les pompiers ne rebrigue pas un autre mandat. Mais, bon seigneur, il reste disponible si les élections sont reportées en raison de la crise sanitaire. A droite, quatre personnes s’affrontent pour pouvoir lui succéder en tant que candidat.es, notamment Paul Christophe, un député d’Agir Ensemble. Pour les autres forces politiques qui brigueraient la tête du département, c’est silence radio. Ce n’est pas comme si cette élection passionnait les foules… Le PS reste silencieux, il avait perdu le département en 2015 un an seulement après le départ de Patrick Kanner pour le gouvernement de Valls...
Stickmoo
- La Voix du Nord , 2 septembre 2020, AFP, Graffitis antispécistes : le gouvernement veut «faire condamner lourdement» les coupables
- Pour plus d’informations sur la HATVP, relire notre article dans le numéro 60 de la Brique https://labrique.net/index.php/thematiques/politicaille/1123-la-transparence-pudique-de-la-vie-publique3.
3. Libération, 9 septembre 2020, Gauches : «Nous, les Hauts-de-France !», Un collectif d’élus