Oui, Madam’, vous avez raison,
Le tabagisme est un fléau,
L’alcoolisme tue à foison,
Les gosses en meur’nt dans les préaux.
Oui, chère dam’, vous visez juste,
Le monde est un terrain de mines,
Et c’est ainsi depuis des lustres,
La paress’ provoqu’ la famine.
Je suis d’accord, l’autorité
Se perd et les hommes dévient
Du droit chemin dans les cités,
Madam’, je suis de votre avis.
Le travail est la seule voie
Pour s’émanciper et briller
Et crier dans un porte-voix
Ne fera jamais sourciller
Le Pouvoir, qui est nécessaire
Pour guider nos pauvres consciences
Contre l’idée totalitaire
Et dangereus’ de la défiance.
Oui, Madam’, vous n’avez pas tort,
Votre perception est la bonne,
Qui vit en marg’ risque la mort,
Votre jolie cervell’ bouillonne
D’idées pour le moins merveilleuses
Qui me donn’nt envie de vous suivre,
Je suis sûr que vous êt’s heureuse
De votre manière de vivre.
Mais voyez-vous, malgré tout ça,
Malgré votre bon raisonn’ment,
Je vais vous expliquer mon cas
Qui, pour vous, dépass’ l’entend’ment...
Mon esprit est bien trop étroit
Et mes facultés amoindries,
Je n’sais rien fair’ de mes dix doigts
Et la paress’, je l’apprécie,
Je fum’, je bois et je divague
Et le pir’, c’est que ça me plaît,
Mon doigt n’aura jamais de bague
Et sur vos règles je m’assieds.
Oui, Madam’, venez avec moi !
Allez, vous n’avez rien à perdre !
Ou sinon, comm’ dit Ubu Roi,
Vous resterez dans votre « merdre » !
La vie qu’ils écrivent est absurde,
La nôtre peut l’être un peu moins,
Allez, Madame, je vous jur’ de
Ne jamais enfoncer mon poing
Dans votre visage effrayé,
Non, n’appelez pas la police !
Je veux simplement essayer
D’embellir un peu la justice !
Moi, j’ai très faim, vous comprenez,
Et j’ai bien vu que les mendiants
Tend’nt la main pour de la monnaie
Qui ne tombe pas très souvent
Alors j’ai volé votre sac
Mais ce monsieur m’a rattrapé,
Relâchez-moi ou la matraque,
Encore un’ fois, va me frapper.
Oui, Madam’, vous me détestez,
Je vous fais peur, je vous dégoûte,
Je pass’ ma vie à empester
Votre oxygène et votre route
Car l’anarchie de ma pensée
Met votre existence en péril,
Je suis un démon insensé
Sans moral’, sans code civil.
Je n’peux corriger mes idées
Pour acquérir votre noblesse,
Je me press’ d’un pas décidé
Très loin de vos austères messes...
On m’a jeté dans le fourgon
Comme un’ carcasse à la poubelle
Et l’on m’a dit dans un jargon
Administratif et cruel
Que je valais bien moins que vous,
Que vos talons, que vos colliers,
Que je n’ai pas autour du cou,
Pas plus que je n’aie de papiers...
Oui, Madame, je suis le pauvre,
Je suis l’immoral et le fou,
Je suis le chevelu, le chauve,
Je suis le défoncé, le saoul,
Je suis l’étranger dérangé,
Je suis celui qui chante faux,
Les chos’s ne vont pas s’arranger,
Mes qualités sont vos défauts.
Oui, Madam’, je pisse dehors
Sur les murs de votre maison,
Oui, je suis celui qui a tort,
Qui sombre dans la déraison.
Mais vous verrez, tous les cinglés
Un jour, piss’ront sur les mairies,
Les flics viendront les étrangler
Mais les effluv’s de l’anarchie
Se répandront un petit peu,
Un petit pas, deux petits pas,
Peut-être un grand pas et puis feu
Sur vos gentils petits soldats !
Oui, Madam’, je purg’rai ma peine
Parc’que je n’ai pas d’autre choix
Mais je ruminerai ma haine
Jusqu’à c’qu’ell’ se transforme en joie.
Un jour, vous n’existerez plus
Car nous vous aurons transformée,
Un jour, tous les individus
De mon genr’ viendront désarmer
Les puissants qui vous ont créée
Et modelée selon leurs vœux,
Et qui vous ont rendue sacrée
Comm’ la patrie ou comme Dieu.
Oui, Madam’, vous me condamnez,
Oui, Madam’, vous m’avez puni,
A caus’ de vous, combien d’années
Vais-j’ devoir perdre de ma vie ?
Oui, vous, Madame la Puissance,
Madam’ Nation, Madam’ Police,
Pour vous, je n’suis qu’une nuisance,
Oui, vous, Madame la Justice.
Mwano