Édito n°54 - Urbaine à ordures

editoLa métropole européenne de Lille (MEL) vient de fêter en grande pompe ses cinquante ans. Cinquante années d'exploitation capitaliste, de gentrification, d'approfondissement des inégalités spatiales et sociales et d'un contrôle social exacerbé. En cinquante ans, les gens ont été écrasés par le rouleau compresseur métropolitain. Pour nous faire avaler la pilule, la MEL a sorti un beau bouquin de propagande vantant les mérites de leurs méfaits, avec le soutien de la presse locale – La Voix du Nord en tête – faisant le service après-vente de leur plan com' parfaitement huilé. Et ça tache !

Panser l'hémorragie

Les mains dans le cambouis, les Ateliers populaires d'urbanisme (APU) réussissent depuis les années 70 à mettre un frein à l'expansion tentaculaire de la ville bourgeoise. Comme leur nom l'indique, les APU s'occupent du logement, l'une des intersections où se croisent les inégalités sociales. Dans ce numéro, on laisse en partie la place aux camarades de l'APU Fives. Ils se battent pour les dominé.es, les pauvres, ceux et celles qui se font expulser ou sont sans toit : ils et elles luttent contre les logements insalubres, les marchands de sommeil, les logements qui attirent l'oeil des promoteurs immobiliers, le démantèlement des espaces de solidarité et de convivialité...

Les APU font le boulot que la ville ne fait pas, et dont les pouvoirs publics se désengagent à coups de coupes dans les subventions. De fait, ils placent les APU dans la merde en raison de leurs démissions et déresponsabilisations.

Fives représente bien cette transformation urbaine. En janvier dernier, Selom et Matisse, renversés par un TER après avoir fui une brigade de police, ont payé le prix de cinquante ans d'embourgeoisement, d'un renouvellement de la population, plus docile, qui profite des flics, des politiques sécuritaires, de la presse locale dominante, pour stigmatiser les classes populaires, les reléguer à l'état de parasites à chasser.

Ici, on propose un autre récit que celui narré par les pouvoirs publics. L'objectif est de contrecarrer le discours dominant, de laisser la parole aux dominé.es, aux jeunes contrôlé.es de manière systématique par les flics, roué.es de coups à l'occasion pour leur couleur de peau (voir les pages 15 à 19 consacrées à Fives), aux classes populaires délogées par les élites politiques et patronales.

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Forger des outils pour la lutte

Des évènements, des luttes, on en vit. La loi travail nous a mobilisé. Et depuis, ce ne sont pas les réformes qui manquent pour sortir dans la rue. Malgré un certain essoufflement, l'arrivée du monarque Macron facilite les attaques du capital contre les travailleur.ses, les soignant.es, les étudiant.es, les lycéen.nes, les exilé.es, les retraité.es et dernièrement les cheminots. Dès janvier, les réponses à la mise en place de la sélection à l'Université et la réforme du Bac se sont concrétisées par des manifestations, des assemblées, mais aussi par la création de nouveaux collectifs, à l'instar du « Collectif de résistance à la sélection » (le fameux CRS) et de Lille 0 (zéro), un nouvel espace de diffusion des savoirs en dehors des mécanismes de marchandisation de l'enseignement supérieur. Pendant que nos parents fêtent les cinquante ans de mai 68, nous, on fête la fin du projet de Notre-Dame-des-Landes, fait accompli d'une résistance populaire !

Le gouvernement est effectivement un rouleau compresseur en marche. Mais il va trouver des barricades sur sa route. Les gens étaient présents, là, dans les rues lilloises, et ils et elles seront encore plus nombreux.ses au printemps pour répondre à la privatisation en cours de la SNCF. Après La Poste, EDF, France Télécom, l'Enseignement, Macron tente d'achever ce qu'il reste de service public. Pour ce faire, il a le soutien des bons petits soldats du journalisme et autres éditocrates. Un discours martelé qui fait passer les travailleurs.ses pour des nanti.es et les chômeur.ses pour des fainéant.es. Stigmatiser pour mieux justifier les privatisations, tel est leur credo.

En multipliant les attaques, en divisant, Macron, Gattaz et les chiens de garde nous donnent l'occasion de résister, profitons-en !

Du 7 au 11 mars, « Lille en résistance » prendra place à la bourse du travail, convergence des luttes face au Congrès du FN à Lille et aussi préfiguration des luttes à venir.

Le 22 mars prochain, les cheminots seront dans la rue, pour défendre le service public qu'était, qu'est et que restera la SNCF !

Du 26 mars au 1er avril, l'APU Fives organise son festival, « À nous la ville », qui « vous invitent donc à passer une semaine à tenter de dessiner les contours d’une ville populaire, non-marchande, choisie et transformée par celles et ceux qui l’habitent. »

Collectif de La Brique

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