Édito : Assignation à résistance

fille peurNovembre 2015. Le climat post-attentats nous tombe dessus au moment de définir la thématique du prochain numéro. Nous voilà plongés dans cette rhétorique entêtante et incessante, celle de la peur. Valls et sa clique nous bassinent avec leur cocktail habituel « unité nationale », « République », « nécessité sécuritaire » auquel s’ajoute l’arsenal répressif façon Vichy, état d’urgence, assignations à résidence, interdiction de manifestations.

Le mot est lâché nous sommes en « guerre », justification ultime de toutes leurs dérives. Alors contrairement à d’habitude, on s’est dit qu’on ne pouvait pas passer à côté de cette actualité, les laisser nous bourrer le crâne de leurs inepties sans y mettre notre grain de sel.

On s’est donc cogné le sujet « le gouvernement par la peur ».

Tentaculaire et insaisissable.

On s’est fait le pari qu’il y avait (encore) des choses à dire, même si les critiques se déploient un peu partout pour démolir les arguments sécuritaires gouvernementaux.

Et puis la thématique nous permettait de lier action et réflexion parce qu’on avait lancé, fin novembre, un appel à se coordonner, « Organiser le pessimisme », pour sortir de l'écrit et se rencontrer. Et ça prend. Des réunions hebdomadaires s'organisent et la création du collectif brasse du monde : syndicalistes, quidams, militants associatifs. On en a fait une grande fête « contre l'état d'urgence et contre la guerre » où ça a causé, débattu pendant toute une après-midi et bu des bières jusque tard dans la nuit. Et ça se poursuit, d'autres actions sont désormais prévues, les réunions continuent et les portes sont toujours grande ouvertes.

Panique l'état d'urgence

De fait, ce numéro s'inscrit dans la continuité de cet élan. Alors on s'est cassé la tête, on a cherché à saisir comment nos huiles intellectuelles, médiatiques, et politiques misent sur la peur pour nous faire trinquer et étouffer nos résistances. Comme à notre habitude, on a eu envie de donner la parole à celles et ceux qu’on n'entend pas, qui se battent et s’en prennent plein la gueule : les travailleur.ses, les jeunes migrants, les militant.es.

Du travail à l’immigration en passant par la vidéo-surveillance et l’industrie de la sécurité, des quartiers huppés aux migrants embourbés dans les méandres d’un no man’s land juridique, ce numéro tente de faire le tour des chaînes que dressent nos « élites » en mobilisant la peur. Pour mieux les briser.

Le côté bordélique de ce numéro est aussi dû au fait qu'on l’a fait à partir des envies d’une nouvelle équipe. Car La Brique a fait sang neuf !

On a composé avec les écritures des « historiques » du canard et celles des nouvelles et des nouveaux venu.es. Pour une première coopération, il fallait se lancer sans se mettre trop de brides…

Côté nouveauté, on se la joue désormais tout-couleur, pas un mal pour un numéro un peu sombre.

Bref, La Brique nouvelle est arrivée, avec un peu de retard sans doute, mais bien vénère !

Le collectif de La Brique

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