Édito numéro 66 : "Nous sommes en guerre"

66 02 EditoUn bon (ou pas) numéro de La Brique, c’est un numéro qui sort … Enfin ! Oui, on a un peu (trop) ralenti la cadence ces derniers mois, la faute à nous autres tire-au-flanc. Au moment où on est en train d’écrire cet édito, on est à quelques heures du premier tour. Nous nous sentons un peu dans la peau du capitaine du Titanic, qui voit la catastrophe arriver mais qui ne l’a pas encore annoncée au reste de l’équipage. Tout ce qu’on peut faire, c’est pour une fois vous inciter à rester calmes… Profiter de ces derniers moments ; ceux qui nous rapprochent de plus en plus du moment où on va devoir se dire que : « tout va bien se passer ».

Rome ne s’est pas détruite en un jour

Ce n’est pas souvent que ça nous arrive de vous rassurer. Comme canard, on est plutôt l’oiseau de mauvais augure. Depuis le début du précédent mandat, on en a cancané des mauvaises nouvelles : dégradation du système de santé publique, violences policières, gentrification, traque des personnes exilées… Si ça vous fait rire, vous pouvez compter le nombre de fois où on a écrit le mot « fascisme » ces dernières années, par rapport aux premiers numéros. La fin de ce mandat sonne comme une liste à la Prévert de crises que Macron et ses gouvernements ont alimenté : les gilets jaunes, la crise économique, la crise sanitaire, Notre-Dame (celle de Paris) n’a toujours pas été reconstruite. Et puis il faudrait surtout ne pas oublier de parler de la crise environnementale. Alors que le GIEC a produit, pendant la campagne, deux rapports alarmants sur l’avenir de notre planète, le climat n’a concerné que 3% des prises de parole des candidat.es.

Les lendemains qui déchantent !

Hier encore, Macron espère qu’en offrant l’illusion d'une sortie de « crise », il assurera sa réélection. Pourtant, la situation n’a pas tellement changé en deux ans. Il faut croire que pour les médias mainstream, la soignante à bout de souffle ne vend plus. Il ne faudrait pas non plus, nous montrer des images de la centaine de mort.es du Covid au quotidien, il est temps de passer à autre chose. « Nous sommes en guerre ». Macron nous l’avait dit un peu trop tôt dans le quinquennat, parce que quand la vraie est arrivée, il ne pouvait plus répéter cette phrase. Un mauvais conseil de McKinsey ? Les caméras sont maintenant braquées sur le flot des hypocrites, en plein flagrant déni. C’est plus facile d’être solidaire avec l’exilé dont la peau est blanche. Le caucasien passe mieux sur les photos. Martine Aubry en appelait aux lillois.es à accueillir des familles Ukrainiennes chez elles. Louis Alliot, maire RN de Perpignan se vante d’avoir accueilli trente familles dans sa ville. On a même eu droit aux excuses du méphitique Ménard qui dit regretter ses propos au sujet des « migrants syriens » et se sent prêt à accueillir des « réfugiés ukrainiens » chez lui, à Béziers. Après avoir multiplié les bâtons dans les roues pour empêcher l’accès au travail à des personnes étrangères, Jean Castex et Valérie Pécresse se réjouissent de la venue de réfugié.es. Certains, comme le député MoDem Jean-Louis Bourlanges, osent même parler d'une « immigration de grande qualité », sous-entendu une population assimilable, qui sera repartie aussitôt qu’elle le pourra ?

Que maudite soit la guerre !

Nous en revanche, nous sommes anti-guerres et nous leur souhaitons d’avoir le choix entre le fait de rester ici ou bien de rentrer chez elleux. Macron comme nous se reprocherons peut-être, dans quelques années, d’avoir épuisé beaucoup trop vite les discours guerriers, que le pire est à venir et que nous n'aurons plus de matière lexicale pour vous le décrire. Quelle que soit l’issue du scrutin, on se dit qu’on retournera à nouveau dans la rue, pour combattre le capitalisme et la remise en cause des avancées sociales historiques.

Le collectif de La Brique

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