Edito No65 - Sortir de cette atmosphère nauséabonde

65 editoLa Brique reparaît enfin, après quelques mois d’absence. Le Covid, la situation fascisante du pays, la course à la « pestilentielle », les retombées climatiques qui menacent jusqu’à la survie de notre espèce… Tout ça nous fait cogiter et nous donne envie de vous parler d’un milliard de choses. Notre collectif de rédaction peine à se réunir chaque semaine et à garder une énergie militante. Malgré tout, on reste ultra déter à vous informer sur les luttes locales. Si les riches ont envie de se barrer dans l'espace, bon vent, nous on garde la volonté de battre le pavé tout en imprimant des Brique.

 

Les riches en orbite

On savait qu’une dictature fascisto-militaire allait nous tomber sur la tronche, mais on n’imaginait pas que ça se passerait aussi grossièrement. Alors que le pouvoir profite de la crise sanitaire pour imposer son autoritarisme et ses technologies de surveillance généralisée, ses alliés les riches n’ont pas complètement fini de bousiller ce qu’il reste de la planète. En grande publicité, les deux hommes les plus riches de la Terre ont déjà lancé l’épopée en non-mixité de bourgeois colonialistes vers l’espace… À ce propos, partout dans le monde les salarié.es d’Amazon entrent en lutte, la souffrance au travail du groupe étant la part invisible de la flamboyance spatiale de leur patron. Notre planète ne leur fournit plus assez de sensations fortes, ils vont donc en chercher plus loin, s’extrayant de l’effrayante dégradation qu’ils ont causé pour aller piller d’autres richesses ailleurs. Les pénuries commencent à se ressentir, c’est tout un système de production qui entre durablement en crise, éloignant les promesses de confort du capitalisme pour les classes moyennes.

C’est à se demander ce qu’ils en feront, du monde extraterrestre qu’ils vont construire. Propageront-ils leurs névroses de vieux blancs riches dans la galaxie ? Certainement. Est-ce qu’il y aura encore des pauvres dans leur monde ? Probablement. Les colons de l’espace étendront-ils leur racisme belliqueux et stupide aux éventuelles nouvelles civilisations que leurs descendant.es rencontreront ? Est-ce qu’ils finiront par s’entre-tuer à force ne plus avoir personne à exploiter ? En vérité, peu importe. Bon débarras, on y arrivera mieux sans eux. Comme leurs quartiers riches, bien barricadés, mais sur une autre planète ! Enfin la sécurité. Allô la Terre ? Ici Mars, la planète qui vous gouverne ! La finalisation de la dématérialisation, à quand les fusées Uber ?

65 edito

Résistances variables

Les confinements successifs ont pu étouffer les contestations, ça ne les empêche pas de repartir de plus belle. Les résistances naissent ou s'intensifient. Les luttes féministes, LGBTQIA+, décoloniales... Les exilé.es traqué.es sur les friches et le littoral du Nord, mais aussi les ouvrier.ères sacrifié.es sur l'autel de la « sauvegarde » de l'emploi, les interluttant.es qui défendent la culture dans les théâtres... La liste ne s'arrête pas à mesure que la catastrophe sociale et écologique prend de l'ampleur. Hier « judéo-bolchéviques », aujourd'hui « islamo-gauchistes », « intersectionnel.les » ou « woke » (1), les réac’s nous qualifient de tous ces noms qu'on revendique pour le plaisir d’enquiquiner les droitard.es, et pour montrer la pluralité de nos combats.

Dans le même temps, un pan entier de la population, loin de l’idéologie « woke » mais très « réveillée », se met en branle dans la rue. À Lille, en plein mois de juillet, 5.000 personnes manifestent contre le pass sanitaire. Si on peine à qualifier ce mouvement de social, souvent trop focalisé sur le vaccin, on observe des soignant.es licencié.es parce qu’iels doutent de la politique de santé publique. Non loin, les groupuscules fascistes (Civitas, Action Française…) noyautent ce mouvement et nous incitent à « protéger nos enfants » (hier de la débinarisation des genres, aujourd'hui du vaccin). Les manifestant.es nous somment de faire unité face à l’autoritarisme, pour défendre une certaine liberté plus individuelle que collective, parfois loin de l’égalité et de l'adelphité (2)… Le pass sanitaire n’est qu’une conséquence de la crise sociale, écologique et démocratique. Si nous approuvons sa dénonciation, nous constatons que l’accent est rarement mis sur la casse sociale organisée sous couvert de crise sanitaire.

Une autre brique sur le mur

Dans ce numéro, on vous causera du troisième homme le plus riche de la Terre, Bernard Arnault, à qui on consacre un petit dossier. On vous parle des origines de son empire et de sa dynastie. On continue à vous donner des nouvelles des salarié.es de Cargill. On apprend que dans une société plus égalitaire, la sexualité des femmes se porte beaucoup mieux : c’est l’occasion de regarder l’histoire des anciens pays « socialistes » soviétiques sous un angle nouveau. On vous parle aussi des théâtres qui galèrent et de coups de com’ politique déguisés en événements culturels. De « prolophilie » ou encore d’adoption teintée de néo-colonialisme. Et on n’oublie pas de se questionner sur les initiatives politiques qu’on voit apparaître à Lille, à la recherche d’une nouvelle énergie militante.

On vous souhaite une bonne lecture, à très vite en kiosque ou en manif’.

Le collectif de La Brique

1. Woke : éveillé. Vient des luttes d’émancipation afro-américaines dans les années 1960, étendu pour désigner les personnes sensibles à toutes les formes d’oppressions et refusant la hiérarchisation des luttes (classe, genre et race).

2. Adelphité : terme neutre pour désigner la fraternité ou la sororité.

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