Comme tout.e bon.ne petit.e journaliste, nous avons des références certaines. Le célèbre dessinateur belge Hergé, en bon petit soldat du monde libre (à peine colonialiste), décrivait déjà en 1930, dans Tintin au pays des Soviets, des scènes de violences policières et de l’arrogance militante ainsi que les mensonges d’État.
Le monde des soviets étant aujourd’hui déchu, l’actuel ressemble étrangement à la bande dessinée. Coups de pied au cul, mépris du peuple, élections forcées, précarités permanentes, rien n’a changé. Ah si, un Macron qui dénonce sans sourciller les dérives d’un « capitalisme fou » devant l’Organisation Internationale du Travail en Suisse. A Lille, on apprécie « Le murmure culturel dans le vacarme marchand » d’Elnorpadcado, festival initié contre l’entreprise marketing Eldorado, cet amuse-gueule pour prédateurs financiers.
Si Tintin était encore parmi nous, il ne serait assurément pas dupe ! Il aurait acheté la Brique et se risquerait à aller en manif où pourtant la répression politique se poursuit : gardes à vue, intimidation, fichage. Nouvel us et coutume à Lille, les p’tites graines de reporter risquent leur gueules et leur matos face aux méchants soviets d’aujourd’hui. On pense à tous ces militants : Luttographie, Oculus social, Khayyam, le collectif Œil* mais aussi au taf de tous les Revol qui renseignent et documentent sur ce qu’il se passe dans la rue. On remarque un petit nouveau dont on apprécie la radicalité : l’Esquinte.info. L’ordre compte bien régner, et c’est celui de l’arbitraire. Celui où ni la presse, ni le syndicat, ni la justice ne passent. Un pouvoir qui nous met devant le fait accompli, comme au squat le 5 étoiles où l’expulsion a lieu... deux jours avant le jugement.
Comptez pas sur nous pour devenir des RG ! Mais c’est forte de ses irréprochables références tintinophiles que La Brique vous a concocté ce nouveau numéro. Attention, vos yeux vont sans doute piquer - comme cet édito - car nous aussi, on a besoin de vacances, histoire de potasser un peu plus nos références. Sapristi !
PS : On relance les courriers des lecteur.rices ! Envoyez nous vos réactions : billets doux, pimentés ou salés, on prend tout !
Le collectif de La Brique
*dont nous apprenons au moment de boucler, effaré.es, la garde à vue d’un des membres, Leo Ks. Il couvrait la grève des postiers du 92.
Au fait, c'est quoi La Brique ?
La Brique est un journal local militant créé en 2007 lors des mobilisations contre le Contrat première embauche (CPE). Pas de subvention, ni de publicité pécuniaire, auto-financé, pas de salarié.es non plus. Le collectif se réunit chaque semaine pour concevoir le journal.
Le propre du canard, c’est de défendre une vision du journalisme contre celle des médias dominants. Elle consiste à s’extraire au mieux des biais idéologiques qui traduisent l’actualité par autant d’arguments légitimant le système politique et économique capitaliste en place. En se faisant le relai des luttes et des opprimé.es, nous défendons un rapport au monde traversé de rapports de force protéiformes entre les humains, les choses, les institutions. Contre cet ordre, nous tournons le dos à la notion d’objectivité journalistique qui muselle la critique et fige ce qui apparaîtrait comme « la parole légitime ». Nous tenons au format papier. Nous revendiquons la diffusion d’une information que l’on prend le temps d’apprécier contre la tendance portée par les réseaux sociaux à (sur)consommer de l’info, ingurgiter toujours plus de données considérées comme établies, acquises. L’impression de texte signifie aussi que ce qu’on publie perdure, continue d’être lu, apprécié, contesté, et ça nous plaît.
La Brique, c’est une équipe mixte : un noyau d’une dizaine de personnes et de multiples contributeur.rices liées à des réseaux militants divers. Ensemble, nous écrivons, enquêtons, faisons la fête. Surtout aux bouclages, la dernière phase de 3/4 jours durant laquelle nous peaufinons les textes, maquettons et traitons les soucis de dernière minutes avant envoi à l’imprimeur. Tous nos articles passent par un travail d’écriture/relecture collective dans lequel tout est discuté que cela soit pour les dessins ou les articles : le sujet, l’angle, le style...
Cette année, le noyau s’est entièrement renouvelé (ou presque). « La moyenne d'âge a baissé de 10 ans », nous confie un ancien, forcément grincheux. S'impliquer activement dans un simple journal sans prétention relève d'un vrai défi mais la dynamique collective se construit doucement, sûrement. Notre volonté reste la même : faire vivre un média libre, autonome. Lutter contre toutes les formes de dominations, combattre partout et tout le temps l’envahissement de nos espaces par le capital. Nous espérons fournir un contenu solide et de qualité à l’élaboration d’une critique contre-culturelle.
Pour échanger avec les (ir)responsables du journal, plusieurs solutions. Nous faisons nos criées chaque dimanche au marché de Wazemmes – slogans exceptionnels assurés. Nous organisons des apéros-brique à chaque nouveau numéro (dates sur Indymédia et Demosphère). Vous pouvez nous contacter par mail. À l’exception des demandes de stage adressées au service RH, on prendra collectivement le temps de vos répondre.