Edito n°56 - Peinture fraîche

On ne va quand même pas dessiner Aubry à chaque numéro - Ça va finir par se voir !

Lumières éteintes et ouvrez les rideaux, Maestro musique ! La Brique vous présente dans ce numéro un spectacle... ordinaire. Pas de mise en scène dramatique, pas de héro.ïne tragique, mais une esquisse des histoires du moment à Lille et ses environs, des hommes et des femmes qui ont des choses à dire, des conflits qui naissent, des paroles, des tensions, des promesses. Cette humble fresque transpire toujours le mépris de nos tragi-comiques institutions et la haine des acteur.trices qui les font vivre car c'est toujours contre les petites-gens qu'ils opèrent : nous avons choisi notre camp depuis longtemps. Nos braves personnalités politiques peuvent parler tant qu'elles veulent de « consultation citoyenne », on crache bien sur leurs délires mégalos, leurs excès d'hypocrisie. Comme d'hab', les briqueux.ses pètent le décor pour mettre au jour leurs coulisses crasseuses.

On s'est penché.es sur les fantasmes urbains des bureaucrates et leurs dernières « innovations » démocratiques pour faire avaler la pilule. Les actes répètent toujours les mêmes scènes, et c'est burlesque. « Une ville attractive » et tout le charabia bien ficelé qui s'y rapporte annonce une casting serré de grands travaux : Lillenium à Lille Sud, on enchaîne avec le cinéma Pathé, on parie sur des bureaux de standing à la place des Tours Marcel Bertrand et d'autres qui cimentent un peu plus l'assise du pouvoir dominant. On connaît le décor, des grues partout, du vert nulle part. Petit tâche dans cette pièce répétée inlassablement, l'envolée lyrique d'une piscine à Saint-Sauveur s'est pris une belle pelle, et on espère que cette chute en ouvre d'autres vu ce qui se profile en terme de démolition dans les quartiers populaires, parole d'ANRU 2.

Les municipales approchent et ça ne fleure pas le coup de théâtre. Aubry s'accroche tant bien que mal à son beffroi, au point même de pactiser avec la droite. Elle aurait promis à Darmanin la MEL en échange de quoi elle ne devrait par être inquiétée pendant le scrutin par LREM. Bref, le mercato a bien démarré. Quelle qu'en soit l'issue, on reprend les mêmes et on continue. Béton, béton, béton. Grosse fatigue... Entracte.

La litanie des répliques creuses force encore le trait de ce bal tragique.« Intérêt général », « ordre public », « protection des citoyen.nes », ces tiroirs rhétoriques ont des allures comiques quand on les ouvre. Quartiers populaires spécialement dans le viseur façon plus de keufs pour sauver les jeunes en déshérence, comique ; Culture en avant première en mode expo permanente d’un collabo au musée La Piscine histoire d’entretenir le mythe de la nation française : ça c’est de l’action publique ! Pas de doute : l'heure est à la « reconquête républicaine ». Rideau encore ! L'Eldorado n'est pas loin.

République pour citoy-rien ? On le sait que trop. Quand l'ordre établi court après sa légitimité, c'est la stratégie du biffe qui prime, quoique, pas si facile. On a déniché quelques failles chez ces stratèges, il faut dire qu' entre les élu.es qui s'achètent une carrière politique sur le dos des migrant.es, les capitalistes qui se découvrent une tendre passion pour l’enseignement de l’écriture à l’école, les haut.es placé.es de l’Université de Lille et de la MEL qui usent un peu trop de la poudre de perlimpinpin citoyenniste : on avait l’embarras du choix. Cher.es spectateur.trices, déchirez vos billets, arrachez les sièges, écrivons l'acte suivant.

La Brique
Dessin par Clément

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