En politique, le droit du sang est capital. Madame la secrétaire d’Etat à la Solidarité le sait bien. Non contente d’être la fille de son père qui l’a tenue par la main partout où elle a été élue, Valérie Létard cumule responsabilités, mandats et indemnités de tous ordres.
Papa porte un nom respecté par une grosse moitié de la classe politique à droite. Il fut le mentor d’un certain Jean-Louis Borloo, ex-maire de Valenciennes, actuel ministre du développement durable. Et qui d’ailleurs, dure depuis sept ans dans tous les gouvernements successifs que font Chirac puis Sarkozy. Leur terrain de chasse, c’est le Valenciennois et l’Amandinois. Le monsieur craint de tous était un pote de Georges Donnez, ancien maire de Saint-Amand, de la bonne bouille duquel se souviendront facilement les vieux lecteurs quand Guy Lux le charriait dans son jeu télévisé Intervilles.
Madame Fille est née la même année qu’Intervilles. 36 ans plus tard, elle est propulsée conseillère régionale (modèle centriste) puis l’une des plus jeunes sénateurs/trices (sur une liste commune avec le RPR) puis ministre auxiliaire, par la grâce de son géniteur si influent. Merci, Pa !
“Pa” a été deux fois député européen et personne n’a bronché quand il s’est imposé. Personne - ou presque- ne dit mot quand il impose le nom de sa fille sur une liste régionale ou sénatoriale. Pardi ! L’ancien chef d’entreprise est un homme de réseaux et d’influences qui impressionne.
Francis Decourrière - c’est le nom du monsieur - vient de faire parler de lui après son altercation il y a quelques semaines avec un arbitre de foot retors : des deux côtés, les noms d’oiseaux ont volé bien bas. On était loin de se douter que le père de madame la sécrétaire d’Etat, si lisse et si polie, et au bilan si présentable, usait d’un tel langage de charretier. Président du club de foot, il est la cheville ouvrière du futur stade de Valenciennes qui émerge en plein centre de la ville.
D’ailleurs, depuis que Borloo se développe durablement à Paris, le centre de la ville c’est lui. Autour du deus ex machina gravitent des satellites comme Dominique Riquet, tête de liste aux européennes pour l’UMP et actuel maire de Valenciennes.
Ou Valérie Létard, justement, patronne de la communauté d’agglomération du Valenciennois. Elle dit non à Sarkozy pour être tête de liste aux européennes et mieux rebondir un jour à la mairie ou ailleurs. Ou aux élections régionales de l’année prochaine et pourquoi pas comme tête de liste à droite ? Elle largue Bayrou, jugé trop incontrôlable et dangereux pour son électorat de centre droit, et se love dans les filets d’un Nouveau Centre plus sarko-compatible et moins risqué pour sa carrière. Papa est de bon conseil. Comme une sorte de Jacques Delors pour Martine Aubry.
En attendant, madame la secrétaire d’Etat à la Solidarité compte. Et cumule.
Récemment, le mensuel Capital [1] a estimé ses revenus autour de 200 000 euros par an. Traitement de ministre, indemnités de conseillère régionale, sans oublier les émoluments de première adjointe à Valenciennes, et de présidente de communauté d’agglomération qui font un beau petit pécule. Ministre, c’est un job en CDD, c’est vrai, et un remaniement est dans les tuyaux. Mais pas question de se retrouver un jour au RSA. Secrétaire d’Etat à quoi, déjà ?
M.P
1 :
[1] Certain-es élus ou professionnels de la politique font la morale en affirmant qu’une certaine presse sombrerait dans un poujadisme anti-parlementaire en révélant ou reprenant ce genre d’infos sur les revenus des élus ou leur assiduité pendant leur mandat. De quoi se sentir visé ? Visez au coeur, mesdames et messieurs les censeurs.