j'habite aux abords de vos fleuves
le long des gares sur des terrains vagues
nos familles y installent des villages
de caravanes bâchées de taules lasses
j'erre dans vos villes pour chercher
ce qui remplira des assiettes ébréchées
chasser le cuivre, vendre la ferraille
récup' en tout genre, revente au détail
je connais vos déchets vos poubelles
tous vos marchés toutes vos rues belles
je vis dans vos vêtements de vos restes
je mendie vos pièces et vos miettes
partout des ombres nous appellent
voleurs – mafieux – proxénètes – criminels
qu'on soit bulgare, slave ou roumain
c'est la même sous-culture qu'on dépeint
le soir nous retrouvons nos bidonvilles
nos feux dressent sous vos fenêtres
les fumées d'une métropole aux abois
l'indifférence cendre nos nuits de froid
nos sirènes n'ignorent pas les vôtres
asservis à votre misère et votre anathème
si nos rêves s’épellent comme les vôtres
notre histoire est le reflet de votre haine
les valses marinent de Cauche à droite
distillent des pensées d'un âge de terre plate
indiens, khmers, kurdes, arméniens
tutsi, juifs, roms - et puis encore combien ?
quand un fusil narguera ma poitrine
envolera ma vie pour quelques vivres
verrez-vous surgir du sang versé
la gémellité de nos misères fratricides ?
W.R