JOUR
Des tranches, des tranchées et trachées arrachées.
Les artères des cuisiniers se labyrinthent.
Les maîtres-bouchers dansants, chante la viande nouvelle, la prochaine chair.
Distribution convenable à chaque carnivore.
MARCHERA DANS LE RYTHME PARFAIT D’UN COUTEAU QU’ON AIGUISE
SALIVERA COMME UN CHIEN ET AVALERA
Ils engloutiront, menés, dirigés, par le « devenir nous ». (dictyoptères, mammifères et autres terres )
Il faudra monter le troupeau, qu’on nous amène des selles pour prendre l’air à cheval.
Enfin harnachés, ils charcuteront ce morceau gras, et informe, qui se masturbe comme un adolescent pubère.
Ceux-là, que nous deviendrons, seront ceux dont on peut craindre le coup : de pied, de fouet, de gueule et de théâtre portés à la tête.
Ceux qui ne sont jamais allés dans la rue y dépériront.
Et alors devenus chevaux nous -mêmes, nous enfanterons le désert.
L’horizon appartient toujours à celui qui le traverse.
NUIT
Le festin a passé.
A bien mangé.
A bien bu.
A bien digéré.
« Merci petit Jésus
L’embarquement divin a ensanglanté les villes, les églises, les plages et les montagnes.
Les charcutiers dorment dans leur marinade.
L’enterrement demain. Des enfants nantis, des lions arrachés et de leurs lionnes primées dans le passé par quelques présidences-putains.
Alors le sommeil maintenant, serein, n’abjecte plus et digère cette grâce.
Ce n’est plus un coq qui réveille les dormeurs. C’est un gai cafard qui rappelle le désert.
Qui rappelle que l’écrasement sera de la reproduction.
Une matinée féconde.
Charcutiers fertiles devenus nouveaux jardiniers.
Quand l’eau naît du désert.
MATINEE
Des dormeurs. Des gros-gras-grands, de petits-pas-pédants,
Qui materont le sommeil
dont les rêves fabriqués commencent à se résumer : publicités, pornographies, journaux imagés : de célèbres photographes et de célèbres modèles…
Puis des dormeurs à la crosse embouchée. Cent et des milliers de fois.
Ont horizontalisé de leurs bras le geste ; comme des chefs achevés.
L’érotisme dans l’absence de drapeau perfore l’embouchure d’une colère qui se fait trachée de joie.
Devenir cendres.
Incinérations utiles des matières.
Puis le mélange des sources enduit le béton qui s’arme.
AVANT- VEILLE
Puisqu’il faut.
Vient le malaise. Ce moment où l’individu seul en ses organes, regarde ce qu’il vient d’ingurgiter. Parce qu’il va rendre, qu’il est plein et tourne.
A trop mangé.
A trop bu.
« Vas chier Petit Jésus »
Les hélices arrivantes trancheront et feront des ponts, des tunnels, des tunnels pleins.
Ce malaise est la lancinante descente aux enfers d’une génération qui s’hélicopte et se scarifie.
Qui ira bêcher la terre : En fera du sable.
Que la mer ne balaiera pas.
Que l’horizon même ne balaiera pas.
Qu’on viendra mâcher, plier, piler pour en faire finalement, de la roche.
La mer disparaît toujours.
(Seul l’étendu reste.)
Louise