Le prix du sang

sang debitÇa fait belle lurette que le sang collecté n'est plus transfusé directement aux malades. Depuis le scandale du sang contaminé des années 80, les pouvoirs publics ont opté pour le tout médicament. Votre corps sera bientôt réduit à une vulgaire marchandise.
 
 

Après avoir répondu à une batterie de questions plus saugrenues les unes que les autres, que sait ce donateur du parcours du sang définit par l’établissement français du sang (EFS)? Une fois extrait, il est d’abord centrifugé pour séparer les globules rouges de ses autres composants : globules blancs, plaquettes et plasma. Les globules rouges sont filtrés, analysés et envoyés aux hôpitaux afin d’être transfusés aux patient.es. Les plaquettes servent aux patient.es souffrant d’un déficit, alors que les globules blancs, difficiles à purifier, sont remplacés depuis les années 80 par des antibiotiques. Enfin, le plasma, non utilisable ou presque sous sa forme brute, prend la route du Laboratoire Français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB). Cette entreprise - intégralement financée par l’État - synthétise le plasma pour le transformer en médicament. Il reste que l’EFS et LFB, bien que tous deux publics, voient leurs échanges monétisés. En effet, lorsque le sang quitte l’EFS, la valeur d’une poche est fixée à 113€ HT1.
 
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Du plasma aux médocs, le privé en embuscade
 
Concernant l’utilisation du plasma, 10 % sont utilisés pour les transfusions thérapeutiques. Les 90 % restants sont transformés en cachetons par des laboratoires (privés ou publics) et revendus pour être utilisés dans la prise en charge médicale des patients. Un business juteux. En effet, les hôpitaux, financés sur des fonds publics, nourrissent les actionnaires de certains laboratoires privés faisant leur beurre sur des hectolitres de générosité sous poches. Récemment, le conseil d’État a accentué le caractère marchand du sang, en accordant le droit à la multinationale suisse Octapharma de commercialiser un des trois types de plasma existant : le « plasma SD », utilisé comme un médicament à part entière. Ainsi, l’argent des hôpitaux publics engraisse le géant suisse. De plus, Octapharma reste floue sur la provenance du sang. Bien que l’entreprise s’est engagée auprès des pouvoirs publics à n’utiliser que du sang issu du don, celle-ci opère dans des pays où le « don » est rémunéré.
 
Coup dur pour le secteur public
 
L’arrivée des multinationales sur le marché sanguin (Baxter USA, CSL Berhing Australie et Octapharma) n’est pas sans conséquence pour le LFB : en quelques années, disparition de 290 emplois après une première purge de 35 salarié.es dans la branche Recherche et Développement. De même, la récolte du sang s’effectue en France par le don, pour une raison éthique : ne pas pousser une personne à donner son sang par nécessité financière. L’arrivée de ces entreprises instaure une logique financière qui amorce une vision du corps humain mis aux enchères au nom de la recherche… de profits ? Si donner notre sang reste utile, veillons à ce qu'il soit injecté ailleurs que dans les poches des actionnaires.
 
Riton
1. Le prix de tous les éléments sanguins bruts est fixé plusieurs fois par an par l’État. Le prix représente les coups de fonctionnement et des contrôles sanguins.

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