Alors, vous pensiez qu'on allait vous laisser profiter de l’été, glandouiller à la fraîche avec un assortiment de mots croisés niveau médium ? Et ben nan, raté. La tentation était forte de se laisser aller à la douce chaleur de l’été après une année sociale haute en événements. Entre les élections, les manifs réprimées, le contexte sécuritaire, faut dire qu’on a morflé. On aurait bien fait une pause aussi, en vous sortant un numéro 51 bien anisé, mais Macron et son monde ne sont pas du genre à attendre la rentrée pour nous faire trimer et livrer tous les pans de nos vies aux diktats du capitalisme.
L'état d'urgence indéfiniment reconduit est mûr pour passer dans le droit commun. Un prétexte pour lâcher définitivement dans nos rues une nuée de décomplexé.es du calibre, accompagné.es d’une demi-douzaine de canassons pour faire bonne mesure. Remarquez qu’il.les n’ont pas eu besoin de la cavalerie pour faire traîner leur matraque dans les parties intimes d'innocents. Et localement, pour balancer un motocycliste dans le coma suite à une énième intervention musclée dans les quartiers populaires. Les procès, qui concluent que les keufs ont fait un « usage proportionné de la force » ont malheureusement encore de beaux jours devant eux. Ou comment l'État pisse sur les cadavres qu'il enterre : d'Adama Traoré en passant par Rémi Fraisse.
Sinon, on a bien apprécié les derniers épisodes de la farce électorale. On a sorti les pop-corn devant la décapilotade du PS, retour de bâton prévisible des derniers mois sous le signe de l’ultra-sécuritaire et ultra-libéral. On s’est un peu ennuyé.es devant quelques longueurs, l’agonie de cette vieille « gauche » qui n’en finit pas. Ou encore la mise en scène de ces nouvell.eaux député.es découvrant l’Assemblée pour bien montrer qu’il.les ne sont pas des « politiques professionnel.les ». Surtout, n’oubliez pas le Guide. On ne doute pas une seconde que Macron et sa clique, passés ces quelques semaines de démonstration de renouveau, relancent le manège austéritaire qu'on nous sert depuis 30 ans. Aux législatives encore, le PS n’aura plus rien à brader à la rentrée. Certain.es d’entre nous espèrent quand même que les deux députés France Insoumise n’auront pas d’insoumis que le nom, pendant que le reste du canard se fout royalement du mirage démocratique en finissant les pop-corn.
Pourtant, l’heure n’est pas à la détente. Calais n'a jamais connu plus féroce chasse humaine. Pendant que le président appelle de ses mots creux à la « plus grande humanité », le nouveau ministre de l’intérieur en visite dans la ville a réitéré son soutien à la violence des cognes, assurant qu’il ne pouvait y avoir d’humanité... sans fermeté. Classe, il est même allé jusqu’à inviter les humanitaires à aller « exercer leur savoir-faire » loin de Calais. Le mépris est à son comble quand on sait dans quelles conditions tentent de survivre les exilé.es depuis plusieurs mois. La presse locale, fidèle à elle-même, y trouve même matière à ironiser et à dépolitiser en réduisant comme toujours la situation à une suite de faits divers.
À ce propos, paraît que Pujadas s'est cassé du 20h de France 2. Le service public perd le meilleur publicitaire de la soupe libéralo-macronienne. Bon débarras, et éteignez-moi cette télé ! Tant que vous y êtes, sabotez même les élections, comme les copains à 0% de la dernière campagne législative. Y aura toujours la Voix du Nord pour rien comprendre, et demander un changement des règles d'accès à la candidature. Pendant que leurs collègues à la radio exigent un « vive la France » d’une députée, pas assez blanche à leurs yeux. De quoi clarifier le sens de la « liberté d’expression » pour cette engeance médiatique : tant qu’on reste dans la ligne raciste et sexiste générale, tout va bien…
Et au fait, on a officiellement gagné notre procès commencé en 2015 contre la mairie de Lille. Si vous vous souvenez bien, Aubry nous interdisait de vendre à la criée sur le marché de Wazemmes, bafouant sans aucune gêne la liberté de diffusion de la presse. Sommé de retirer l’arrêté municipal abusif, Xavier Bonnet, le petit adjoint intendant à ces questions-là ne se « presse » pas pour nous répondre. Entretemps, Bonnet aura fait les frais de la valse électorale. Que son successeur, Franck Hanoh, nous réponde ou non, on sera fidèles au poste, sur les luttes, les marchés, et partout où on le voudra.
Le collectif de La Brique