ruand de la culture
Didier Fusillier, boss de Lille 3000, se pavane dans Télérama. Vieux beau, ténébreux mais décontracté posant dans un décor post-industriel, on croirait une pub sortie du Figaro Magazine.
Ajoutez-y des tirades philosopheuses accouchées d’un trait de coke d’un mètre de long : excentrique, hors du temps, hors norme, hors catégories sociales, hors police, ultime et magique, Fusillier évide de leur sens les romans de Franz Kafka et Philip K. Dick. En leurs temps, ces auteurs de science-fiction dénonçaient le cauchemar bureaucratique et virtuel des sociétés modernes. Aujourd’hui, Fusillier se pose plutôt en rejeton parfait de cette déshumanisation contemporaine – Lille 3000 exprimant la quintessence de cette gauche mondaine qui considère « n’importe quelle posture modernisatrice ou provocatrice – que ce soit sur un plan technologique, moral ou autre – pour un geste qui serait toujours, et par définition, ’’révolutionnaire’’. » [1]
En grand artificier de l’artificiel, Fusillier convoque kermesses et Gilles pour nous refourguer son Fantastic. À mille lieux des transgressions païennes et populaires, Lille 3000 nous demande d’adhérer massivement à leur « projet » culturel. Or, si La Brique fait sa rentrée, c’est bien du côté des carnavaleux-ses, de celles et ceux qui détrônent les idoles et renversent les hiérarchies.
[1] Avant-propos de Jean-Claude Michéa au livre Culture de masse ou culture populaire ? de Christopher Lasch, Climats, 2001 pour l’édition française.