Martine Aubry est socialiste. Pas « socialiste et libérale » comme Delanoë, non non, socialiste – tout court. Et elle le clame haut et fort depuis le « pôle des reconstructeurs » [1].
Et reconstruire c’est quoi pour une socialiste ? L’implantation célébrée en grande pompe de Microsoft, avant-garde mondiale de la gestion ouvrière d’Etat ; la démolition de barres HLM pour installer Euralille 2, centre de coopératives autogestionnaires ; ou encore un commissariat populaire à l’entrée de Lille Sud. En face, il est prévu l’implantation prochaine d’un supermarché Carrefour. Pourtant, dans un rayon de dix minutes en voiture autour de Lille Sud, on compte déjà cinq supérettes, trois supermarchés et trois hard discount. Boulevard des modes, les pauvres devront désormais passer entre l’aliénation douce de « Carrefour, je positive », à droite, et la méthode plus brutale du comico, à gauche. Pousseurs zé pousseuses de caddie de tous les pays, croyez-nous, l’utopie est en marche.
Avec ce projet révolutionnaire, Marxine Aubry peut déclamer fièrement lors de la petite sauterie reconstructrice « qu’il n’y a pas de liberté sans égalité, qu’on n’est pas libre quand on n’a pas de boulot ou de logement ». Ou encore « qu’il n’y a pas d’ordre sans justice ». Avant d’entonner à tue-tête « Debout les damnés de la terre… ». Ah non, ça c’est de la fiction.
[1] Courant réunissant Strauss-Khan, Aubry, Fabius, Montebourg (...)