Roland et Mireille tiennent le bar « Au chti péqueux », le long du canal de Roubaix. Ils ont repris le fonds de commerce depuis 3 ans et demi. « Il n’y a jamais eu de réunion autour du projet. C’est en permanence du « on dit... ». C’est totalement aléatoire. Les projets, tous les ans ils changent. Nous on ne sait pas, entre la mairie, la SEM, *etc. De toute façon, c’est de la politique ça. Ce qui est sûr, c’est que nous on pourrait pas acheter 100 m2 là-bas. Dans la rue de l’Union, il y a des maisons murées depuis 10 ans. Ils virent les gens, les mettent dans des cages à poules et laissent pourrir les maisons. Pourquoi ? »
Salah. Il est l’emblème de la résistance au projet. Il tient son café depuis 44 ans et « ne partira jamais ». « Le bar restera le phare de l’Union. » nous lance-t-il. Sa résistance, il la mène seul : « Moi, je suis libre. Pas d’associations. » Amer : « L’EPF* a poussé les gens dehors. Les gens ont été mis à la porte avant les réunions de concertation. »
Pour Yamina, qui vit à quelques mètres du bar de Salah, « c’est un peu grâce à lui qu’on est encore là ».
Annie, habitante de la rue Stephenson, répète : « Les gens ont eu peur. Ils sont tous partis. » Sa maison est coincée entre deux maisons inoccupées depuis plus de sept ans. « Ça fait des dégâts dans la maison et ça coûte très cher pour se chauffer. C’est pas normal, quand on achète quelque chose, on l’entretient. » Le projet est complètement opaque pour elle aussi : « Aux réunions, ils disent une chose et puis une autre, on ne comprend rien du tout. »
Pendant ce temps, le long du canal, la « Maison des habitants » est en construction.