Depuis 2006, HEP rassemble une quinzaine d’adhérents et des dizaines de sympathisants autour d’une double volonté. D’une part, habiter ensemble pour créer une vie coopérative de groupe, tout en respectant l’intimité de chacun.
D’autre part une conception écologique inspirée de la simplicité volontaire, qu’on résumera dans un « consommer moins » (d’énergie, d’espace, de matériel, de bagnoles, de mètres carrés). Bernard nous explique que les adhérents se sont rapidement « créé un outil de collaboration, un wiki [boîte à outils coopérative sur le net], qui a plutôt bien marché. » L’asso envisage par ailleurs de créer une mixité intergénérationnelle et sociale. Les adhérents eux-mêmes recouvrent toutes les catégories d’âge. Néanmoins, des impasses apparaissent : « Tous les désirs peuvent se révéler impossibles, voire contradictoires. Certains posaient la question de l’accès à ce type de logement, qu’on n’avait pas tous accès au même mode de financement, de crédits. » C’est pour cela que les questions juridiques ont pris une place importante.
Par ailleurs, quelques membres sont intervenus lors d’opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH). Le but : sensibiliser les personnes concernées au développement durable dans l’habitat, « économies d’énergie » et « tri sélectif ». HEP reçoit une subvention pour cela, suite aux demandes répétées de l’ancienne adjointe au développement durable de Lille.
Cet exemple reflète bien l’ambivalence du mouvement d’habitat partagé. Le but initial d’une utopie concrète se confronte aux réalités du marché : un espace urbain régi soit par le privé, soit par des institutions qui ont tendance à mettre en avant le développement durable et à faire de l’habitat groupé une caution idéale pour les « écoquartiers ». Un des membres de HEP nous confiait le danger de voir exclus les habitant-es des processus de décision en prenant l’exemple de la Zone de l’Union à Roubaix. On ne va pas le contredire [1] !
[1] HEP tient une permanence mensuelle tous les deuxièmes mercredis du mois à la MRES (Lille) et organise des ateliers. Sur la Zone de l’Union, voir La Brique n°19 « Tout changer pour que rien ne change », nov. 2009.