C'était il y a 40 ans, en septembre 1979, dans le quartier du Vieux-Lille. Une faune bigarrée est postée devant un vieil immeuble décrépit de la place Louise de Bettignies : babas cool auxcheveux longs, travailleurssociaux, militants des quartiers et même une bonne sœur, débarquée du couvent voisin.
La raison ? Madame Eely, une vieille dame de 80 ans, est menacée d'expulsion par son nouveau propriétaire qui vient de racheter plusieurs bâtiments dans le quartier. Et la pilule ne passe pas ! Ce rassemblement, c’est l’acte de naissance de l’Atelier Populaire d’Urbanisme du Vieux-Lille.
Et si en quarante ans le quartier a bien changé – à force d’avoir été le terrain de chasse des promoteurs et autres spéculateurs que la mairie « socialiste » avait invitée – l’APU, lui, n’a pas changé son fusil d’épaule : défendre tous les habitants dans leurs problèmes de logement. Syndicat du quartier, l’asso lutte sur tous les fronts : expulsions, logements insalubres, arnaques des propriétaires, etc. Hier commeaujourd’hui, elle reçoit un public toujours plus nombreux envoyés par des services sociaux souvent dépassés.
Qu’on se le dise : l’Apu fait un travail que les institutions ne sont pas capables de faire, mais dont elles ont besoin. Preuve supplémentaire de son importance : l’APU a même essaimée dans d’autres quartiers lillois, à Moulins et à Fives.
Un copain de l’association nous disait récemment la chose suivante : « Vivre dans un taudis, ça t’atteins dans ta chair. Tu ne t’en rends plus compte, tu te dis qu’il faut se faire une raison, que ce n’est pas si grave, qu’il faut comprendre ces pauvres bailleurs avec leurs crédit à rembourser. C’est ça qu’on appelle une atteinte à la dignité : quand on se résigne. Alors tu plies l’échine, doucement, sans t’en rendre compte. Après tu blanchis, doucement, tu perds des couleurs. Puis tu deviens timide, tu n’oses plus rien. Tu raques et tu vis dans la peur. C’est ça une atteinte à la dignité, tout simplement. » Alors, au delà des logements pourris ou des bailleurs anti-sociaux qui expulsent, le premier combat de l’APU, c’est peut être avant tout celui-là : lutter contre la résignation et restaurer la dignité de ceux et celles qu’on essaye de faire plier dans le silence.
Et parce que on ne lutte pas dans la morosité, on vous propose de venir nous rejoindre pour une semaine d’action, de débats, de concert. On a même invité d’autres associations copines comme LMPE (associations d'écrivain.es publics), Bartholémé Masurel (aide aux personnes surendettées)...
ALLEZ LA ! Big Up à l'APU !