La mare aux virus

darmanin roi 2
En ces temps de confinement lié au coronavirus, il est navrant de voir que les virus ne sont pas toujours là où on les attend, les crevard.es se propagent. On nous dit de ne pas sortir mais le premier tour des élections municipales est quand même organisé malgré l’opposition de scientifiques, de différents partis et la peur légitime des électeurs.trices. La carte électorale remplace-t-elle l’attestation de sortie ?

Le logement c’est maintenant ? 

Peu avant le confinement, fin de campagne oblige, les Ateliers Populaires d’Urbanisme de Fives et du Vieux Lille organisent le 4 mars dernier un débat sur la question du logement avec les candidat.es à la mairie de Lille. Les APU ont rédigé et regroupé des propositions concrètes pour le logement au sein d’un livret (1). On est allé.es y faire un tour et on a bien rigolé devant la mauvaise foi des crevard.es. Six listes étaient présentes : le PS, LREM, LR, EELV, la FI et Résistance Populaire-NPA. Le débat, animé par nos confrères de Médiacités, que l’on remercie d’ailleurs pour leurs articles nombreux sur les politicien.es lilloise.s, n’a pas manqué de piquant. Il faut dire qu’on a été servi : entre les attaques incessantes de Julien Poix et Alexandre Chantry pour la FI et Résistance Populaire envers les représentant.es de la liste d’Aubry et de LREM sur leurs politiques de logement et le chahut du public turbulent envers les représentant.es des différentes listes, le débat était animé ! Tout le monde veut bien sûr réhabiliter les logements vacants, mais quant à leur réquisition, autant dire que ça ne se bousculait pas au portillon en dehors des listes classées très à gauche… Alors qu’il y a urgence pour reloger les centaines de familles en attente de logement social, les partis politiques servent la soupe aux futur.es électeur.ices mais quand il faut agir concrètement, y’a plus personne…

Je suis Charlot 

Pour le débat, l’équipe de campagne de Violette Spillebout a dépêché un de ses plus grands « spécialistes » du logement : l’ancien adjoint au développement durable de Lille, Bernard Charles, 5e sur la liste de Spillebout. Cet ancien fidèle d’Aubry a dès 2017 soutenu la République en Marche au moment des législatives. Autant dire que la maire lilloise n’a pas trop apprécié que Charles ne soutienne pas Lamy, son poulain étiqueté « M.Politique de la ville » (2) : elle a donc décidé ensuite de lui virer ses délégations. Faut pas l’emmerder, Aubry.

Airbnb en marche 

Charles a donc essayé de débattre sur le fond des propositions des APUs et de sa candidate. Il a vainement plusieurs fois tenté de dire qu’il faut discuter avec tous les acteurs (bailleurs, entreprises, locataires et collectivités..). Il reprend ainsi la rhétorique de sa cheffe lors d’un précédent débat : il faut discuter avec Airbnb, trouver un terrain d’entente, écouter tout le monde et se mettre autour d’une table, la fameuse discussion entre « partenaires » rappelant le cirque habituel de la « concertation avec les partenaires sociaux ». Airbnb cette fameuse boite qui spécule sur les logements et qui empêche les gens de se loger dignement en mobilisant des logements permanents pour les touristes dans les villes et qui ne paie pas d’impôts en France.

Tout le monde déteste LREM !

L’ami Charles s’est fait aussi plusieurs fois fait rentrer dedans par le public et par l’Insoumis Julien Poix sur les mesures prises par le gouvernement, qu’il représente de facto. Les plus dures critiques sont relatives à la loi ELAN et la baisse des normes pour les constructions de logements pour les personnes en situation de handicap (3). Le candidat Alexandre Chantry a aussi évoqué l’enquête de la Brique à propos des travaux gracieux de la Maison de la Photo et de la maison à Miami des Spillebout, ce à quoi l’élu de droite rallié à LREM, Thibaut Denis du Péage a hurlé « Diffamation ! Diffamation ! ». Veut-il dire que Violette Spillebout est déjà partie se réfugier dans son pied à terre en Floride pour éviter le confinement ?

Daubresse du vent 

Autre participation notable, le truculent Marc Phillippe Daubresse. Celui-ci vante, lors du débat, la mise en œuvre d’une gestion pragmatique du logement sur Lille et via la MEL (traduction : dans la mesure des moyens économiques). En dehors de ça, il a souvent cité son CV : ministre du logement sous Chirac, ancien président de l’Agence National de l’Habitat et vice-président chargé de l'aménagement du territoire (au niveau du plan local d’urbanisme) de la MEL depuis 2014. Et toujours pas maire de Lille ? En tout cas sur son CV, il s’est bien gardé de nous rappeler l’enquête et le signalement sur ses frais de mandat irréguliers et sur le détournement de fonds liés à sa permanence parlementaire à Lambersart révélée par plusieurs médias (4).

 darmanin roi 2

Résultats des abstentions municipales

Les résultats du premier tour des municipales du dimanche 15 mars ne sont pas fameux. Non, on déconne, ils sont carrément catastrophiques. L’abstention est toujours surtout massive dans les quartiers populaires lillois. Alors qu’en 2014, le taux de participation est de 47,44 %, il s’élève aujourd’hui à 32,63 % à Lille… On dirait bien que le virus de la participation démocratique ne soulève pas les foules. Serait-ce à cause des consignes contradictoires de l’exécutif d’aller voter alors qu’une pandémie mondiale nous pend au nez ? Mystère et boule de gomme.

L’élection du ou de la maire de Lille se fera en oubliant ainsi deux tiers des lillois.es inscrit.es sur les listes électorales. À Tourcoing, où le ministre Darmanin a été réélu dès le premier tour, l’abstention atteint presque les 75 % mais soyons rassuré.es de sa lucidité car selon ses propres termes : « Il faut rester modeste car l’abstention est élevée. ». Pour la ville de Roubaix, on atteint presque 80 % d’abstention. Avec un tel taux d’abstention, nul doute que les plus pauvres ne se seront jamais aussi bien senti.es représenté.es.

Résultat du second tour : 0%

Quant au second tour, il est repoussé au mois de juin, et les résultats du premier sont ainsi sanctuarisés malgré l’opposition des constitutionnalistes (et pas que!). Pour le dépôt des listes, LREM et le gouvernement voudraient qu’il soit également fait avant fin juin, ainsi les alliances auront-elles le temps d’être construites et négociées longuement durant les trois mois qui s’ouvrent. En raison du confinement et de la poursuite de l’épidémie, le premier ministre évoque pourtant un éventuel report en octobre. Dans ce cas, la loi d’état d’urgence sanitaire du 24 mars dernier rend caduc les résultats du premier tour . Un premier tour pour rien malgré le maintien du premier tour et ses conséquences sanitaires désastreuses ?

Désertion municipale

Le résultat du premier tour place Martine Aubry en tête des suffrages suivi de près par Stéphane Baly, le candidat des Verts (29,80 et 24,53 % environ) . Spillebout n’arrivant qu’ en 3ème position, avec 17,53 % des voix. On irait donc sur une triangulaire puisque qu’aucune autre liste n’a dépassé les 10 %. Daubresse, Pauchet et Petit ne faisant qu’un misérable 8,24 %, juste derrière le candidat insoumis Julien Poix , qui ne passera pas non plus le premier tour avec 8,84 % des voix. Le RN et son candidat, Eric Cattelin, s’effondrent avec leur petit 6,84 %. Il n’y a pas à dire : c’est que la droiche progresse. La gentrification y serait-elle pour quelque chose ?

Les états d’âme de Marc-Phillippe

Daubresse estime que son score est dû à un « scud pour nous mettre en dessous de 10 % », évoquant par là-même l’annonce publiée dans les médias nationaux de l’enquête le visant pour détournement de fonds. Il insiste cependant pour s’allier au plus offrant :  « Les programmes les plus proches du nôtre sont ceux de Violette Spillebout et de Stéphane Baly. » Spillebout refuse évidemment de s’allier avec sa pire ennemie, Valérie Petit, avant même qu’il n’y ait une proposition en ce sens. Mais Daubresse menace de faire barrage en cas d’alliance entre la FI et EELV, votant ainsi probablement pour Martine Aubry. Une droite crasse comme on en a l’habitude.

Pendant le confinement, les tractations continuent 

Les tractations s’annoncent tendues entre EELV et la liste d’Aubry, ces derniers s’opposent à la proposition de mettre en place des caméras pour surveiller les lillois par le futur adjoint à la sécurité que sera Jean-Claude Menault, l’ancien chef de la police mouillé dans l’affaire du Carlton en 2011. Mais Baly annonce qu’il va discuter avec tous les partenaires, relançant une possible alliance avec la FI. Il a ainsi déclaré : « On peut pédaler tous ensemble dans la même direction et faire une rosalie. Ou alors être sur un vélo classique. ». On n’a pas trop compris ce qu’il voulait dire mais n’est-ce pas joliment dit ? Quoi qu’il en soit, il a d’ores et déjà refusé catégoriquement la main tendue de Spillebout pour une éventuelle alliance. Fichue cette occasion de verdir le programme de LREM !

Métropole et virus 

Bonne nouvelle pour les maires élu.es au premier tour ! Selon les déclarations du ministre de l’Intérieur le 17 mars, ils et elles peuvent ainsi faire partie des équipes des intercommunalités et des métropoles et ainsi cohabiter avec les maires sortant.es en attente des résultats d’un second tour hypothétique. Un.e président.e de métropole ou d’intercommunalité sera élu.e temporairement pour une période de transition de trois mois en attendant le second tour. Après le second tour, il y aura une élection qui définira le président.e définitif de l’intercommunalité ou de le métropole. Ces dispositions sont précisées dans la loi d’état d’urgence sanitaire votée par quelques parlementaires dans un hémicycle vide le 24 mars. A la MEL, on se demande qui va vouloir la couronne (temporaire) de Castelain ? Vu qu’il a été élu au premier tour à Tourcoing, Darmanin, pourrait être intéressé. Enfin, s’il n’a pas trop de boulot au ministère des finances pour renflouer les entreprises et avec sa cagnotte Leetchi en ligne pour les hostos...

 Stickmoo

(1) La trêve hivernale est d’ailleurs repoussée à la fin mai en raison du confinement.

(2) Lamy (François) est surtout connu pour la loi du même nom, dite loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine

(3) Cette loi sur le logement votée en 2018 prévoit notamment de remplacer les normes d’accessibilité de handicap pour 100 % des logements construits par des quotas de 10 %  de logements accessibles, les personnes en situation de handicap ont évidemment beaucoup apprécié cette mesure...

(4) « Lille : le candidat LR Marc‐Philippe Daubresse visé par une enquête pour détournement de fonds publics », 11 mars, Médiacités

Rechercher

logo jemabonne

En brèves

  • Copinage (peu) éhonté ! Éric Louis « Mes trente (peu) glorieuses ».

    « Salut les copains-pines de la Brique. Encore un livre ! Et oué, entre deux journées d'usine je m'emmerde. J'espère que cet envoi gracieux me vaudra une putain de pub ! Je sais, je suis un crevard. -Éric- » C'est donc par ces mots de crevard qu'Éric Louis nous a gentiment dédicacé son nouveau livre...

    Lire la suite...

  • Another brique in the wall

    Roger Waters, chanteur, bassiste et co-fondateur du groupe Pink Floyd, performait au stade Pierre Mauroy pour un concert XXL aux airs de meeting politique, le 12 mai 2023. Entre deux classiques, le rockeur de 79 ans ne s’est pas ménagé pour balancer des pains à tour de bras, comme il l’a fait...

    Lire la suite...

  • Mortelles frontières

    Mercredi 31 Mai, un homme de 25 ans venu du Soudan a chuté d’un camion dans lequel il tentait de monter dans la zone industrielle de Marck pour passer au Royaume-Uni. Le poids-lourd lui a roulé dessus. Le chauffeur a continué sa route sans s’arrêter.Une enquête est ouverte pour déterminer s’il...

    Lire la suite...

  • Loi Kasbarian-Berge, le projet qui fout la gerbe

    Afin de protéger « les petits proprios qui ne roulent pas sur l’or » (des créatures mythologiques que le député Renaissance Guillaume Kasbarian serait le seul a avoir aperçus), la loi prévoit de dégommer...un peu tout le monde. D’après une proposition de loi, votée en octobre 2022, les locataires,...

    Lire la suite...

  • Justice oisive à Lille : plus d'un an d'attente pour les procès de manifestant.es

    Ça se bouscule aux portes des tribunaux. La faute à qui ? La police ! À Lille, de nombreux procès bidons sont prévus pour juger les personnes qui se sont fait ramasser avant, pendant et après les manifs. Tellement que certains procès ne se tiendront qu'en septembre... 2024 ! La justice est...

    Lire la suite...