Une semaine avant Noël, un sixième ouvrier meurt suite à l’incendie des Aciéries Thyssen Krupp de Turin. Silence médiatique en France. Le déroulement du drame éclaire sur la manière dont les logiques de profit prennent le pas sur la sécurité. L’usine fonctionne 24/24h, mais emploie deux fois moins d’ouvrier-e-s qu’auparavant. Lorsque l’incendie se déclare, le 6 décembre 2007, à 1h10, travaillent des ouvriers qui doivent effectuer douze heures (dont quatre en heures sup’, suite à des “réductions d’effectif”). Mais la fatigue n’est pas responsable ici. C’est une fuite d’huile qui a mis le feu aux installations vétustes de l’usine. Lorsque les ouvriers s’emparent de l’extincteur, il ne fonctionne pas, comme d’ailleurs les lances à eau ! Reste le téléphone d’appel d’urgence, mais celui-ci est également hors service...1
Devant cette accumulation de négligences, une grève éclate le 10 décembre pour dénoncer les accidents du travail (plus de 1300 morts en Italie en 2007). Des dizaines de milliers de personnes manifestent leur soutien aux victimes. Tous interrogent patrons et industriels : quelle était la politique de Thyssen Krupp ? A Düsseldorf, les dirigeants cherchaient la rentabilité. La décision avait été prise de fermer les aciéries de Turin en juin 2008, alors pourquoi investir dans du matériel ou de la main d’œuvre pour une usine vouée au démantèlement ?
Le groupe possède des usines partout dans le monde. Ainsi, Electrical Steel UGO, classé Seveso bas, localisée à Isbergues (Pas-de-Calais). Pourvu que le personnel de l’usine et les habitant-e-s de la commune n’oublient pas la catastrophe italienne et la façon dont Thyssen Krupp soigne ses ressources humaines.
1 : Journal de Lutte Ouvrière, 12/12/07.