Pneus brûlés et criminalisation du mouvement social

manif pneuLe printemps a fait l’objet d’une vague sans précédent de condamnations de militant.es par la justice. Dans la région Hauts-de-France, les juges ne sont pas en reste ! Le 4 octobre dernier, alors que La Brique est en procès pour vente à la criée illégale, six militants sont jugés pour avoir brûlé des pneus sur le rond-point des Postes à Lille. La criminalisation du mouvement social n’est pas prête de s’arrêter.
 

 

Six militants comparaissent devant le tribunal correctionnel de Lille pour "entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique", "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens", et "dégradations ou détériorations du bien d'autrui aggravées". Le verdict du tribunal est sans appel, six mois de sursis pour l’un d’entre eux, les autres prennent trois mois de sursis assortis de 140 heures de TIG (travail d'intérêt général) et une amende de 27.000 euros qu'ils doivent solidairement, censée rembourser les dégâts commis par les prévenus, alors qu'aucune trace ne persiste sur la rotonde.

À Amiens, l’odeur des pneus brûlés a également soufflé dans les narines du juge. Cinq militants ont été condamnés pour avoir occupé la gare d’Amiens, bloquant le trafic pendant une heure. L’un d’entre eux écope d’un mois de prison ferme, les quatre autres entre deux et six mois de sursis. L’amende est encore plus lourde. 67.000 euros sont réclamés par la cour pour rembourser la SNCF, Amiens Métropole et... l’hôtel Carlton des dégradations commises.

manif pneu

Ces verdicts sévères montrent une nouvelle fois la violence d’une justice qui condamne des actes militants sans prendre en compte le contexte de tensions instauré par un gouvernement aux abois. Cette criminalisation du mouvement social1 est une injure à celles et ceux qui subissent au quotidien la violence sociale que renforcent les réformes du gouvernement Valls, la loi Travail en tête.

Alors que dans ces deux dossiers, les camarades ont fait appel, on espère un dénouement moins carcéral, à l'instar des 8 Goodyear. En effet, en appel devant le tribunal, les Goodyear ont reçu le soutien de près de 4000 militant.es. D'abord condamnés à 24 mois de prison dont 9 ferme, leur condamnation s'est transformée en 24 mois avec sursis. Pour Claude Leclercq, secrétaire général local à Amiens : « Ça enlève un poids aux huit et à leur famille. Mais ça reste une condamnation. On ne peut pas s’estimer heureux »2.

1. La liste des condamnations ne cesse de s’allonger

2. « Goodyear : « La suppression de la prison ferme est un soulagement, mais ça reste une condamnation » », Jérémie Lamothe, Le Monde, 20 octobre 2016.

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