Les deux premières Briques vous ont informés de l’arrivée du nouveau casino à Lille. La troisième vous rappelle l’histoire du site sur lequel il va
s’implanter. Le parc des Dondaines sera de nouveau amputé au nom du « dynamisme », de la « mutation » et sans la participation de la population.
Aujourd’hui coincé entre Caulier et Lille Europe, le parc des Dondaines tombera de nouveau sous les coups de boutoir du développement urbain. Adossé au complexe scolaire Arthur Cornette, ce bout de terrain sera bientôt « mangé » par un lieu de glorification des jeux d’argent, beau programme pour nos chers bambins. Enfin…apparemment c’est indispensable pour le développement et l’image de notre ville.
Le parc des Dondaines tient son nom de l’ancienne appellation d’une des rives du Becquerel (un confluent de la Deûle qui traversait le faubourg de Fives) : « Dosdasnes ». Le site était occupé pendant les années 70 par un important bidonville. Dans le cadre des grands travaux menés par Pierre Mauroy, le bidonville fut rasé pour laisser place à un parc de loisir pour les enfants du quartier.
Au cours de sa jeune histoire le parc a dû se plier aux multiples exigences des politiques et urbanistes : il s’est transformé sous les avancées du quartier Lille Europe. La création du périphérique, de la ligne de TGV et aujourd’hui d’un « pôle loisir » (casino et hôtel de luxe) continuent à morceler le terrain et participent à la baisse sensible de sa fréquentation (maintenant utilisée comme argument pour empiéter sur le site). Si la volonté municipale avait été celle d’une mise en valeur et d’un maintien des activités, le parc des Dondaines abriterait toujours un site d’escalade unique en son genre (construit par Jean Pattou en 1976 et aujourd’hui démolit, cf. photo), un centre équestre qui accueillait les enfants des quartiers extérieurs au centre ville (mais il faut dire que les chevaux ça pue et en plus ça rend les investisseurs frileux) et tout simplement un espace vert qui aurait pu être un des plus beaux de Lille. La ferme pédagogique située dans le parc est la seule structure qui ait survécue aux différents remaniements. Elle donne depuis 1999 un nouveau souffle au site, avec notamment des enclos de part et d’autre côté de la rue Eugène Jacquet : l’impression d’un bout de campagne.
Mais la décision des politiques était tout autre. L’appellation de « Parc des Dondaisnes », qui lui confère un statut particulier, ne l’empêchera pourtant pas de devenir un terrain à bâtir, une réserve foncière pour faire avancer toujours plus les bâtisses de Lille Europe.
Le nouveau projet de l’équipe municipale sous l’impulsion du groupe Vert est pourtant, selon Eric Quiquet, « d’installer une culture de jardins publics dans la ville ». Notamment par le développement d’une ceinture verte reliant les différents espaces verts de Lille. Mais ce projet nécessite une interdiction de construire sur les sites concernés : la mairie aura-t-elle le courage de s’opposer aux promoteurs ? Aujourd’hui, le parc amputé d’un côté, sera agrandi de l’autre.
Dans l’histoire de ce site, les relations entre la population et les pouvoirs publics peuvent être résumées par une succession de rapports de forces à chaque nouvelle transformation. Dès la démolition du bidonville, la population s’était mibilisée contre le déracinement de l’énorme marronnier qui fut plus tard classé au niveau national. Par la suite, les projets d’autoroute et de délocalisation du centre équestre furent également l’occasion d’une opposition de la population. Qu’en sera-t-il pour le casino ?
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