Attrapés non loin de l’esplanade à Lille, les bords de la Deûle proposent des ballades dépaysantes et instructives. A pied ou à vélo, sur quelques centaines de mètres ou en remontant ses confluents sur plusieurs kilomètres, on découvre la métropole autrement.
Préférer le voyage à la destination, la découverte à l’adaptation : beau programme. Pour découvrir l’humeur de l’endroit, premier conseil : prendre son temps, sortir des voies les plus courtes...
C’est sûr, la façon la plus rapide d’aller de Lille à Roubaix, c’est de prendre la voiture et de descendre le Boulevard, celui des trams, ou d’emprunter le périph. Mais si un de ces jours l’idée vous prend d’éviter (au maximum) la cavalcade de grosses bagnoles bruyantes et puantes, une solution : la bicyclette. Elle seule permet d’avaler les kilomètres et de lever un peu les yeux du macadam pour regarder ce qu’il y a à coté des routes, des villes, des quartiers.
Allez hop, la Deûle est attrapée au niveau de l’esplanade sur un de ses confluents, son prolongement qui vient entourer la citadelle. Les beaux petits espaces de verdure laissent très vite la place à une succession d’usines où les équipements modernes côtoient des bâtiments aux architectures héritées de l’histoire régionale. Certaines, fonctionnent toujours, pour preuve l’apparition d’une nappe noirâtre, liquide puis solide, au beau milieu du canal. Beaucoup d’autres sont en friche. Renseignements pris auprès d’habitants du coin, l’usine en face de ce graph « 59100 » long de 10 mètres est une ancienne filature.
Lambersart et Saint-André-Lez-Lille sont derrière nous. Devant, une usine de ferraille et au second plan, Les Grands Moulins de Paris (cf. ci-dessous), bâtiment de briques rouges - devenu le paradis des grapheurs – et unique minoterie industrielle au nord de Paris.
On laisse la Deûle, on embranche sur La Marque et on ne le regrette pas. Apres le contournement de la station d’épuration de Marquette (la plus ancienne station de la Métropole) c’est un tout autre paysage qui s’offre à nous. On traverse Marcq-en-baroeul. Les maisons du quartier résidentiel ont des jardins qui donnent sur le canal. Le saule pleureur se jette dans l’eau, les barques privées sont accostées au quai et le bruit des usines a laissé place au chant des oiseaux.
La pause, moment tant attendu, s’effectue dans les espaces verts qui bordent le canal au niveau de Wasquehal. Ensuite, deuxième embranchement : on emprunte maintenant le Canal de Roubaix proprement dit. Fin du tracé sinueux et des contournements, c’est la dernière ligne droite. On accélère le rythme pour traverser Croix car la nationale longe le canal. Juste le temps d’apercevoir trois quais d’embarquement desservis par une navette, empruntable avec un ticket de métro.
Enfin, nous arrivons à Roubaix par la zone de l’Union. Les maisons ouvrières abandonnées et les usines fermées les unes après les autres donnent une impression de ville fantôme. Mais ne vous inquiétez pas, le « renouvellement urbain » passera par là.
A.D