L'Atelier populaire d'urbanisme de Fives est la petite dernière des APU. Née en 2014, l’association est nourrie par l'histoire d'une lutte qui démarre en 1973 à l'Alma-Gare à Roubaix. Premiers pas, et déjà sur ses deux jambes, pour défendre les locataires contre les marchands de sommeil et les bailleurs sociaux qui abusent de leurs droits, et soutenir les habitant.es en lutte contre des grands projets urbains.
Une APU c’est quoi ? L’APU de Fives garde les mêmes préceptes que toutes les APU de la métropole. Une asso’ qui promeut l’habitat populaire, la défense des intérêts communs et l’expertise des habitant.es. Qui mieux qu’un.e habitant.e connaît son quartier et ses besoins ? Les APU font sonner un son de cloche souvent différent de celui des aménageurs qui tentent d’imposer leurs projets.
Les pieds sur terre, un toit au-dessus de la tête
Pour Antonio Delfini, co-fondateur de l’APU Fives : « Notre asso’ a deux pieds pour marcher ; le droit au logement et le droit à la ville ». Le droit au logement prend la forme d’une lutte concrète : contre les procédures d’expulsion, les logements indécents ou insalubres, ou tout autre conflit lié au bail (charges abusives, cautions en jeu...) Les APU apportent une aide importante en la matière : « On accompagne les familles aux rendez-vous avec les propriétaires, on aide aux démarches avec les bailleurs sociaux et les services contentieux, on participe aux conseils avec les avocats ». L’atelier fivois soutient l’action des habitant.es via des rendez-vous hebdomadaires avec les salarié.es de l’association, et des permanences chaque vendredi ou samedi tenues par les bénévoles.
En plus de ce suivi individuel, ce qui distingue les APU des autres associations, c’est l’idée de soutenir les luttes des habitants. Le collectif a la volonté d’aider les habitant.es mobilisé.es contre des projets urbains qui visent à les exclure de leur propre quartier. À Fives ainsi que dans toute la métropole, il s’agit de relayer la parole des habitant.es et de la mettre en lien avec les mutations urbaines (gentrification, rénovation urbaine). « Il n’est pas difficile de faire parler les gens, ils sont très conscients des transformations que connaissent leur quartier et du mépris dont ils font l’objet ».
Le droit à la ville est revendiqué par et pour les habitant.es des quartiers populaires. Le but est d’interpeller politiques et journalistes sur la réalité vécue, et de laisser les gens s’approprier leur quartier. « Des ballades urbaines sont mises en place régulièrement, nous éditons un journal intitulé Le triton libéré, nous animons une émission de radio sur pastel FM. » Également, l’APU Fives organise une cantine tous les lundis midi, vegan, ouverte à tou.tes et à prix libre. « On a déjà fêté notre millième couvert ! » L’association, le temps d’un repas, devient un lieu d’échanges et de rencontres. « C’est à ce moment-là qu’on voit l’utilité des APU, dans leur implication dans la vie quotidienne des habitant.es ».
Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi !
À Fives, le quartier est bouleversé et traumatisé par la percée de la voie rapide en 1982, longeant la voie ferrée, et qui fait suite à une période de désindustrialisation intense. La mobilisation des habitant.es ne saura empêcher ces aménagements monstrueux. Fives se retrouve reclus à la périphérie de Lille.
En lien avec cette histoire de lutte, l’APU et ses membres accompagnent aujourd’hui plus de deux cents familles par an, à Fives mais aussi sur toute la métropole. Malgré une énergie militante et la demande des habitant.es, les financements ne suivent pas. L’APU Fives a d’ailleurs cru ne pas survivre à l’année 2017. L’association, financée principalement par la ville, la MEL et la Fondation Abbé Pierre, exerce pourtant une mission de service public. Néanmoins, l’association est contrainte de louer un local dans le parc privé et les deux salariés ont dû baisser leur salaire de moitié à la fin 2017…
Pourtant, les fonds publics ne manquent pas ! 1,5 millions d’euros ont été accordés par la ville et pas moins de cinq millions par l’Union européenne pour Tast’in Fives, un projet de création d’une cuisine commune à Fives Cail. L’objectif selon la ville de cette cantine ? « Lutter contre la pauvreté urbaine ». Pierre de Saintignon, premier adjoint du maire, indique d’ailleurs que l’alimentation serait « un vecteur de solidarité à l’échelle de ce quartier en mutation. » Bah oui, quoi de mieux qu’un bon restaurant pour réduire les inégalités ?
C’est tout un art de présenter la lutte contre les pauvres comme étant la lutte contre la pauvreté.
Pour les contacter : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou par téléphone : 06.58.71.07.64 – 03 59 22 39 76
Pour les rencontrer : C’est au local du 57 rue de Flers 59800 Lille.
Si vous voulez participer à l’APU et/ou donner un coup de main, vous êtes les bienvenu.es pour :
Les cantines : chaque lundi midi au local ! Cuisine vegan et prix libre
Les permanences : tous les vendredis ou samedis !
Et n’oubliez pas leur festival : « À nous la ville » : du 26 mars au 1er avril 2018.