Jeudi 4 décembre, 9h. La fine fleur des politicards locaux, bailleurs et autres promoteurs est réunie au siège de la communauté urbaine (LMCU) pour un « grand débat » autour de l’habitat. Une rencontre très guindée. Beaux bureaux, beaux micros, interventions retransmises sur grand écran et repas offerts.
A la tribune, promoteurs, élu-es, sociologues, s’interpellent les uns les autres dans une ambiance très décontractée, car sans aucun détracteur. Tous s’éternisent autour d’un constat bien résumé par M. Starkman, directeur de l’Agence de Développement et d’Urbanisme de Lille Métropole : « La ségrégation se renforce. Les habitants qui arrivent dans les quartiers modestes sont de plus en plus modestes », « l’attribution des HLM est en baisse [alors que] les besoins en logements sociaux ont augmenté par rapport au PLH [1] de 2005 ».
On se serait, nous aussi, mis à pleurnicher avec les élu-es si la raison ne nous avait pas rattrapé. M. Caudron est maire de Villeneuve d’Ascq, Mme Aubry, maire de Lille, M. Vandierendonck de Roubaix et tous siègent à LMCU. On croit rêver ! Ceux qui sont aux commandes depuis dix ans viennent, aujourd’hui, nous dire que ça va mal et que la situation est compliquée. La faute à qui ?
Ces constats sont d’abord les résultats des politiques menées dans ces communes, parmi lesquelles : l’organisation de la « gentrification » des quartiers anciens, la démolition des barres HLM du sud de Lille (et d’ailleurs), la concentration des populations les plus pauvres et leur éviction du centre-ville, tout en rassurant les ghettos bourgeois. Mais chut, ce n’est pas l’endroit, pas le moment...
A la sortie du « débat », on n’attendait rien de l’assemblée décisionnelle du lendemain. Fidèles à eux-mêmes, les élu-es ont scandé un banal : « Il faut pluuus de logement ! ». Quelle mascarade...
[1] Le Programme Local d’Habitat définit les grandes lignes des politiques urbaines à venir.