Des coopératives d’habitants qui adaptent les systèmes traditionnels de production du logement. Habicoop et le Village Vertical, une coopérative sociale et écologique.
À Villeurbanne, l’association Habicoop a pour but de réaliser des coopératives d’habitants. Elle a démarché une coopérative d’HLM d’une part afin d’éviter de passer par un promoteur privé pour la construction de l’immeuble (et bénéficier d’un prix plus transparent) et d’autre part pour garantir la mixité sociale et certains logements réservés à des personnes éligibles aux HLM.
Rencontrée au Centre Culturel Libertaire de Lille en mars dernier, Bertille Darragon, qui travaille pour Habicoop, explique : « Les outils juridiques actuels ne répondent pas à la demande. On est obligés de faire des montages complexes pour respecter au mieux les principes coopératifs de propriété collective, de lutte contre la spéculation et de démocratie. »
En faisant de la mixité sociale une de ses valeurs phares, Habicoop se construit une solide expérience en participant activement au premier projet appelé « Village vertical », « espace de propriété collective à but non lucratif, géré démocratiquement (un habitant = une voix). Collectivement propriétaires de l’immeuble, les habitants seront locataires de leurs logements. » [1] Prévu pour 2012, ce projet à « taille humaine » groupera quatorze logements locatifs dont quatre logements dits « très sociaux » et les dix autres financés en PLS. « La mutualisation d’espaces [cuisine buanderie, jardin] et de moyens nous permettra de vivre mieux à moindre coût. » Considérant que « le vrai logement social est écologique, car l’écohabitat permet de réduire les charges [à travers] des solutions collectives et des économies d’échelle ».
Pour mener à bien son projet coopératif, les habitants guidés par Habicoop mobilisent la gouvernance institutionnelle : OPAC, Ville, Grand Lyon et surtout deux bailleurs sociaux dont la coopérative HLM Rhône Saône Habitat pour la construction et un autre l’URHAJ (association d’insertion qui gérera 3-4 logements dits très sociaux). C’est plus la finalité « coopérative » et son fonctionnement que l’autoconstruction qui importent. En intégrant le système traditionnel de production et de financement, elle garantit à la coopérative d’habitants un respect des normes les plus récentes de construction (économies d’énergie, accès aux handicapés et sécurité), la mixité sociale avec les 3-4 logements très sociaux et aussi une sécurisation financière vis-à-vis des banques etc... Certes, ce sont bien les habitants et Habicoop qui sont allés chercher ces partenaires... Au risque de perdre la main sur leur projet d’habitat ?
Habicoop a une position radicale en revendiquant des valeurs antispéculatives (quand même les bailleurs sociaux s’en balancent) ou en déclarant lutter contre l’exclusion. Par contre on note que les coopérateurs-locataires se constituent toujours un patrimoine, tous sauf les locataires des logements très sociaux... la mixité sociale ne change pas l’ordre social. À comparer avec les CLIPs qui font la promotion d’un système où les coopérateurs restent tous locataires à vie et cherchent d’autres adaptations au sein du système de financement.