Le B’Twin village a ouvert dans l’ancienne usine Altadis entre Ronchin et Hellemmes. Oxylane-Mulliez peut remercier Aubry pour sa bienveillance. Alors que la maire de Lille pose en sauveuse de l’emploi local, on est allé vérifier quels genres de boulot sont réellement proposés dans le « temple de la petite reine ».
Un an avant le lancement du V’lille, s’est implanté le B’Twin village, usine et magasin de la marque Decathlon, qui fournira la ville en vélos « libre service ». Aubry a refusé la vente de l’usine pour y maintenir une activité industrielle. Aux Mulliez de jouer les grands sauveurs : « Quand nous avons vu fermer cette usine de tabac, Altadis, nous nous sommes dit que nous ne laisserions pas ce lieu sans industrie. Nous avons réussi ce pari grâce à B’Twin. Ça sera de l’emploi à Lille, et beaucoup étaient des chômeurs de longue durée. » [1]
Les intérêts de l’implantation sur ce site pour le groupe Oxylane sont multiples. Un temps de livraison réduit pour leurs vélos, la bienveillance de la mairie, et un bassin d’emplois exploitable à souhait. Car en attendant les CDI promis, la précarité est de mise sur le site. Pour exemple une équipe d’assemblage est constituée de quatre CDI pour huit à neuf CDD et sept à huit intérims. Les personnes en CDI sur le site de Lille viennent pour la plupart d’autres sites du groupe comme ceux de Dourges ou Houplines.
Management exécrable
« Conçues et fabriquées par nos soins, nos lignes de montage s’installent et se déménagent à volonté. Elles s’adaptent à la saisonnalité et aux changements de consommation. » [2] Que dire du personnel ? Là où le directeur de l’usine vante la flexibilité de l’usine dans l’espace, c’est en réalité celle du personnel qui est intéressante. Les contrats d’intérims, allant de la journée à la semaine, permettent des ajustements permanents en dehors des pics que sont les beaux jours et la période de Noël.
Les recettes managériales habituelles du groupe s’appliquent à l’usine à merveille. Des intérims se retrouvent à des postes à responsabilité, à faire le travail des responsables, voire à signer des bons d’envoi au nom de l’entreprise. « On te fait faire des trucs que tu n’es pas censé faire. Si t’es vu par le chef de l’atelier t’es viré mais si tu ne le fais pas tu n’es pas repris » nous confie un ancien salarié.
Confiance mal placée
Lors d’une réunion de tout le personnel, le directeur J. Ridabeau reconnaît les cadences infernales des employés : heures supplémentaires, six jours de travail par semaine etc. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler que l’usine a deux millions d’euros de retard sur ses objectifs. Ces pertes seront compensées par les subventions de recherche et développement accordées par les pouvoirs publics : « Pour cette année ça va, ils ont confiance en nous » confie-t-il aux salariés. Alors si pour Aubry : « Quand c’est bon pour Oxylane, c’est bon pour Lille ! Lille et Oxylane, c’est comme Toulouse et Airbus, ça ne fait qu’un ! », nous, on en doute.
[1] Discours d’Aubry lors de l’inauguration du V’lille.
[2] Entretien avec Jérôme Ribadeau, le directeur du B’twin Village sur usinenouvelle.com