Le vendredi 1er Mars, le Collectif des Olieux et ses soutiens ontmené une action pour dénoncer l'accueil méprisable et lamaltraitance réservé aux jeunes exilé.es arrivant à Lille.
La structure responsable de cette situation, c'est EMA (Évaluation et Mise à l’Abri), située dans le foyer de mineur.es, rue d’Esquermes.Détentrice de l'agrément obtenu sur appel d'offre du département dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance, cette association a, en théorie, deux missions principales : l'hébergement des personnes et le recueil de leur récit de vie afin de déterminer si elles sont mineures. Sauf que la réalité est tout autre : pas d’hébergement, refus dans certains cas de délivrer un rendez-vous pour passer l’entretien, interrogatoire de plusieurs heures avec intimidation, questions pièges et vérification des données numériques. Les personnes sont d’abord vues comme étrangères tentant de frauder, plutôt que comme des mineur.es à protéger. Le zèle des "éducateur.rices"durant cette "évaluation administrative" abouti dans la grande majorité des cas, quand le résultat leur est transmis, à un refus de minorité.
"EMA, t'es hors la loi, EMA respecte leurs droits!"
À force d'être témoins de ces pratiques de rejet des étranger.es, le Collectif des Olieux a décidé de rappeler à cette association, ses obligations légales.
Une cinquantaine de personnes,musicien.nes, banderoles et pancartes s'est donc élancée à l'assaut d'EMA. Au cri de "EMA, EMA, t'es hors la loi", la petite équipe fait irruption dans les locaux del'association. Des communiqués sont éparpillés, les slogans résonnent puis unelecture du livret édité pour l'occasion1 a lieu. Quand une éducatrice du service tente de prendre la parole, les slogansreprennent de plus belle. « EMA, EMA,respecte leurs droits ! » L'heure n'est plus à la discussion ni aux excuses alambiquées maintes fois entendues.
Ensuite, deux banderoles sont déployées dans la cour, on peut y lire : « Expert en Maltraitance Abjecte ; EMA, ASE : police des mineurs ». Jeunes et soutiens resté.esbloqué.es dans le premier sas d’entrée parviennent à rejoindre la troupe en se faufilant par les fenêtres. Et tandis que le directeur du foyer tente de prendre la parole, la musique et les slogansredoublent d’intensité. La situation des mineur.es non accompagné.es reste toujours aussi indigne etrévoltante. Menaces, pressions,intimidations sont les pratiques d'EMA.
La loi asile contre l'immigration
Tristes nouveautés en ce mois de mars à la Police aux Frontières (PAF) : la prise d’empreintes et le fichage dans un dossier national2. Cette pratique est le résultat de l’entrée en application des décrets de la loi asile et immigration. Ce fichier a pour objectif inavoué de contrôler et de surveiller davantage « l’étranger », vu comme une personne dangereuse, pour au final l’expulser. Le droit de l’enfance en prend un sacré coup. D’ailleurs dix-neuforganisations3 dont la très radicale UNICEF ont déposé un recours devant le conseil d’état contre ce décret. Par ailleurs,plusieurs témoignages affirment le retour des tests osseux. Pratique dénoncée par le corps médical pour son manque de fiabilité et sa logique stigmatisante, elle devient illégale si non pratiquée à la demande d’un juge.
Les "éducateur.rices" EMA sont les soldat.es dévoué.es de la politique comptable et répressive des personnes exilé.es, imposée par l’État français. Cette stratégie réfléchie n'a qu'un seul but: décourager les éxilé.es à s'installer ici. Il n’y a pas d’évaluation juste basé sur des critères rationnels. Il n’y a pas non plus de bonne évaluateur.trice. Aucune formation, aucune expérience de l’interrogatoire, aucune intime conviction ne peut justifier du sort que subissent toutes ces personnes durant leur "évaluation".
Roseau
1. Disponible sur le blog du Collectif des Olieux : olieux.herbesfolles.org
2. Fichier nommé « Appui à l’Evaluation de la Minorité » (AEM) qui comprend aussi photos etdonnées personnelles.
3. « Recours contre le décret du 30 janvier 2019 relatif à l’évaluation et au fichage des mineurs isolés », Info Mie, consultable en ligne.