Brèves - Luuuuuttes

educsLes éducs' dans la rue

Des associations de prévention spécialisée de la métropole (Itinéraires, FCP, Avenir et Loisir, Rencontre et loisir) se battent pour ne pas disparaitre. Le département doit faire des économies et choisit de taper sur les éducs de rue, seule main tendue et dernier recours pour des milliers de gamin.es et de jeunes adultes en détresse.

Rassemblements, manifs', conférence de presse, la détermination est présente mais les deux plus petites assos' risquent de disparaître et avec elle 15 salarié.es dont 8 éducateurs.trices. En cause, des financements en baisse de 13% depuis 2015, et une nouvelle baisse annoncée de 15% d'ici 2020. Décision finale du Conseil départemental le 18 juin.

 

Ce courageux choix politique de s'attaquer aux plus précaires et aux plus isolé.es semble être plus que jamais à la mode. La sortie de Darmanin sur « les aides sociales qui seraient trop nombreuses dans notre pays » n'augure rien de bon. La protection de l'enfance, la prévention spécialisée et plus généralement le social ne rentrent pas dans le logiciel d'une « start-up nation ». Les professionnel.les de ces secteurs sont pourtant nombreux.ses à décrire une situation qui se détériore, des besoins en hausse et des moyens en baisse. La seule limite à cette aggravation sera la résistance !

À Lille, le collectif unitaire « Social déchainé » permet aux associations et aux salarié.es du public et du privé de ne pas subir passivement cette casse.

Il résiste à la précarisation du travail social et médico-social ainsi qu'à sa marchandisation, car c'est aussi ça qui guette : l'arrivée des financements privés une fois que l'assèchement des subventions aura tout bousillé (toute ressemblance avec un quelconque service public serait fortuite).

Rappelons que Christophe Itier, ancien directeur de la Sauvegarde du Nord et fervent partisan de « l'entrepreunariat social » avait déjà laissé la banque BNP financer un programme de protection de l'enfance avec la promesse d'un juteux retour sur investissement, évidemment. Après sa vautre aux législatives, il est nommé Haut commissaire à l'économie social et solidaire en charge d'amener une loi au nom prometteur : Social Business Act... In english c'est mieux, parce qu'en français, « marchandisation du social » c'était pas assez disruptif.

Carrefour : les salari.ées dans l'impasse

Fin janvier 2018, le nouveau PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, annonçait un « plan de transformation du groupe » passant notamment par la fermeture de 273 magasins.

Le 18 mai, un rapport transmis par Carrefour à la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) indique que sur les 273 magasins, 227 n'ont pas trouvé de repreneur et fermeront donc cet été, laissant sur le carreau des centaines de salariés.

Maintenu.es dans l'incertitude, ces dernier.es ne sauront si leur emploi est maintenu ou non que le 4 juin, date à laquelle un comité central d'entreprise doit se réunir pour étudier en détail les propositions de reprise reçues.

Bizarrement, ici, personne ne dénonce de « prise d'otages ». Pendant ce temps, Carrefour, qui est encore à ce jour le premier distributeur français, a fait exploser la rémunération de ses hauts dirigeants et généreusement distribué des actions gratuites à ses cadres les plus performants. Avec Carrefour, je licencie.

Bienvenue à La la Lande !

Quelques jours avant la manif du 19 avril, le préfet Lalande se dit que ça ferait pas de mal aux CGTistes de défiler à pinces. Il demande aux compagnies de location de bus de la région de ne pas louer de véhicule aux syndicats pour le cortège. C’est vrai que les merguez, c’est pas bon pour le cholestérol.

Réaction de Georges Boulanger, secrétaire général CGT 59-62 : « à partir de ce jour nous vous informons que notre organisation syndicale ne communiquera plus aucunes informations auprès des agents des services de renseignement ». Courageux mais pas téméraires, ils passent tous la manif' du 19 à tailler le bout de gras avec Jean-Michel RG !

Tomber la...

Tailler des costards peut coûter cher. Trois ans après avoir arraché les chemises de Xavier Broseta, DRH d'Air France et Pierre Plissonnier, DRH Long courrier, qui préparaient en coulisses un plan de restructuration menaçant 3 000 emplois, quatre anciens salariés de la France is in the air ont été condamnés le 23 mai dernier à des peines de trois à quatre mois de prison avec sursis. Et pour les huit autres prévenus, 500 balles à l'amende. Quand la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler, le meilleur moyen de défendre son job, c'est d'aller enfiler des perles. Justice de classe, quand les patrons et la justice sont comme cul et chemise.

Pas de touristes, pas de chocolat !

On se souvient de l'inauguration en tambours et trompettes du Louvre-Lens (cf : le numéro 26 de La Brique), il fallait voir les yeux tout brillants des élus locaux qui promettaient monts et merveilles, retombées économiques version chutes du Niagara, du pognon débarquant par cars entier pour arroser la ville de Lens. Six ans plus tard le constat est un peu plus nuancé : le musée est dopé à la sub'.

Le Conseil régional doit filer chaque année 10 millions d’euros pour le budget de fonctionnement du musée. Auxquels on ajoute 2,4 millions provenant de la communauté d’agglomérations de Lens-Liévin et du Conseil départemental. Le magazine d'ultra-gauche Capital titre lui-même : « on attend toujours les retombées économiques ».

A Lens, seule la drache ruisselle.

La loi du Market !

A Marquette-lez-Lille, on vous prépare un splendide New York version ch'ti. L'ancienne usine des Grands moulins de Paris, qui domine la skyline marquettoise prendra bientôt le nom de "Brooklyn Tower".

Un projet de doublement de sa capacité de logements est en chemin, qui promet une tour de 15 étages et de 50m de haut. La tour n’accueillera pas de logements sociaux, ce n'est pas le Bronx non plus. Car la vue a un coût. À 3.800 € le m², les habitants vont se faire plaisir (en comparaison, le prix moyen du m² du quartier Vauban à Lille est à 2 940 € / m²). Les pauvres pourront toujours rêver d'Amérique en l'admirant d'en bas.

Aux moulins on sépare le bon grain de l'ivraie...

 

Alliance journalistique

Le 22 mai, deux arrestations sont menées à la fin d’une manif' plan-plan de la fonction publique, sans qu'on comprenne pourquoi. Le lendemain matin, 20 Minutes nous donne l'explication : la manifestation « a mal tourné pour une poignée de policiers qui, cette fois, étaient du côté des manifestants ».

Les familles des personnes arrêtées ont dû être ravies de lire Arnaud Boutelier, secrétaire régional adjoint d’Alliance Police et seule source de l’article, qui tartine à longueur de colonnes sa version des faits : « Les syndicalistes ont été pris à partie par une quarantaine de personnes », « On ne va pas laisser passer ça. […] J’espère que les peines seront exemplaires ».

Arnaud est nominé pour son rôle de policier, de victime et de témoin dans la catégorie meilleur rôle dramatique.

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L'article qui a "mal tourné"

Tandis qu'Arnaud Boutelier se plaint dans les colonnes de 20 minutes, d’une « haine anti-flics [qui] commence à prendre des proportions inquiétantes », une cinquantaine de personnes s’assoient sur le parvis du commissariat de Lille sud en soutien aux mobilisé.es arrêté.es. Le « sit-in » dure dix minutes. Sans sommation, les casques sont rapidement enfilés et une cinquantaine de keufs foncent sur la foule, matraques en l’air. Les policiers frappent, empoignent, shootent, castagnent tout ce qu’ils peuvent.

Blessures, hématomes, chevilles retournées, ils s'en donnent à cœur-joie aux cris de « on va vous défoncer ! ».

Les supérieurs peinent à contenir l’enthousiasme zélé des poulagas. La foule brutalisée est provoquée par un dernier : « Surtout ne ramassez pas de grenade si on vous en balance ! »

Référence subtile à Maxime, étudiant à l’université de Lille 2, mutilé à Notre-Dame-des-Landes par une grenade de la gendarmerie.

Voilà Arnaud, on peut t’expliquer la haine des flics en moins de 20 minutes.

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