Mexico ! Été 68 : l’armée tire à bout portant sur la foule désarmée protestant contre le pouvoir en place. L’objectif est de faire place nette avant l’ouverture des JO qui a lieu quelques jours plus tard. 2008 : l’État Mexicain est passé de la dictature à la démocratie capitaliste. L’armée, elle, n’a pas changé : elle pacifie. Les indigènes du Chiapas le savent bien.
Ernesto Ledesma* est mexicain. Non-indigène, il soutient leur cause. Il a parcouru l’Europe durant plusieurs mois pour parler à qui voulait bien entendre du Chiapas et de la résistance zapatiste qui s’y déroule. Le 14 mars 2008, il était à Lille, au café Citoyen (du monde). Contexte : le Chiapas est une région du Mexique où les populations indigènes sont très nombreuses et très pauvres [1]. Elles se regroupent parfois en communautés. Certaines d’entres elles sont en lien avec l’EZLN [2], une armée rebelle auto proclamée « zapatiste » [3] embusquée dans la foret vierge. Anticapitaliste et opposée aux politiques menées par l’État Mexicain qui tentent d’assujettir économiquement et politiquement les populations pauvres et indigènes, cette mobilisation essaie depuis quelques années de mettre en place des communautés autonomes du pouvoir central et local. Mais ça dérange, alors on envoi l’armée. Présente en force au Chiapas depuis le milieu des années 90, date de l’entrée en scène de l’EZLN, l’armée s’est toujours montrée fort hostile envers les indigènes récalcitrants : assassinats des plus gênants, violences et harcèlements pour les autres. Actuellement, la situation est jugée critique par les observateurs locaux : l’envoi d’unités d’élites gouvernementales fait penser qu’une vaste offensive pourrait être menée contre les communautés autonomes et l’EZLN. Alors quoi faire ? Déjà en parler... On peut aussi intégrer les « brigades d’observation ». Pas de panique : le principe est d’aller prendre des vacances sur place, en compagnie des indigènes. Vous ferez office de bouclier humain, une stratégie redoutablement efficace : l’armée n’ose pas massacrer en présence des occidentaux, diplomatie oblige. Un bon moyen de rencontrer l’internationale zapatiste en terre conquise. « ¡ Hasta la victoria siempre ! » [4]
La mite
Pour plus d’info :
http://www.cemab.be/news/2007/10/4687.php
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=439579
[1] De même qu’à Oaxaca, une autre région mexicaine rendue célèbre cet hiver pour sa flamboyante rebellion contre les forces gouvernementales – rébellion exemplaire à beaucoup d’égards et savamment passée sous silence en France.
[2] EZLN, Armée Zapatiste de Libération Nationale, avec le sous-commandant Marcos comme icône et porte parole « officiel ».
[3] En référence à Emiliano Zapata, héros de la révolution mexicaine de 1910, qui a permis à la population mexicaine de se dresser contre les gros propriétaires terriens monopolisant propriétés et richesses.
[4] « Jusqu’à la victoire, toujours ! »