« Aujourd’hui, on a les hypothèses écologistes à se mettre sous la dent » (1). Tu l’as dit, bouffi ! Dans la bouche de Jean Badaroux, aménageur en chef de la Zone de l’Union, on se dit qu’on a à portée de métro un condensé d’enfumage vert et participatif. Pratique, la rhétorique du développement durable assure aux industriels et aux patrons d’étendre leur béton durablement.
Tout bon « manager de projet » trouve sa stabilité sur un trépied magique qui allie respect de l’environnement, responsabilité sociale et dynamisme économique. Fortes des succès des quartiers Vauban de Freiburg ou Kronsberg à Hanovre en Allemagne, toutes les grandes métropoles veulent désormais leur éco-quartier. Ça fait chic !
Béton bio
Alors que l’appel à concurrence est lancé depuis plusieurs mois et que des études sont en cours depuis 2004, en juin 2006, LMCU décide de faire de l’Union son éco-quartier. Désormais, les habitants seront sensibilisés aux gestes verts.
Une charte applique les objectifs de l’Agenda 21 local, feuille de route du développement durable, et précise les termes techniques et managériaux des nouvelles constructions. Elle prévoit « des bâtiments et des déplacements économes en énergies fossiles », « la récupération des eaux pluviales », « des matériaux d’origine locale » et « faiblement polluants », l’installation de panneaux solaires...
Auparavant il aura fallu réparer les conneries industrielles du passé en dépolluant les sols. C’est un peu la moindre des choses. Des ruines naîtra une nature domestiquée dans des espaces verts engrillagés, libres de s’exprimer dans des corridors écologiques encadrés de béton ou dans des trames vertes savamment composées d’essences végétales indigènes. Et d’entre les forêts et les hordes d’animaux sauvages pousseront des multinationales à haute valeur technologique.
Horizon building
Auto-proclamé association d’habitants, le « Collectif de l’Union » soutient le projet et finit d’enterrer « les hypothèses écologistes » de cette reconversion. Noyauté par les Verts roubaisiens le collectif est partie intégrante du projet, ses membres travaillant principalement au lobbying vert auprès des institutions. L’enjeu est là. Grâce aux verbiages sur la prise de conscience environnementale, les « habitants » sont mûrs pour subir les futures industries de la Culture, du Tertiaire et des Hautes Technologies.
1 : Lors d’une réunion de présentation du projet le 24 septembre à la Maison de l’architecture et de la ville (MAV), à Euralille.