Cargill, premier producteur agro-alimentaire mondial a une usine d’amidon à Haubourdin. Pour rappel, en automne 2019, la direction annonce une importante vague de licenciement (ou Plan de sauvegarde de l’emploi, PSE), au moins 180 emplois sur 330 sont concernés. Dès janvier, les ouvrier.es se mettent en grève dans un rapport de force très tendu, qui joue la stratégie du pourrissement face à une CGT plus que déter’ (blocages, piquets de grèves, interruptions de la production...)* ! Juste avant le confinement, les Cargill se rendent à de nombreuses reprises au Tribunal de Grande Instance de Lille pour invalider le PSE. Ils et elles sont assisté.es de Me Fiodor Rilov, connu pour avoir défendu les Goodyear pendant 13 ans (qui viennent de gagner, après une longue lutte), mais aussi les Samsonites, les Continental... Les audiences sont reportées à plusieurs reprises, mais la fin des négociations du PSE aussi.
Dans le même temps, on apprend que 250 tonnes de glucose a été déversé dans les eaux usées et dans la Deûle sur le site d’Haubourdin lors d’une nuit de fin février (un « acte malveillant »). Un syndicaliste constate la radicalisation des actions des ouvrier.es, il avoue qu’une partie de la mobilisation se fait sans la CGT. « Il ne faut pas qu’ils se fassent choper cependant, parce que si Greg* est viré alors qu’il n’a rien fait, imaginez un peu pour ceux qui auraient déversé 250 tonnes de glucose ! ». Désormais, trois vigiles vérifient que personne n’est sur le site en continu.
La prime de 1000 euros ? « C'est pas |
Pendant le confinement, Macron annonçait qu’il nous faudra « rebâtir une indépendance agricole, industrielle et technologie française et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe ». Si les politiques libérales font partie des « certitudes » (capitalistes) remises en question par la crise, ça n’empêche que Cargill s’en cogne complètement. Dès le 23 mars, les employé.es ont demandé le dû promis par le gouvernement, une prime de 1000 euros pour les travailleur.ses resté.es au turbin. La direction dit que la décision n’est pas de son fait, mais d’un échelon national de la firme. Y’aura même pas la carotte !
Alors que les colères se déconfinent et qu’on prépare le retour en manif pour le 16 juin, un nouvel acte de sabotage a lieu, cette fois-ci directement sur la production. Du colorant bleu aurait été mis dans la matière liquide, et la direction décide d’arrêter toute l’activité de l’usine le temps de déterminer si c’est toxique ou non. Le site de transformation qui possède du stock est aussi arrêté. Parfait pour préparer la faillite accélérée, tout en montant les services les uns contre les autres. Certain.es employé.es envisagent que l’acte vienne de la direction elle-même. La valorisation de l’industrie française, la souveraineté nationale, la direction de Cargill n’en a rien à carrer.
Lud
(*) Greg, un salarié de Cargill, a été licencié « pour l’exemple » en février 2020. Pour l’historique, lire « Haubourdin : L’industrie au nez des salarié.es » dans La Brique, n°61 « On en remet une couche », hiver 2020.
► Lire aussi : « Cargill / Carkill, une usine menacée à deux pas de Lille », par Lille Insurgée (février 2020).
► Lud, « Cargill, un an de lutte », La Brique n°63, « Poulets partout, justice nulle part », automne 2020.