« Nous » et « eux »

JPEG - 28.4 koLes travailleuses de Pimkie ont passé Noël et Nouvel An sur le piquet de grève. La direction va virer 190 personnes. Pendant ce temps, Gérard Mulliez plastronne dans les médias et les cénacles bourgeois.

 

En pointant du doigt le clan Mulliez, les salariées de Pimkie montrent la voie. Elles remettent sur le devant de la scène l’opposition entre « eux » et « nous ». Les bourgeois sont bien là et dans le Nord ce sont les Mulliez... et leurs alliés.

« Nos » coups d’éclats

En mai dernier, la nouvelle tombait comme un coup de boutoir : la direction de Pimkie-Diramode prévoit 190 licenciements sur les sites d’approvisionnement de Wasquehal et Neuville-en-Ferrain. Le 19 décembre, les salariées, dont une écrasante majorité de femmes, entament une grève avec blocage des deux sites. Noël approche et il est plus que temps de se faire entendre face à la volonté de la direction de supprimer une bonne moitié des effectifs. Jusqu’au 6 janvier elles vont enchaîner les actions : opération escargot sur l’A22, manif devant les magasins de l’enseigne dans le centre ville de Lille, etc. Elles sont motivées et promettent « Une action par jour ». Une inter-syndicale permet d’avancer groupées. Sous la pression, les négociations sont avancées au mardi 5 janvier.

Réponses inacceptables

Ambiance de fin de grève devant le site de Wasquehal ce 6 janvier. On brûle les abris qui ont aidé à tenir ces deux semaines et demie de blocage. Les négociations de la veille ont tristement abouti. Majoritaires dans l’entreprise, FO et la CFDT ont signé l’accord sans consultation de l’assemblée générale. Coup de poignard dans le dos. Une fois de plus, les « camps » se redessinent. Les syndicats « collabos » rejoignent le patronat. Seule à être sortie non satisfaite des négociations nocturnes, la CGT se plie à la décision d’une majorité résignée qui vote la reprise du travail [1]. « Mais les négociations continuent. Les 12, 13 et 14 janvier on va se battre pour baisser le nombre de licenciements et imposer des reclassements dans le groupe » prévient une déléguée FO. Les locaux débloqués, le rapport de force aboli, pour FO et la CFDT, la vraie lutte commence... Lamentable !

Offensives, les salariées avaient pourtant revu les revendications à la hausse. Le 4 décembre, elles exigeaient 35 000 euros de prime de licenciement, 2400 euros par année d’ancienneté et le paiement des jours de grève. «  Inacceptable » avait répondu Eric Vandendriessche, patron de Pimkie. Au final, « les jaunes » s’allongent : 20  000 euros d’indemnisation, 1000 euros par année d’ancienneté et les jours de grève ne seront pas payés dans leur intégralité.

« Leurs » envolées

En 2008, le groupe Mulliez a fait 1,6 milliard d’euros de bénéfices. Diramode, la société mère de Pimkie, en a fait, elle, 10,9 millions [2]. Les Mulliez se portent très bien ! Et le nouveau mensuel de La Voix est là pour le rappeler aux grévistes. Au moment d’entamer leur troisième semaine de blocage, Nord Way titre cyniquement « De l’art d’être milliardaire » et revient sur le « show » du patriarche Mulliez lors du World Forum de Lille [3]. Pendant une heure et demie le vieillard le plus riche de France s’est fait servir une com’ bien huilée par le patron du Comité Grand Lille. Le thème du raout : «  L’argent responsable ». Gérard Mulliez entre et sort de scène au son du Money des Pink Floyd. Questionné sur sa fortune personnelle, il répond : «  Je ne tire aucune fierté de cela. Ma seule fierté, c’est que ma famille a créé 350 000 emplois. » Les salariées de Pimkie, et « nous » avec, on t’emmerde Saint Gérard. Toi, ta famille, tes médias baveux, et tes syndicats « responsables ».

JPEG - 28.4 ko
Halte aux TerroRiches
Dessin de Slobodan Diantalvic

 

Notes

[11 : 76 oui, 35 non sur seulement 109 présentes.

[3Nord Way, janvier 2010.

Rechercher

logo jemabonne

En brèves

  • Quand l’extrême droite rêve de faire école

    Dans « Quand l’extrême droite rêve de faire école, une bataille culturelle et sociale » publié en novembre 2023, Grégory Chambat, enseignant dans un collège des Yvelines et engagé chez SUD éducation, rappelle les desseins fascisants et autoritaires de l’extrême droite pour l’école. Une vision...

    Lire la suite...

  • Mort de Samba : le prétexte de la folie ?

    D’après des proches, Samba était arrivé en France un an plus tôt, suite à de « brillantes études » au Sénégal, il avait trouvé un emploi de testeur QA1 pour une entreprise d’informatique. Suite à sa mort le 13 mars 2024, une source policière a déclaré que le jeune informaticien avait perdu son...

    Lire la suite...

  • « Nos droits fondamentaux sont bafoués ! »

    Vendredi 12 avril 2024, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant le siège de la MEL à l’appel de l’association Da So Vas. Portée par un collectif de femmes, l’association réclame qu’on respecte les droits et la dignité des « gens du voyage ». C’est dans ce sens que plusieurs...

    Lire la suite...

  • Copinage (peu) éhonté ! Éric Louis « Mes trente (peu) glorieuses ».

    « Salut les copains-pines de la Brique. Encore un livre ! Et oué, entre deux journées d'usine je m'emmerde. J'espère que cet envoi gracieux me vaudra une putain de pub ! Je sais, je suis un crevard. -Éric- » C'est donc par ces mots de crevard qu'Éric Louis nous a gentiment dédicacé son nouveau livre...

    Lire la suite...

  • Another brique in the wall

    Roger Waters, chanteur, bassiste et co-fondateur du groupe Pink Floyd, performait au stade Pierre Mauroy pour un concert XXL aux airs de meeting politique, le 12 mai 2023. Entre deux classiques, le rockeur de 79 ans ne s’est pas ménagé pour balancer des pains à tour de bras, comme il l’a fait...

    Lire la suite...