En pointant du doigt le clan Mulliez, les salariées de Pimkie montrent la voie. Elles remettent sur le devant de la scène l’opposition entre « eux » et « nous ». Les bourgeois sont bien là et dans le Nord ce sont les Mulliez... et leurs alliés.
« Nos » coups d’éclats
En mai dernier, la nouvelle tombait comme un coup de boutoir : la direction de Pimkie-Diramode prévoit 190 licenciements sur les sites d’approvisionnement de Wasquehal et Neuville-en-Ferrain. Le 19 décembre, les salariées, dont une écrasante majorité de femmes, entament une grève avec blocage des deux sites. Noël approche et il est plus que temps de se faire entendre face à la volonté de la direction de supprimer une bonne moitié des effectifs. Jusqu’au 6 janvier elles vont enchaîner les actions : opération escargot sur l’A22, manif devant les magasins de l’enseigne dans le centre ville de Lille, etc. Elles sont motivées et promettent « Une action par jour ». Une inter-syndicale permet d’avancer groupées. Sous la pression, les négociations sont avancées au mardi 5 janvier.
Réponses inacceptables
Ambiance de fin de grève devant le site de Wasquehal ce 6 janvier. On brûle les abris qui ont aidé à tenir ces deux semaines et demie de blocage. Les négociations de la veille ont tristement abouti. Majoritaires dans l’entreprise, FO et la CFDT ont signé l’accord sans consultation de l’assemblée générale. Coup de poignard dans le dos. Une fois de plus, les « camps » se redessinent. Les syndicats « collabos » rejoignent le patronat. Seule à être sortie non satisfaite des négociations nocturnes, la CGT se plie à la décision d’une majorité résignée qui vote la reprise du travail [1]. « Mais les négociations continuent. Les 12, 13 et 14 janvier on va se battre pour baisser le nombre de licenciements et imposer des reclassements dans le groupe » prévient une déléguée FO. Les locaux débloqués, le rapport de force aboli, pour FO et la CFDT, la vraie lutte commence... Lamentable !
Offensives, les salariées avaient pourtant revu les revendications à la hausse. Le 4 décembre, elles exigeaient 35 000 euros de prime de licenciement, 2400 euros par année d’ancienneté et le paiement des jours de grève. « Inacceptable » avait répondu Eric Vandendriessche, patron de Pimkie. Au final, « les jaunes » s’allongent : 20 000 euros d’indemnisation, 1000 euros par année d’ancienneté et les jours de grève ne seront pas payés dans leur intégralité.
« Leurs » envolées
En 2008, le groupe Mulliez a fait 1,6 milliard d’euros de bénéfices. Diramode, la société mère de Pimkie, en a fait, elle, 10,9 millions [2]. Les Mulliez se portent très bien ! Et le nouveau mensuel de La Voix est là pour le rappeler aux grévistes. Au moment d’entamer leur troisième semaine de blocage, Nord Way titre cyniquement « De l’art d’être milliardaire » et revient sur le « show » du patriarche Mulliez lors du World Forum de Lille [3]. Pendant une heure et demie le vieillard le plus riche de France s’est fait servir une com’ bien huilée par le patron du Comité Grand Lille. Le thème du raout : « L’argent responsable ». Gérard Mulliez entre et sort de scène au son du Money des Pink Floyd. Questionné sur sa fortune personnelle, il répond : « Je ne tire aucune fierté de cela. Ma seule fierté, c’est que ma famille a créé 350 000 emplois. » Les salariées de Pimkie, et « nous » avec, on t’emmerde Saint Gérard. Toi, ta famille, tes médias baveux, et tes syndicats « responsables ».