Des agents de la Caisse d’Allocations Familiales de Roubaix étaient en grève ces dernières semaines. Par des arrêts de travail de 55 minutes par jour, les salarié-e-s ont fait émerger la dégradation de leurs conditions de travail et les dangers de la ré-organisation des CAF prévue pour 2011. Focus sur des travailleurs sociaux aux prises avec l’idéologie du management.
Les CAF sont des institutions de droit privé mais avec une mission de service public. Les salarié-e-s relèvent donc du droit privé. Tous les quatre ans, l’Etat passe un contrat d’objectif et de gestion avec la Caisse Nationale d’Allocations Familiales (CNAF) qui passe ensuite elle-même un contrat pluriannuel de gestion avec les CAF.
Le département du Nord compte aujourd’hui huit CAF. Si elles offrent toutes les mêmes prestations que dans le reste de la France, chaque caisse, en fonction des particularités de ses allocataires, a une certaine autonomie dans ses actions sociales. Elles sont ainsi libres dans les critères d’allocation des aides aux vacances, à l’équipement ménager ou à l’amélioration de l’habitat.
Une restructuration contre les intérêts des allocataires
Aujourd’hui la CNAF veut imposer la mutualisation et le regroupement des CAF. Il n’en restera qu’une seule par département, relayée par des antennes locales. Les allocataires trouveront un-e interlocuteur-trice dans leur antenne, mais les dossiers risquent d’être traités informatiquement et envoyés vers la CAF départementale. Aussi, les caisses locales perdront de leur liberté d’action sociale et les décisions s’éloigneront des agents CAF et des allocataires. Coupes dans les effectifs salariés et travail informatisé feront des guichets locaux de simples bureaux des pleurs. Derrière le paravent de la simplification administrative et de la mutualisation des moyens, la qualité des services rendus aux allocataires et celle du travail des agents de la CAF en pâtiront nécessairement.
Le souci de l’efficacité
Lors des grèves, les salarié-e-s de la CAF de Roubaix pointaient déjà des méthodes de travail issues du secteur privé et qui risquent de s’accentuer avec la future mutualisation. La logique de service s’effaçant petit à petit au profit de l’efficacité, les salarié-e-s ne sont plus en charge de dossiers complets. Encore moins de personnes. Ils traitent désormais des documents administratifs esseulés. « Depuis une dizaine d’années on traite les dossiers à la chaîne, de façon informatique, et le suivi individuel a quasiment disparu. Nos tâches sont complètement parcellisées et on a vraiment le sentiment d’être dépossédé de notre travail » déplore R2D2 (nom d’emprunt) avant d’ajouter : « Les promus ces dernières années sont des gens qui traitaient très vite leurs dossiers. On est dans la logique d’un traitement quantitatif des allocataires dans laquelle on évalue tout. Ca va du sourire des salarié-e-s au taux d’appels téléphoniques décrochés. Mais tout est bidon. On renvoie les allocataires vers des agents de niveau 2 ou on leur demande de rappeler plus tard. Les standardistes, majoritairement des intérimaires, n’ont pas de formation suffisante pour répondre ».
A noter aussi, la méthode d’embauche dans les CAF. En bon managers qui ne s’assument pas, les directeurs de CAF facturent à des boîtes privées comme Vedior Bis ou RH Partners, ignorantes des métiers de la CAF, des tests psychotechniques et des entretiens de personnalité. Pour s’assurer la moutonnerie générale ?
TJ
Salauds de pauvres !
Le 17 avril dernier l’édition de Cambrai de La Voix du Nord rédigeait une pleine page sur les fraudes à l’oeuvre dans leur CAF locale. Ce à quoi la CGT a répondu qu’en 2007, les 26 785 allocataires ont tous fait l’objet de quatre contrôles. Sur 43 cas de « fraudes avérées », 26 relevaient d’omissions ou d’erreurs et un seul s’est fait pincer pour « usage de faux ». À quand la Voix tricardée pour « disage de conneries » et « agitage d’épouvantail anti-social » ?