La contraception est souvent synonyme d’une galère qui concerne à peu près tout le monde. La pilule pour les ados, le stérilet pour les mamans, l’implant pour les étourdies, la capote pour les soirées…On se retrouve vite assignée à LA solution qui nous « correspond » le plus. Mais connaissez vous le diaphragme ? Cette méthode, qui date de 1880, était la plus utilisée avant d’avoir été évincée par l’apparition de la pilule. Olive partage ici son expérience de la contraception. Après avoir testé pilule, retrait, doigts-croisés, capotes, elle utilise aujourd’hui le fameux diaphragme.
«Depuis que j’ai une vie sexuelle, j’ai jamais eu de contraception stable. La pilule : un échec total. J’arrivais pas à y penser quotidiennement, mon cycle était complètement perturbé. Je la zappais toujours, mes règles arrivaient en pleine plaquette et il fallait attendre le cycle suivant pour recommencer correctement. Et parfois elles arrivaient pas, c’était toujours la flippe d’être enceinte... Comme j’étais en couple, ça semblait évident pour moi qu’il fallait adopter une contraception « de longue durée », c’est à dire pas la capote. Je m’y retrouvais pas du tout et quand on s’est quitté avec mon copain, j’ai laissé tombé définitivement la pilule.
Avaler la pilule ? Mon cul !
À ce moment, je me suis rendue compte que non seulement c’était une délivrance de ne plus avoir à y penser mais en plus, je me suis sentie « en forme » ! La pilule me rendait tout le temps fatiguée, super sensible et me coupait l’appétit : le changement a été radical.
J’ai appris ensuite que la pilule, c’est des hormones de grossesse. Ton corps croit que tu es enceinte, alors il bloque ton cycle. Et quand t’arrêtes de la prendre, une semaine par mois, tu saignes, mais c’est pas ton cycle : c’est l’arrêt du cachet qui provoque un saignement, ce sont des fausses règles.
Ensuite, je me suis rabattue sur les préservatifs : cher, chiant, on n’en a jamais quand il faut, les capotes gratos se transforment vite en emballage de poulet sous vide, ça coupe l’action, et niveau sensation c’est pas ouf. Ça a fini en festival de tests de grossesses, de dépistage, de pilules du lendemain, de retards de règles à cause de la pression… bref, lourd.
Au bout d’un moment, je me suis quand même dit qu’il devait bien y avoir un moyen de faire l’amour tranquillou pépouz sans se torturer tous les mois, et sans non plus prendre la pilule ou le stérilet.
Au charbon !
Je cherche en dehors des sentiers battus et j’apprends des tas de trucs. Que les règles ne sont que la partie visible du cycle entier, qu’on ne peut pas du tout tomber enceinte n’importe quand, qu’il y a même des moments où c’est impossible et que je peux tout à fait les identifier. Alors je m’y mets, je prends ma température chaque matin pendant quelques mois pour suivre l’évolution de mon cycle. J’observe les différentes textures de mes glaires – qui deviennent un peu élastiques au pic d’ovulation. Je me dis que je subis moins, que je me connais mieux. Mais il reste quand même deux semaines par mois où je peux encore tomber enceinte.
La petite soucoupe filante
C’est à ce moment là qu’une amie me parle du diaphragme. En gros, c’est un petit bout de latex en forme de soucoupe qui fait la taille d’un doigt. On le place sur le col de l’utérus (le passage du vagin à l’utérus) jusqu’à 2 heures avant de faire l’amour. Il bloque physiquement l’accès aux spermatozoïdes et il faut rajouter un peu de spermicide pour une protection maximale. Il doit rester en place pendant au moins 6h après le rapport et est réutilisable pendant 2 ans. Ça a l’air pas mal : je décide d’investir. Plus facile à dire qu’à faire ! Entre les médecins qui me disent que ça n’existe pas, ceux qui prétendent que c’est remboursé, ceux qui m’envoient me faire mesurer le vagin (oui oui !) et les pharmaciens qui regardent les ordonnances en se marrant, mon diaphragme, je pouvais bien me le mettre au cul, et malheureusement, seulement au sens figuré !
J’ai fini par trouver le diaphragme du laboratoire CAYA, taille unique, disponible en 24h en pharmacie pour la somme de 40€ (Il paraît qu’on peut être remboursé de 3€…). Il a fallu le temps de se familiariser un peu, apprendre à bien le placer, mais après quelques mois d’utilisation, j’ai bien trouvé mes marques. Je l’utilise donc à chaque rapport et quand je suis en période d’ovulation, je préfère pratiquer le retrait en plus. Son utilisation a l’avantage d’être ultra pratique, et chose merveilleuse : on ne le sent pas ! Ciao les sessions chourre de capotes, ciao les réserves éparpillées partout, introuvables quand on en a besoin et ciao les flippes constants.
Toutes ces péripéties ont bouleversé complètement mon rapport à mon corps. C’est en fait assez difficile d’imaginer que son corps a la capacité de faire un bébé tant que tu n’es pas tombée enceinte. C’est tout un processus pour s’approprier son corps de femme, conscientiser que chaque mois, ton corps fabrique un nid pour un potentiel nouvel être humain. à chacune sa trajectoire à ce sujet. Pour ma part, j’ai l’impression d’avoir engagé « une nouvelle piste », mes premiers pas dans l’intégration de ma fertilité à mes pratiques et ma façon de penser le sexe. »
Olive
Appel à temoignages ! Un enjeu de la contraception propre aux femmes, c’est d’abord de pouvoir faire l’amour sans devenir mère. Si le risque de « devenir parent » implique les deux personnes, les précautions à prendre par rapport à une grossesse non désirée reposent essentiellement sur les femmes. Cependant, on sait que l’industrie pharmaceutique de la contraception répond à des besoins politiques et économiques avant tout. Ceux-ci sont indissociables du modèle de société capitaliste actuel. De fait, les dispositifs contraceptifs existants suivent une logique perverse pour les femmes. On se retrouve « classée » en fonction de critères qui s’appuient généralement sur des jugements de valeurs véhiculant toute une série de bonnes conduites de vie sexuelle. D’ailleurs, quand on se pose la question de quelle méthode contraceptive utiliser, on se retrouve face à un grand tableau dans lequel on doit se caser. Pour les jeunes adolescentes, la majorité des médecins impose d’emblée la pilule, une façon de reporter à plus tard – voire dans un tout autre cadre – tout questionnement autour de la fertilité, nécessaire face au stérilet par exemple (qui se pose pour une durée de cinq ans). Bref, détermination arbitraire, fausse responsabilisation, infantilisation, culpabilisation, on ne rentre jamais complètement dans une case et les conséquences de cette typologie officielle à laquelle on doit se raccorder sont parfois douloureuses. La Brique lance un appel à témoignages de ces expériences, que l’on sait toutes singulières, et qui manquent de visibilité aujourd’hui. En prévision d’un prochain article plus large sur le sujet, envoyez nous les récits de votre « trajectoire » en matière contraceptive, vos doutes, vos ratés, vos fiertés, vos ressentis. Des oreilles attentives vous attendent nombreux et nombreuses. Vous pouvez nous envoyer un mail à l'adresse : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou par voie postal au Journal La Brique, 14 rue des Tours, 59800 Lille |